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We Take Care Of Our Own (en écoute ici)

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Message  The ghost of Tom Joad Mar 7 Fév 2012 - 14:43

la premiere écoute m'a mis sur les fesses. Je me suis demandé comment il avait pu pondre un titre aussi mauvais. J'ai appelé mon amie qui n'a pas aimé non plus.
Prés de deux semaines aprés... je dois avouer que mon avis a changé du tout au tout. Je ne dis pas que c'est la meilleure chanson qu'il ait jamais écrite mais voilà... J'aime et je trouve même cela tres bon ! Le texte est insisif et plutôt inspiré... la musique nerveuse... la voix bien posée...
J'ai hate d'entendre la suite !
En attendant, je vous propose ma traduction:

J’ai frappé à la porte qui mène au trône
J’ai cherché la carte qui pourrait me ramener chez moi
J’ai trébuché sur des cœurs purs changés en pierre
La route des bonnes intentions est maintenant dénudée.

Nous devons prendre soin des nôtres
Nous devons prendre soin des nôtres
Partout ou flotte ce drapeau
Nous devons prendre soin des nôtres.

De Chicago à la nouvelle Orléans
From the muscle to the bone
From the shotgun shack to the superdome
Il n’y a pas d’aide, la cavalerie reste à la maison
Personne n’entend le clairon sonner.

Nous devons prendre soin des nôtres
Nous devons prendre soin des nôtres
Partout ou flotte ce drapeau
Nous devons prendre soin des nôtres.

Ou sont les yeux, les yeux qui ont la capacité de voir ?
Ou sont les cœurs qui débordent de miséricorde ?
Ou est l’amour qui ne m’a pas abandonné ?
Ou est le travail qui libérera mes mains et mon âme ?
Ou est l’esprit qui régnera, qui pleuvra sur moi ?
Ou est la promesse d’une mer étincelante ?
Ou est la promesse d’une mer étincelante ?

Partout ou flotte ce drapeau
Partout ou flotte ce drapeau
Partout ou flotte ce drapeau

Nous devons prendre soin des nôtres
Nous devons prendre soin des nôtres
Partout ou flotte ce drapeau
Nous devons prendre soin des nôtres

Nous devons prendre soin des nôtres
Nous devons prendre soin des nôtres
Partout ou flotte ce drapeau
Nous devons prendre soin des nôtres.


Et vous alors, deux semaines aprés, qu'en pensez-vous ?

The ghost of Tom Joad

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We Take Care Of Our Own (en écoute ici) - Page 9 Empty aïe mes fesses !

Message  HumanTouch Mar 7 Fév 2012 - 15:17


j'étais aussi tombé sur les fesses mais plutôt du fait d'une heureuse surprise !
aujourd'hui je l'écoute beaucoup moins mais je persiste à dire que c'est un bon single et bizarrement j'aime cette production (qu'à mon avis on aura pas sur le reste de l'album vu les références vues ici et là)...


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Message  calispera Mar 7 Fév 2012 - 16:04

Je préfère en effet cette traduction. Elle fait plus sens à mes yeux. Elle est plus ouverte, moins désabusée, plus humaine même. Elle fait des constats négatifs, mais elle propose aussi quelque chose.

Cela dit "we take care of our own", j'ai bien peur que ça ne veuille pas dire : "nous devons prendre soins des nôtres". Sinon ç'aurait été : 'let's take care' ou ' we have to take care' ou encore 'we must take care', non?
et "our own", c'est plutôt "nous-même(s)" dans le sens égocentrique du terme et pas dans le sens altruiste. 'own' implique quelque chose de l'ordre du propre, de la propriété.
Juste mon avis, je ne prétends pas avoir raison.

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Message  bill horton Mar 7 Fév 2012 - 19:02

calispera a écrit:Cela dit "we take care of our own", j'ai bien peur que ça ne veuille pas dire : "nous devons prendre soins des nôtres". Sinon ç'aurait été : 'let's take care' ou ' we have to take care' ou encore 'we must take care', non?

Tout à fait d'accord, traduire le titre par "nous devons prendre soins des nôtres" est davantage une interprétation qu'une traduction.
Le titre me semble même exprimer le contraire, justement, même si c'est à regret évidemment.


We Take Care Of Our Own (en écoute ici) - Page 9 2_great_depression
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Message  Invité Mar 7 Fév 2012 - 23:02

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Message  Fabrice Mer 8 Fév 2012 - 1:56

Merci pour cette très belle lecture. We Take Care Of Our Own (en écoute ici) - Page 9 3641590030 We Take Care Of Our Own (en écoute ici) - Page 9 3641590030
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Message  mathis Mer 8 Fév 2012 - 7:49

theo a écrit:Avant tout, je n'ai pas écouté le morceau.
Pas par snobisme ou quoique ce soit... juste je n'en n'ai pas eu l'envie ni ressenti le besoin. Le temps viendra de l'écoute.
Je l'ai entendu par contre. Sans savoir la seconde d'avant qu'il ne commence qu'il s'agissait du Boss.
Par hasard.
A l'ancienne.
Au détour d'une onde sonore qui diffusait comme la radio de quand j'étais jeune.
Et ça m'a été agréable comme mode de découverte.

Par contre j'ai lu les paroles.
J'ai commencé à lire ce topic puis fini par le survoler seulement. Et donc, devant tant s'interprétations et de débats, je me suis astreints à lire les paroles.
Tout ça pour dire la limite forcée de ce qui va suivre, je n'ai pas dans les oreilles les arrangements, les inflexions de voix, les choix de production qui peuvent conforter un sens (le souligner jusqu'à lourdement) ou le contredire (et donc insister sur l'ambiguité souhaitée par l'auteur).

Peut-être ce qui suit a déjà été partagé, auquel cas, je serais ravi de savoir que je ne suis pas seul dans mon canapé ! Smile

Il me semble évident que le sel du truc ce n'est pas 'cavalry/calvary' mais bien, of course sur le sens de 'we take care of our own'.

Cette phrase peut-être traduite (et même interprétée dans la langue natale) de plusieurs manières différente.
Mon point de vue, c'est que le Boss donne à chacun de ses refrains un sens différent avec une seule et même phrase.
Ce n'est donc pas 'we take care our own' qui détient le sens du tout mais bien chaque couplet qui donne le sens de chaque refrain.

Ainsi, le texte commence par un 'je' confronté à l'omnipotence et l'immuable 'de fait' du Politique et donc à l'amertume de la confrontation de l'individu au système. Le Boss commencerait ainsi (dans une interprétation plus large) par une sorte de mea culpa quant à l'attente placée dans une administration qu'il a soutenue: 'j'ai frappé à la porte du trône (mise en rapport de l'individu qui en appelle au Pouvoir -pas à l'homme Obama, hun- au trône, symbole du pouvoir posé, assis et institutionnel), j'ai cru qu'il pouvait m'apporter la réponse du retour (tant scandé par Springsteen du retour d'une Amérique mythique des valeurs démocratiques et citoyennes), j'ai constaté que même les meilleures intentions étaient bouffées par la machine, le système, l'inexorable mythique et tragique (le fatum de la tragédie), que l'Homme face au Destin (Dieu, Pouvoir...), même dans son bon droit et fort de sa légitimité ne peut rien.
L'inexorable détruit tout et remet tout le monde à sa juste place d'homme parmi les hommes. Tous égaux sous l'inexorable. Rien que du classique déjà entendu chez le Boss sous des tas de formes. Et chez tant d'autres of course.

Le premier 'we take care of our own' prend donc un premier sens selon moi: celui de la déception et du constat que les choses ne peuvent pas changer au niveau structurel (ici institutionnel et gouvernemental). Autrement dit: partout où ce drapeau flotte (celui de l'institutionnel, que ce soit par principe de caste ou parce que le système l'impose), il ne dit rien d'autre que 'on pense à notre gueule', on perpétue l'existence du système et le sens qu'on veut faire porter au drapeau.

Le deuxième couplet 'descend' au niveau du pays en tant que que corps constitué en nation. Depuis longtemps il est admis de dire (de manière réductrice et surtout comparés aux 'vieux monde') que les Etats-Unis n'ont pas d'Histoire mais une géographie. C'est déclinable et dscutable à merci mais cette sentence est toujours une jolie clef d'entrée à la littérature US, par exemple. Je la prends donc volontiers ici pour ce qu'elle vaut, certes, mais comme elle vaut pas mal pour moi c'est d'autant plus aisé.
Le deuxième couplet parle donc selon moi de l'ensemble de la nation US constituée de femmes et d'hommes à travers des référents géographiques (Superdome > New Orleans > Katrina et Chicago > Wilco (désolé je n'ai pas pu m'en empêcher) Smile > Obama).
Les hommes et femmes de ce pays, n'ont pas été entendus. Le corps de la nation ('bone' and 'muscle'), celui qui vit réfugié dans son propre pays ('shotgun stack' et 'Superdome' qui accueillit les sinistrés de Katrina) et donc qui est le plus en danger au point de ne plus attendre que l'arrivée de la cavalerie, n'est pas entendu.

Le deuxième 'we take care of our own' prend un sens suivant: dans ce pays, dans la merde de ce pays, 'on en est réduit à se démerder tout seul'. Et donc l'ironique qui résonne fortement avec le 'born in the USA' de... 'Born In The USA': au milieu de ce pays, à l'intérieur de ces frontières, au pied de ce drapeau qui flotte comme étendard de tant de symboles de force, de puissance, de liberté... portés haut dans le discours et à travers le monde: on en est réduit à se démerder d'autant plus seul qu'on est dans la merde.

Enfin le troisième couplet descend encore d'un niveau. Il passe à l'être humain que je qualifierais de 'typiquement Springsteenien' (et éminemment américain par ailleurs si on s'en réfère à une lecture culturelle), celui bon par nature, qui ne cherche qu'à vivre une vie honnête via le travail, la bonne conscience sincère et nimbée spiritualité, le sens de la communauté et qui ne cherche que le bien même quand il est embarqué dans des braquages et des meurtres (cf. Nebraska par exemple ou encore nombres de personnages joués par James Stewart). L'américain idéalisé de sous Roosevelt en quelque sorte... L'américain mythique des hymnes non-partisans de la nation.
Cet américain au corps fait de chair, de coeur, d'esprit, d'âme, de bonne volonté et de sincères bons sentiments prends soin des autres en prenant soin de lui-même.

Le sens de ce troisième 'we take care of our own' dit que l'individu est le seul vrai corps et coeur de la nation.
Comme un rappel aux élites et administrations, ce corps américain est vivant par delà tout, il incarne l'Amérique, il se prend en charge seul et n'a besoin de rien d'autre pour être ce qu'il est quoiqu'on puisse faire dire au drapeau au niveau politique et propagandiste.

Et si il y a un mot qui me semble important dans la construction de ce titre, c'est bien le mot 'flag'.
Il représente en tant qu'étendard tous les symboles qu'on peut attribuer à une nation ou qu'on veut lui faire porter mais il est avant tout planté dans le sol d'un pays et est irrigué par celui-ci même.
Dans les deux premiers refrains de la chanson la référence au drapeau passe après le 'we take care of our own' quand il s'agit de dénoncer l'inexorable institutionnel et politique qui ignore l'individu.
Dans le troisième refrain, quand le Boss magnifie l'homme américain ordinaire, il commence par trois 'wherever this flag flowns' comme pour affirmer ou réaffirmer autant que de besoin que le drapeau, en tant que symbole du corps américain, compte plus par le là dans lequel il est planté que par ce que certains veulent lui faire dire en s'en drapant aux yeux du monde.

Le Boss via cette réappropriation du symbole 'flag' n'est en fait nulle part ailleurs que là où il a toujours été dans ses chansons sociales. Dans l'Amérique des gens.

Un peu comme Cimino dans sa fin de 'The Deer Hunter'.
Mais ceci est une autre histoire...

We Take Care Of Our Own (en écoute ici) - Page 9 Tdh1




Est-il possible de traduire ce texte en Anglais pour le poster sur Backstreets, Greasy Lake, ou même sur springsteen.net ? Wink

voilà qui me semble juste magnifiquement interprété.

MERCI Théo.
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Message  papi Mer 8 Fév 2012 - 8:45

Une bien belle analyse de texte en effet. C'est drôle de terminer aussi sur une référence liée au retour du Vietnam, tant cette période de la jeunesse de Springsteen semble le marquer jusqu'à Magic au moins.
Impossible d'analyser pour le moment la suite des textes de l'album sauf peut-être les deux autres morceaux connus s'ils ne sont pas retouchés. Cependant sur cette chanson il me semble que Springsteen veut peut-être synthétiser une partie de son travail récent, à savoir des textes et une attitude publique qui le fond être plus présent dans le débat politique du pays, et sa volonté affichée de s'arrimer aux grandes chansons populaires passées qu'il a interprété dans Seeger sessions. Une volonté d'être à la fois populaire et politique.
Après nous faire le couplet sur le cynisme du discours politique et son immense décalage avec les réalités vécues, ajouté à l'éternel coup des valeurs du pays en décalage avec son histoire actuelle c'est un peu lourdaud. Trois interprétation différente du refrain bien sûr, mais c'est aussi la conséquence de la forme de la chanson, trois couplets avec la même issue sous forme de refrain.
C'est bizarre j'ai parfois l'impression de participer à des discussions sur un artiste déjà fossilisé, on ne peut l'interpréter qu'au regard de ce qu'il a été, tant ce qu'il fait depuis quelques temps est peu signifiant.
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We Take Care Of Our Own (en écoute ici) - Page 9 Empty assez d'accord avec cette interprétation...

Message  HumanTouch Mer 8 Fév 2012 - 9:36


je crois aussi que la variation de sens du refrain se fait par l'expression 'OUR OWN' ;
ne peut on y voir plusieurs lectures ?

(par) nous mêmes : 'on se démerde seuls' (avandon)
(de) nos proches : 'on protège sa famille, ses amis, son clan...'
notre communauté : 'on s'organise pour nous protéger face à l'abandon de l'Etat'
notre élite : 'les élites bourgeoises, d'état, financières (etc) prennent bien soin de leurs intérêts'

en tout cas à ma première lecture j'ai ressenti assez naturellement cette expression 'multi communautés' et 'multi sens' (cynique, colérique, solidaire...), bien d'ailleurs pour ça que j'aime ce titre : il fonctionne dans l'accord zic/texte et dans la prod ...

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We Take Care Of Our Own (en écoute ici) - Page 9 Empty tendu comme sun string quartet

Message  bill horton Mer 8 Fév 2012 - 18:38

Très brillante lecture de Théo (We Take Care Of Our Own (en écoute ici) - Page 9 3641590030) sans doute assez proche de l'intention springsteenienne (proche en tout cas de ce que j'en percevais).

En revanche, pardon d'insister, une chanson ne se résumant pas à son texte, j'attends toujours qu'on m'explique tous ces violons, tous ces tchak-boum et tous ces sha la la (la la la la la). Wink Wink


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Message  mathis Mer 8 Fév 2012 - 19:24

theo a écrit:
Cet après-midi j'ai écouté Working On A Dream. Et je l'ai trouvé bon.

ceci décrédibilisant totalement la pertinence de l'analyse précédente

Wink Wink Wink
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Message  nanou Jeu 9 Fév 2012 - 0:52

Bluffée par ton analyse Théo. Je l'avais vraiment pas vu venir ce glissement de sens à chaque refrain. C'est beau comme de l'antique    Wink
Si tu t'y es pris comme ça à l'époque, j'espère que t'as eu au moins 20 en explication de texte au bac français, c'est un modèle du genre !

Au début, j'ai aussi tenté de résister à l'écoute mais pas à la lecture des commentaires et, finalement trop intriguée, j'ai craqué. Du coup, je n'ai pas eu la surprise et je me suis concentrée sur le sens, grâce aux références des américanophiles, - au passage, grand merci à eux.     We Take Care Of Our Own (en écoute ici) - Page 9 3641590030

Mais, comme le dit Bill, restait toujours cette incongruité d'une zizique aussi légère et sautillante sur un texte aussi sombre et désabusé. Après mûre réflexion, je tenterais bien une hypothèse    We Take Care Of Our Own (en écoute ici) - Page 9 2144456305
Je me suis demandé si ce "wherever this flag's flown" n'était pas un leitmotiv du discours politique, et particulièrement guerrier. Du style, on envoie nos petits soldats planter notre drapeau là où ça va mal pour défendre nos valeurs et répandre "la civilisation", youpi tralalère. Cela pourrait expliquer cette répétition, ce martèlement enthousiaste, voire béatement décervelé, digne de la méthode coué. C'est bien une des méthodes employées pour convaincre ! Sauf que maintenant, en cherchant sur Internet, on ne tombe plus que sur des commentaires springsteeniens.
En revanche, la recherche en français dans le texte est nettement plus pertinente. Le "partout où flotte le drapeau" est assaisonné à toutes les sauces : drapeau tricolore certes, mais aussi drapeau rouge et même drapeau gay (surprenant n'est-il pas ?). Là où ça devient intéressant, c'est que la mention la plus ancienne que j'ai trouvée se réfère à un discours de Napoléon III cherchant, en 1863, à persuader les Mexicains de rallier son camp pour contrer la guerre civile et l'influence des Etats-Unis (hé, hé). Expression d'ailleurs reprise dans tous les textes imposant la mainmise coloniale du même individu et, de ce fait, largement répandue de par le monde.
Connaissant l'intérêt du Boss pour l'Histoire de son continent, et vu le succès mondial de l'expression, il n'a probablement pas pu passer au travers. Quant à l'accompagnement musical, je n'aurais rien contre une autre explication  Laughing
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Message  The ghost of Tom Joad Jeu 9 Fév 2012 - 11:19

Sur youtube, le clip a été visionné 1,5 million de fois (dont plus 930 000 fois sur la page springsteen) . Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais ça me semble énorme pour le boss en 20 jours. En comparaison, save my love, l'exellent single du coffret darkness l'an dernier en est à 69 000 vues. Radio nowhere, single de l'album Magic 3.5 millions depuis 2007.
Vous avez l'impression que cette chanson va cartonner plus qu'une autre ?

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Message  Invité Jeu 9 Fév 2012 - 11:39

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Message  labrespy Jeu 9 Fév 2012 - 12:41

mathis a écrit:
theo a écrit:
Cet après-midi j'ai écouté Working On A Dream. Et je l'ai trouvé bon.

ceci décrédibilisant totalement la pertinence de l'analyse précédente

Wink Wink Wink

Exemple type d'une phrase sortie de son contexte....
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Message  calispera Jeu 9 Fév 2012 - 14:18

Merci Théo pour cette très belle interprétation. J'étais assez séduite à la première lecture. A la seconde j'accroche tout de même de ci de là. Et je me dis que, une fois encore, nous interprétons tous selon nos propres désirs finalement. Je le dis plus par rapport à mes propres réflexions que par rapport à ce que tu dis, mais cela vaut pour tous je pense. Et c'est tout de même ça qui fait l'intérêt, ou le plaisir, de l'échange.

Car de la sorte, ton interprétation me stimule directement vers encore autre chose, pas totalement différent, juste d'autres nuances.

L'idée de trois sens différents pour interpréter le refrain, qui se rapportent chacun au couplet qui précède fait assez sens à mes yeux. Mais directement j'accroche alors aux 'sujets' utilisés dans les phrases des couplets. Dans le premier et dernier couplets il parle à la première personne (du singulier), et je pense que cela implique qu'il ne généralise pas forcément mais qu'il parle de son expérience personnelle, même s'il sait qu'il n'est pas le seul à la vivre. Dans le deuxième couplet il reste général ne parlant ni de je ni de nous. Dans le troisième couplet, il reprend la première personne, mais pas dans le sujet : dans le complément d'objet.
Et dans le refrain, il parle du « nous ».

Je vais donc utiliser ton interprétation que je trouve vraiment très riche, pour en tirer quelque chose par rapport à ce que j'avais compris moi-même au départ, et donc la faire évoluer. Juste pour le plaisir. .... Demain je change d'avis Wink

Je suis donc moins sûre qu'il fasse référence rien qu'à de l'institutionnel, au système et ces choses-là dans le premier couplet. Il a bien sûr concrètement soutenu l'élection de Obama (que ce soit la personne ou son orientation politique, peu importe finalement, dans le cadre de ces paroles). J'ai l'impression que le couplet est plus large que ça. Il signifierait davantage à mes yeux qu'il a parcouru pas mal de directions, dont la politique de la première phrase : « I been knocking on the door that holds the throne ». Et qu'elles se sont toutes avérées sans issue. Je persiste à penser que la seconde phrase (« I been looking for the map that leads me home » 'j'ai cherché la carte qui me ramènerait chez moi') fait référence à son parcours de travail sur lui-même (sa psychanalyse (ou psychothérapie), qu'il poursuit encore maintenant si j'ai bien compris). Bien que j'admette que ça ne cadre pas vraiment avec le reste des paroles.

Et j'aurais tendance à penser que les deux autres phrases font référence à un réseau relationnel d'abord, communautaire ensuite, qui ne fonctionne pas assez solidairement :
« I been stumbling on good hearts turned to stone
The road of good intentions has gone dry as a bone »
« J'ai trébuché sur des coeurs devenus pierre, la route des bonnes intentions s'est asséchée comme un os (ou jusqu'à l'os si on veut faire référence à la décomposition d'un cadavre). »
Les fracas de la vie, les échecs, l'amertume emmagasinée, la lassitude poussent tous à une apparente indifférence, et en tout cas, à une inertie généralisée.
Dans les deux premières phrases il parlerait donc de ce qu'il a tenté ou fait, et dans les deux dernières de ce qu'il a rencontré, ce à quoi il a été confronté quand il a fait ses tentatives.

Dans le second couplet, je comprends qu'il situe les lieux de la problématique à un premier niveau, et il est clair qu'on parle de la carte des USA. Il balaie en même temps les niveaux sociaux :
« From Chicago to New Orleans » : de la ville-résidence de Obama (avant la maison blanche) – toujours symboliquement le trône - au lieu où les pauvres de la ville ont payé le plus lourd tribu suite à Katrina.
« From the muscle to the bone » : j'avoue que ça me passe au-dessus. En français, j'ignore toute expression qui y serait liée. Et je comprends donc a priori qu'il parle de la surface à la profondeur, de la partie tendre à la partie dure, et d'une certaine manière, ce serait un autre moyen de dire qu'il veut parler de tous : couches sociales, races, orientations politiques, orientations religieuses, .... : tout le monde sur la carte des USA serait donc concerné (même référence donc que « wherever this flag is flown »). Mais je ne serais pas étonnée que soit, il s'agisse d'une expression américaine, commune ou de l'argot, ou encore une reprise d'une source littéraire chère au Boss ou autre. Et dans ce cas, la signification me passe au-dessus.

« From the shotgun shack to the Super Dome »
Ca me passe également au-dessus. Le Super Dome spécifie bien qu'on pense aux plus déhérités qui ont été amassés dans ce lieu. Et shotgun shack, quelqu'un avait expliqué plus haut dans l'échange de quoi il s'agissait (une cahute pour la chasse? Ou quelque chose comme ça, ou on remise les carabines). Bon, ben, je vois pas trop le lien. Sauf peut-être que ceux qui disposent de ce genre de cahutes sont d'un tout autre bord que les pauvres (riches et sans doute très à droite politiquement – l'image de Charlton Heston me vient à l'esprit, et on peut alors élargir à tout le gratin holywoodien et du show business que forcément Bruce fréquente).
Et je ne vais pas revenir sur la cavalerie : elle n'a pas réagi. L'état (ou, à d'autres niveaux, le pouvoir en place) ne sert donc pas a grand chose pour aider les humains en détresse.

Dans le troisième couplet, l'utilisation de soi (« me ») en tant qu'objet et non sujet, amène plus facilement l'idée de la victime mais pas tout à fait.
Je m'explique.
Il chante l'absence de volonté et de lucidité (« Where're the eyes, the eyes with the will to see » - 'où sont les yeux, les yeux qui ont la volonté de voir'), l'absence de compassion, de solidarité (« Where are the hearts that run over with mercy
Where's the love that has not forsaken me » - 'où est l'amour (ou la source d'amour) qui ne m'a pas abandonné').
Si quelqu'un peut m'expliquer le sens de « run over » dans ce cas précis, car vu ce que les dictionnaires du net expliquent, je n'ai pas encore saisi.
Et c'est là qu'il réintroduit sa petite personne.

Et là, tout à coup, vu l'utilisation des termes et la formulation en parallèle au fait qu'il parle de lui, en tant qu'objet (complément s'entend), je me demande s'il ne fait pas appel à des notions plus religieuses, ce qui impliquerait que le sens pourrait alors être: « mais où est Dieu dans tout ça? », raison pour laquelle le « je-me » serait réintroduit.
Avec les 2 phrases qui suivent, ça pourrait vraiment coller :

« Where's the work that'll set my hands, my soul free
Where's the spirit that'll reign rain over me »
Je ne suis pas sûre de comprendre ces deux phrases, à nouveau, car il est probable qu'elles sont propres à l'anglais et non traduisibles telles quelles. Mais la présence de l'âme, de l'esprit, du règne, et cela sur le « je-me », ça me fait penser qu'il se sent impuissant face à la misère, à l'injustice, à l'indifférence, et qu'il n'a pas trouvé l'aide de Dieu qu'on lui avait promise (que la religion lui avait promise).
Et pour « Where's the promise from sea to shining sea » : je donne ma langue au chat, puisque c'est tiré d'une chanson très américano-américaine et que j'en ignore le sens de base. Tout en supposant tout de même qu'il s'agit du même registre : la promesse d'un Dieu qui bénisse l'Amérique (les USA) –' God bless America' - et c'est en vain, on ne voit rien venir, « je » ne vois rien venir.

Et enfin, le refrain :
« We take care of our own
Wherever this flag's flown »

Quel que soit le lieu, ou les gens chez qui ce drapeau flotte (américains bien sûr), il nous reste à prendre soin de nous. Car
- ni l'institutionnel (l'autorité, le politique.....) ,
- ni la solidarité (la communauté, les autres - à cause de l'amertume, de l'indifférence, des coeurs endurcis),
- ni Dieu,
ne nous viendront en aide.

C'est très très dépressif vu de cette manière là.

Et le fait de parler du « je » dans les couplets pour arriver au « nous » dans le refrain, c'est assez springteenien à mon avis, c'est le côté prêcheur qui ressort. 'Je parle de mon expérience pour finir par vous inviter vers le chemin ou vers la conclusion que je vous partage'. Un peu comme quand il parcourt la scène de long en large, en gueulant dans le micro pour inviter le public à rocker dans toutes les déclinaisons.

Enfin bon, c'est mon idée du jour Wink Et cette fois elle me paraît plus correcte que ce que j'avais pensé avant, car ça colle plus avec ce que je crois connaître du Boss et ça fait plus sens à mes yeux (dans le sens que c'est plus cohérent), même si je n'adhère pas vraiment, voire pas du tout à ce genre de point de vue.

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Message  Fabrice Jeu 9 Fév 2012 - 14:37

Deux petites références par rapport au très bon texte de Calispera (décidément ces jours ci, le forum est bon We Take Care Of Our Own (en écoute ici) - Page 9 296233395 ):

"shotgun shack" : à la Nouvelle Orléans, ce sont de petites maisons d'habitations (comme on en voit des paquets dans Treme).

"musle to the bone" : cela peut renvoyer à l'image traditionnelle de la ville de Chicago. C'est la ville des grands abattoirs pour le bétail du mid west. Autrement "aller jusqu'à l'os" : s'approcher de la nature profonde, ici, celle des Etats Unis.

Pour Bill : il y a quelques pages, j'ai posté un lien sur une critique en anglais tirée de blogness en the edge of town qui s'intéressait aux rapports entre texte/musique/production. C'était un point de vue intéressant.
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Message  jungleland Jeu 9 Fév 2012 - 14:38

juste pour préciser ce que sont les shotgun shacks (ou shotgun houses) : c'est ainsi qu'on appelle les maisons de pauvres dans le sud des Etats Unis. Ce sont des maisons avec un couloir en enfilade qui dessert les pièces des deux côtés. On l'appelle ainsi parce qu'un coup de fusil tiré depuis la porte d'entrée sortirait par la porte de derrière (la célèbre backdoor citée régulièrement dans les textes du blues - celle par où rentrait l'amant mr green )

C'est typiquement le genre de maisons qu'habitaient les noirs quand ils sont sortis de l'esclavage (et qu'ils habitent souvent encore)

On pourrait penser que la phrase voudrait dire qu'ils n'avaient pas grand chose (leur shotgun house) et qu'il l'ont perdu (le superdome devenant leur maison)


quant à "From the muscle to the bone" c'est la définition d'un tendon. Quel rapport ? à moins de parler du chemin de fer qu’empruntèrent les noirs depuis le sud pour trouver du travail dans l'industrielle Chicago; ce chemin de fer relierait l'os (cad l'origine - le sud / ou bien ce qui est figé dans le temps) avec le muscle (cad une vie meilleure - Chicago / ou bien ce qui bouge)
un peu capillotracté à mon avis
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Message  calispera Jeu 9 Fév 2012 - 14:42

Merci Fabrice et Jungleland :

je dormirai moins con ce soir Wink
Bon, va peut-être falloir que je révise ma copie mainant? tsss Wink

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Message  bill horton Jeu 9 Fév 2012 - 18:52

À l'origine, type d'habitation modeste très répandu dans le sud des Etats unis -mais pas que- le shotgun shack désigne désormais dans le langage courant la maison des plus démunis, des quasi-taudis parfois...

Du coup,de mon point de vue, 'Du taudis au Super Dome' fait allusion à des gens qui n'avaient déjà rien et qui se retrouve avec encore moins (et pas forcément qu'à la Nouvelle Orléans) et c'est probablement à mettre en résonnance avec 'Où est la promesse du passage de la mer à la mer étincelante' qui est une image classique désignant l'Amérique (de l'océan atlantique au pacifique) mais induit ici aussi une notion de progrès: la promesse de voir ses conditions de vie s'améliorer (partout ou flotte ce drapeau, justement), le passage d'une vie à une vie meilleure (avec aussi la connotation religieuse que cela peut revêtir, évidemment).

La contradiction entre cette promesse et le fait que tout un tas de gens, de plus en plus nombreux, vont désormais vivre encore moins bien fait probablement parie des constats amers au choeur de cette chanson...

Et si Bruce était vraiment angry? mr green

Heureusement qu'il peut s'offrir une belle section de cordes pour faire passer la pillule.

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Message  mathis Jeu 9 Fév 2012 - 19:29

labrespy a écrit:
mathis a écrit:
theo a écrit:
Cet après-midi j'ai écouté Working On A Dream. Et je l'ai trouvé bon.

ceci décrédibilisant totalement la pertinence de l'analyse précédente

Wink Wink Wink

Exemple type d'une phrase sortie de son contexte....

...sauf que c'était de ...l'humour, Dom ! Smile




(...comme quand je parlais de Claude Puel Wink )
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Message  mathis Jeu 9 Fév 2012 - 19:31

bill horton a écrit:

Heureusement qu'il peut s'offrir une belle section de cordes pour faire passer la pillule.


Wink

mais c'est parce que le boss est un grand sensible : il a besoin de la douceur des violons pour apaiser sa colère




(qui a dit que le violon de Soozie agresse plus qu'il n'apaise ? Wink )
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Message  marcolas Ven 10 Fév 2012 - 15:18

Le clip officiel avec de vraies images qui bougent

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