Oh Chrissie...

Solo mais pas solitaire, Chrissie Hynde. «Mon truc, ça a toujours été de faire partie d'un groupe», déclare-t-elle. Ce rêve d'enfance, elle en a fait sa réalité pendant trois décennies, menant les Pretenders à la baguette, de succès en triomphe. Brass in Pocket, I'll Stand By You et autres Don't Get Me Wrongfigurent en bonne place dans les mémoires. Et la sexagénaire demeure une des femmes les plus respectées de la scène rock. Après une parenthèse en compagnie du jeune musicien JP Jones, avec lequel elle a retrouvé son pays natal et le plaisir de jouer en club, la plus Londonienne des Américaines s'assume désormais sous son seul nom. Ou presque. «Mon équipe me conseille d'utiliser mon patronyme depuis des années. J'ai fini par céder, même si ce disque est le projet le plus collaboratif auquel j'ai participé», explique-t-elle.
C'est en compagnie du musicien suédois Björn Yttling, du groupe Peter Bjorn & John, qu'elle a conçu Stockholm (Caroline), principalement dans la ville du même nom. Éternelle punk dans l'âme, Chrissie Hynde se contrefiche des étiquettes et redoute le marketing plus que tout. «J'adore la radio, j'ai grandi avec elle, et je veux que mes chansons y passent.» Si elle trouve quelques vertus à l'époque actuelle, elle déplore que l'esthétique rock ait été récupérée à outrance, tant par la publicité que par la mode. «Le rock, au départ, ce sont des types laids qui ont l'air cool sur scène parce qu'ils portent des jeans orange.»
«Je ne veux pas d'entourage»

Native de l'Ohio, elle s'est construite en collectionnant les disques de ses idoles. «Aujourd'hui, on trouve tout en un clic. À mon époque, on avait l'impression d'être en mission secrète, animés par une passion que l'on partageait avec une ou deux autres personnes à l'école.» Quittant les États-Unis en 1973, elle a transité par Paris, où elle dispose encore d'un pied-à-terre, avant de s'établir à Londres, où elle a participé à l'explosion punk en travaillant auprès de Malcolm McLaren et Vivienne Westwood. «J'aime encore la musique que j'aimais en ce temps-là. Aujourd'hui, on me parle de Miley Cyrus, dont je me fous. Je suis censée m'intéresser à elle parce qu'elle vend beaucoup de disques?»
Sa plus grande fierté est d'avoir convaincu Neil Young, un de ses héros, de jouer sur son album. «Pendant la conception de l'album, nous travaillions sur cette chanson dont les accords sonnaient comme du Neil Young. Pour impressionner Björn, je lui ai dit que nous pourrions lui demander de jouer dessus. Neil est passé dans un studio de Londres et a posé cette partie de guitare si caractéristique. L'avoir sur mon disque, c'est le sommet de ma carrière», s'anime-t-elle. Chrissie Hynde, qui fut un temps journaliste musicale au NME, est restée une fan de musique avant tout. «Je passe plus de temps dans le public qu'à être sur scène», précise-t-elle. Son ami John McEnroe a également prêté ses talents plus modestes de guitariste à ce disque d'excellente facture, aux résonances plus pop que les albums des Pretenders.
Mais Chrissie Hynde n'est toujours pas prête au moindre compromis pour diffuser sa musique. «Nous avions choisi un photographe suédois pour ma pochette. Il a exigé que je vienne avec une styliste, une coiffeuse et une maquilleuse, ce qui ne m'est jamais arrivé. Alors, nous avons pris quelqu'un d'autre. Je me suis aperçu que dans le monde d'aujourd'hui, c'est lorsque tu ne veux pas faire d'histoires que les choses se compliquent. Je n'ai jamais eu de directeur artistique, je suis toujours à l'heure aux rendez-vous, je ne veux pas d'entourage, ce n'est pas aujourd'hui que cela va changer», s'enflamme-t-elle. Contrairement à bon nombre de ses collègues féminines, Chrissie Hynde considère qu'être une rockeuse a plutôt été un avantage. «Il y avait toujours un gars pour porter ma guitare», s'amuse-t-elle. Elle a décidé de refuser de s'exprimer dans la presse féminine. «Il y a trente ans, on n'aurait jamais vu une chanteuse poser dans Vogue avec un sac à 3000 livres. Je ne veux pas faire partie de ça.»

JC a écrit:Je n'ai jamais accroché ni à la voix, ni au groupe, ni à la musique, ni au personnage, sans la détester mais juste hermétisme total. C'est vraiment son premier album solo ? Il y a 12-13 ans elle étais venue dans les Nocturnes pour une session acoustique solo et il me semblait que c'était dans le cadre d'un album solo.