De retour du New Jersey
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paulsh
skip mccoy
CC Rider
Marc
papi
outlawpedro
Yann42
11 participants
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De retour du New Jersey
Bonjour à tous,
Comme j'avais pu le dire dans la rubrique "tournée 2016", voici le récit des mes quelques jours dans le New Jersey fin août. Je le poste ici car il ne s'agit pas simplement du résumé d'un concert.
23 août 2016, le bus 160 vient de me déposer sur le parking du Metlife Stadium, bloc métallique rutilant sous le soleil de plomb, érigé à quelques pas de la Medowlands Sports Arena. Je rejoins Daniel, fan français de la première heure, installé aux Etats-Unis depuis plusieurs années et avec qui nous allons passer 3 jours en apesanteur dans le Garden State. Les agents de sécurité veillent scrupuleusement à ce qu’aucune voiture ne stationne illégalement aux alentours du stade tant que les parking ne sont pas ouverts. Après un burger, quelques frites et une bonne bière, nous nous redirigeons vers le stade, la skyline de Manhattan se dessine au loin, dans une chaleur étouffante. La file d’attente pour les bracelets qui donneront l’accès à loterie, puis à l’avant-scène démarre officiellement à 14h mais quelques fans sont arrivés en fin de matinée (avant 11h, seuls un italien, deux ou trois américains et moi errions dans un désœuvrement total, à mille lieues des ambiances européennes…).
"My Home's here in these Meadowlands"
Tailagating
Nous passons l’après-midi à attendre sous le soleil imperturbable, au-dessous des écrans géants annonçant que des billets pour les deux prochains concerts sont encore disponibles. A l’endroit même où s’élevait jusqu’en 2009 le Giant Stadium, barbecue, bière, hot dog, chaises pliantes ont pris place sur le parking. « Glory days », « Thunder road » ou « The Rising » à fond dans les enceintes : le parking se transforme en camping. Les américains appellent ça le « tailgating ». Ils sont tellement pris dans leurs activités qu’ils n’en écoutent même pas les multiples répétitions de « New York City Serenade » (l’ensemble de cordes seuls d’abord, puis quelques instruments supplémentaires et enfin tout le groupe), « None But The Brave » ou « The Ties That Bind » qui résonnent derrière les murs du stade. Quelques heures plus tard, notre attente est récompensée, nous ne sommes pas tirés au sort mais nous arrivons au 10ème rang face au micro de Springsteen, légèrement à gauche. Nous repérons les chaises pour l’ensemble de cordes au fond à droite de la scène et quelques minutes avant l’entrée du groupe, d’immenses écrans affichent « Welcome Home to New Jersey »…Deux « hot summer night » en perspective. Le deuxième soir le message d’accueil affiché sera « Now my home’s here in these meadowlands », en écho aux paroles de « Wrecking Ball » qui reçoit, les deux soirs, un accueil gigantesque de la part du public.
24 août 2016, nous avons quitté la Highway 9 il y a quelques minutes et nous entrons dans Freehold, après Main Street, on bifurque à gauche, puis à droite, on laisse la voiture sur la parking de l’église de Sainte Rose de Lima et son école puis les paroles de « My Hometown » , chantées à l’unisson hier avec le public ressurgissent immédiatement : Randolph Street où Springsteen a vécu jusqu’à 6 ans (la maison n’existe plus, remplacée par un parking où un voisin nous prend pour des chasseurs de Pokémon…) puis Institute Street et le fameux platane du livret de parole de « Born In The USA », enfin South street que la famille Springsteen habitait pendant que Bruce fréquentait la High School.
Freehold - "My Hometown"
En arpentant ces rues paisibles à pied, les mots de Bruce hier soir avant « Independence Day » résonnent et prennent tout leur sens : « Je viens d’une petite ville, une ville de la classe moyenne américaine classique, pas très loin d’ici. Toutes ces maisons victoriennes sur Main street, à l’ombre des grands arbres. C’est très accueillant, j’aime beaucoup aujourd’hui. Je ressentais les choses différemment à l’époque, ça avait l’air juste très, très petit. Surtout quand vous aviez du mal à vous y intégrer. Alors c’est clair, la seule chose à laquelle tu pouvais penser, c’était te tirer… ‘Born To Run !’ Donc, cette chanson, c’est une des premières que j’ai écrite sur mon père. Et, il ne communiquait pas. Alors je me suis dit, quand j’ai commencé à écrire des chansons, que ça pourrait être le moyen d’avoir une conversation avec lui, à travers ma musique. Donc j’ai sorti mes albums, je les apportais à la maison. Et je sais que ma mère le forçait à tous les écouter, je savais qu’il avait entendu ces chansons. Mais les années ont passé. J’ai écrit une autre chanson, puis une autre, et rien. Pas de réponse. Rien du tout. Presque 40 ans ont passé. Quand mon père fut sur le point de mourir, je lui ai finalement demandé ‘Papa, quelles sont les chansons que j’ai écrites que tu préfères ?’ et il m’a dit ‘Oh, celles qui parlent de moi.’ » Puis s’en suit une version poignante de cette chanson magnifique. Tout au long de cette journée de pérégrination dans les pas de Springsteen, de Freehold à Asbury Park, en passant par Long Branch et Belmar, les mots, les paroles s’entrechoquent avec les lieux, les images. Alors que les premières notes de « Something in the night » retentissaient dans le stade (dont j’ai trouvé l’acoustique exceptionnel), Springsteen nous parle de ses longues nuits d’été chaudes, sur Kingsley Street à la recherche d’un endroit où manger à 4h du mat’ et où l’apocalypse semblait les attendre au prochain coin de rue.
"I'm riding down Kingsley, figuring I'll get a drink "
Asbury Park a bien changé depuis ces longues nuits des années 70 : plus de traces de l’Amusement Palace et du Casino, seuls le Wonder Bar, le Stone Pony et le Student Prince (là où Springsteen et le Big Man se sont rencontrés - devenu une pizzeria) subsistent tels des vestiges d’une époque où le « Circuit » grouillait de monde ‘Born to run’…Les pelouses qui bordent Kingsley Street et Ocean Avenue sont bien coupées, bien nettes, les tuyaux d’arrosage tournent à plein régime et le goudron est tout neuf, seul une construction d’immeuble avortée perturbe le « paysage » de parkings où les pick-up grillent au soleil. Au deuxième concert, avant d’entamer « My City Of Ruins » en hommage aux victimes du tremblement de terre en Italie Springsteen parlera de la petite renaissance que vit actuellement Asbury park, sa ville natale d’adoption, où beaucoup de gens profitent de la plage, du boardwalk, etc.
Asbury Park - Convention Hall depuis le boardwalk
La promenade au bord de la plage est en effet charmante, des ruines du Casino au Convention Hall, plusieurs bars, restaurants, et la fameuse cahute de Madame Marie font face à l’océan. Alors on se laisse porter par les effluves sonores et imaginaires qui se déclenchent dans sa tête, par les odeurs de grill, le bruit des vagues et les bavardages des vacanciers, et d’un coup, on y est, en plein dedans, transporté dans la chanson « Sandy (4th of July, Asbury Park) »…puis on prolonge la soirée, on change de lieu pour poursuivre au milieu des chrome invaders de « Night » ; croiser le fantôme de Janey de « Spirit in the Night » ou encore arpenter Kingsley street à la recherche du bar disparu de « Something in the Night », où on s’offrirait bien un verre en compagnie du Magic Rat. On est au cœur du « réacteur », au milieu du « truc » qui a tout déclenché…L’expérience tourne au mystique.
Asbury Park - Convention Hall depuis la plage
Un petit peu avant, nous avions fait un détour par la rue E à Belmar, un peu plus au sud d’Asbury Park, THE E street, celle qui a donné son nom au groupe et où habitait David Sancious, le seul endroit de tout le « pèlerinage » qui célèbre l’enfant du pays, avec une Fender Telecaster de 2 mètres plantée au coin de la 10ème avenue et de la rue E (partout ailleurs, aucun « indice » ne guide le « Bruce traveler » comme ils disent là-bas). Un lieu tout ce qu’il y a de plus banal, au milieu d’une zone résidentielle. Aussi banal que la maison que Bruce louait à Long Branch au début des années 70 et où il a écrit une partie de l’album Born to run…
Belmar - E street
Long Branch - "Born To Run"
26 août 2016 : Je retourne à Asbury Park le lendemain du deuxième show, prendre le temps de boire une bière sur la terrasse du convention hall et d’écouter les concerts en plein air de la scène d’été du Stone Pony, les Blues Travellers et les Wallflowers (dont le leader est le fils de Dylan)…histoire de profiter une dernière fois des effluves des premiers albums…puis de sauter dans l’avant dernier train pour New York, là où l’histoire a continué…
Vous avez tous lu des récits des concerts au Metlife alors je ne vais pas m’aventurer dans un résumé chanson par chanson. Ces deux concerts (j’ai assisté au deux premiers) ont simplement été les deux meilleurs qu’il m’ait été donné de vivre. Le contexte y joue beaucoup, bien sûr (Je n’étais jamais allé dans le New Jersey). Mais maintenant je suis sûr que chez lui il y a un truc en plus, qui fait que l’expérience est, en ce qui me concerne, unique. Le plaisir qu’il avait à partager ces moments, les petites histoires avant les chansons, les chansons choisies évidemment, le final sur « Jersey Girl » et ses feux d’artifice, « Youngstown » et « The ghost of Tom Joad » jouées le même soir, le chef d’œuvre « New York City Serenade » en ouverture et son « It’s midnight in Manhattan » au début du deuxième couplet, ovationné par la foule alors que la nuit tombe sur les meadowlands et que la skyline de New York commence à s’allumer à quelques kilomètres, « Lost in the Flood », « American Skin », « Backstreets » magistrales, tout ça a été bouleversant. Le retour d’une série de chansons construite autour de « Death To My Hometown » avec des connotations très sociales (« Jack Of All Trade », « Mansion On the Hill », « Youngstown », "American Skin", etc) est une belle surprise. La grande différence avec l’Europe réside beaucoup dans le fait que la foule comprend ce que Springsteen dit, ça paraît bizarre à dire comme ça, mais même si les américains ne dansent ou ne bougent pas comme en Europe, en tout cas dans le New Jersey, ils sont véritablement à l’unisson. Le public ressent davantage les mots et ça se sent énormément. Une chanson comme "Rosalita" est récitée du premier au dernier couplet par tout le stade. Et puis, le mec qui est sur scène fait référence à des lieux, des routes, des restaurants, etc. que beaucoup de gens connaissent depuis longtemps, depuis toujours. Un peu comme si, pour moi qui suis stéphanois, Lavilliers avait écrit une vingtaine de bonnes chansons comme « Saint –Etienne » et qu’il les jouait à chaque concert…
Rosalita - 23 août 2016
Hungry Heart - 25 août 2016
Avec un peu de recul on ne peut pas s’empêcher de penser qu’il a joué ses concerts comme si c’était les derniers, où en tout cas « au cas où » ce soit les derniers. L’expérience a été incroyable, inoubliable. Au-dessus de toutes mes attentes…Mais le clou de toutes ces émotions restera cependant la pizza aux boulettes de viandes dégustée à la pizzeria Federici’s (fréquentée régulièrement par Springsteen), sur Main Street à Freehold. Un vrai délice même si Bruce n’avait visiblement pas choisi le même jour que nous pour y passer…
Now Mister I ain’t a boy, but I’m a man, and I believe in a promised land…
Saint-Etienne - Bernard Lavilliers
Yann
Comme j'avais pu le dire dans la rubrique "tournée 2016", voici le récit des mes quelques jours dans le New Jersey fin août. Je le poste ici car il ne s'agit pas simplement du résumé d'un concert.
23 août 2016, le bus 160 vient de me déposer sur le parking du Metlife Stadium, bloc métallique rutilant sous le soleil de plomb, érigé à quelques pas de la Medowlands Sports Arena. Je rejoins Daniel, fan français de la première heure, installé aux Etats-Unis depuis plusieurs années et avec qui nous allons passer 3 jours en apesanteur dans le Garden State. Les agents de sécurité veillent scrupuleusement à ce qu’aucune voiture ne stationne illégalement aux alentours du stade tant que les parking ne sont pas ouverts. Après un burger, quelques frites et une bonne bière, nous nous redirigeons vers le stade, la skyline de Manhattan se dessine au loin, dans une chaleur étouffante. La file d’attente pour les bracelets qui donneront l’accès à loterie, puis à l’avant-scène démarre officiellement à 14h mais quelques fans sont arrivés en fin de matinée (avant 11h, seuls un italien, deux ou trois américains et moi errions dans un désœuvrement total, à mille lieues des ambiances européennes…).
"My Home's here in these Meadowlands"
Tailagating
Nous passons l’après-midi à attendre sous le soleil imperturbable, au-dessous des écrans géants annonçant que des billets pour les deux prochains concerts sont encore disponibles. A l’endroit même où s’élevait jusqu’en 2009 le Giant Stadium, barbecue, bière, hot dog, chaises pliantes ont pris place sur le parking. « Glory days », « Thunder road » ou « The Rising » à fond dans les enceintes : le parking se transforme en camping. Les américains appellent ça le « tailgating ». Ils sont tellement pris dans leurs activités qu’ils n’en écoutent même pas les multiples répétitions de « New York City Serenade » (l’ensemble de cordes seuls d’abord, puis quelques instruments supplémentaires et enfin tout le groupe), « None But The Brave » ou « The Ties That Bind » qui résonnent derrière les murs du stade. Quelques heures plus tard, notre attente est récompensée, nous ne sommes pas tirés au sort mais nous arrivons au 10ème rang face au micro de Springsteen, légèrement à gauche. Nous repérons les chaises pour l’ensemble de cordes au fond à droite de la scène et quelques minutes avant l’entrée du groupe, d’immenses écrans affichent « Welcome Home to New Jersey »…Deux « hot summer night » en perspective. Le deuxième soir le message d’accueil affiché sera « Now my home’s here in these meadowlands », en écho aux paroles de « Wrecking Ball » qui reçoit, les deux soirs, un accueil gigantesque de la part du public.
24 août 2016, nous avons quitté la Highway 9 il y a quelques minutes et nous entrons dans Freehold, après Main Street, on bifurque à gauche, puis à droite, on laisse la voiture sur la parking de l’église de Sainte Rose de Lima et son école puis les paroles de « My Hometown » , chantées à l’unisson hier avec le public ressurgissent immédiatement : Randolph Street où Springsteen a vécu jusqu’à 6 ans (la maison n’existe plus, remplacée par un parking où un voisin nous prend pour des chasseurs de Pokémon…) puis Institute Street et le fameux platane du livret de parole de « Born In The USA », enfin South street que la famille Springsteen habitait pendant que Bruce fréquentait la High School.
Freehold - "My Hometown"
En arpentant ces rues paisibles à pied, les mots de Bruce hier soir avant « Independence Day » résonnent et prennent tout leur sens : « Je viens d’une petite ville, une ville de la classe moyenne américaine classique, pas très loin d’ici. Toutes ces maisons victoriennes sur Main street, à l’ombre des grands arbres. C’est très accueillant, j’aime beaucoup aujourd’hui. Je ressentais les choses différemment à l’époque, ça avait l’air juste très, très petit. Surtout quand vous aviez du mal à vous y intégrer. Alors c’est clair, la seule chose à laquelle tu pouvais penser, c’était te tirer… ‘Born To Run !’ Donc, cette chanson, c’est une des premières que j’ai écrite sur mon père. Et, il ne communiquait pas. Alors je me suis dit, quand j’ai commencé à écrire des chansons, que ça pourrait être le moyen d’avoir une conversation avec lui, à travers ma musique. Donc j’ai sorti mes albums, je les apportais à la maison. Et je sais que ma mère le forçait à tous les écouter, je savais qu’il avait entendu ces chansons. Mais les années ont passé. J’ai écrit une autre chanson, puis une autre, et rien. Pas de réponse. Rien du tout. Presque 40 ans ont passé. Quand mon père fut sur le point de mourir, je lui ai finalement demandé ‘Papa, quelles sont les chansons que j’ai écrites que tu préfères ?’ et il m’a dit ‘Oh, celles qui parlent de moi.’ » Puis s’en suit une version poignante de cette chanson magnifique. Tout au long de cette journée de pérégrination dans les pas de Springsteen, de Freehold à Asbury Park, en passant par Long Branch et Belmar, les mots, les paroles s’entrechoquent avec les lieux, les images. Alors que les premières notes de « Something in the night » retentissaient dans le stade (dont j’ai trouvé l’acoustique exceptionnel), Springsteen nous parle de ses longues nuits d’été chaudes, sur Kingsley Street à la recherche d’un endroit où manger à 4h du mat’ et où l’apocalypse semblait les attendre au prochain coin de rue.
"I'm riding down Kingsley, figuring I'll get a drink "
Asbury Park a bien changé depuis ces longues nuits des années 70 : plus de traces de l’Amusement Palace et du Casino, seuls le Wonder Bar, le Stone Pony et le Student Prince (là où Springsteen et le Big Man se sont rencontrés - devenu une pizzeria) subsistent tels des vestiges d’une époque où le « Circuit » grouillait de monde ‘Born to run’…Les pelouses qui bordent Kingsley Street et Ocean Avenue sont bien coupées, bien nettes, les tuyaux d’arrosage tournent à plein régime et le goudron est tout neuf, seul une construction d’immeuble avortée perturbe le « paysage » de parkings où les pick-up grillent au soleil. Au deuxième concert, avant d’entamer « My City Of Ruins » en hommage aux victimes du tremblement de terre en Italie Springsteen parlera de la petite renaissance que vit actuellement Asbury park, sa ville natale d’adoption, où beaucoup de gens profitent de la plage, du boardwalk, etc.
Asbury Park - Convention Hall depuis le boardwalk
La promenade au bord de la plage est en effet charmante, des ruines du Casino au Convention Hall, plusieurs bars, restaurants, et la fameuse cahute de Madame Marie font face à l’océan. Alors on se laisse porter par les effluves sonores et imaginaires qui se déclenchent dans sa tête, par les odeurs de grill, le bruit des vagues et les bavardages des vacanciers, et d’un coup, on y est, en plein dedans, transporté dans la chanson « Sandy (4th of July, Asbury Park) »…puis on prolonge la soirée, on change de lieu pour poursuivre au milieu des chrome invaders de « Night » ; croiser le fantôme de Janey de « Spirit in the Night » ou encore arpenter Kingsley street à la recherche du bar disparu de « Something in the Night », où on s’offrirait bien un verre en compagnie du Magic Rat. On est au cœur du « réacteur », au milieu du « truc » qui a tout déclenché…L’expérience tourne au mystique.
Asbury Park - Convention Hall depuis la plage
Un petit peu avant, nous avions fait un détour par la rue E à Belmar, un peu plus au sud d’Asbury Park, THE E street, celle qui a donné son nom au groupe et où habitait David Sancious, le seul endroit de tout le « pèlerinage » qui célèbre l’enfant du pays, avec une Fender Telecaster de 2 mètres plantée au coin de la 10ème avenue et de la rue E (partout ailleurs, aucun « indice » ne guide le « Bruce traveler » comme ils disent là-bas). Un lieu tout ce qu’il y a de plus banal, au milieu d’une zone résidentielle. Aussi banal que la maison que Bruce louait à Long Branch au début des années 70 et où il a écrit une partie de l’album Born to run…
Belmar - E street
Long Branch - "Born To Run"
26 août 2016 : Je retourne à Asbury Park le lendemain du deuxième show, prendre le temps de boire une bière sur la terrasse du convention hall et d’écouter les concerts en plein air de la scène d’été du Stone Pony, les Blues Travellers et les Wallflowers (dont le leader est le fils de Dylan)…histoire de profiter une dernière fois des effluves des premiers albums…puis de sauter dans l’avant dernier train pour New York, là où l’histoire a continué…
Vous avez tous lu des récits des concerts au Metlife alors je ne vais pas m’aventurer dans un résumé chanson par chanson. Ces deux concerts (j’ai assisté au deux premiers) ont simplement été les deux meilleurs qu’il m’ait été donné de vivre. Le contexte y joue beaucoup, bien sûr (Je n’étais jamais allé dans le New Jersey). Mais maintenant je suis sûr que chez lui il y a un truc en plus, qui fait que l’expérience est, en ce qui me concerne, unique. Le plaisir qu’il avait à partager ces moments, les petites histoires avant les chansons, les chansons choisies évidemment, le final sur « Jersey Girl » et ses feux d’artifice, « Youngstown » et « The ghost of Tom Joad » jouées le même soir, le chef d’œuvre « New York City Serenade » en ouverture et son « It’s midnight in Manhattan » au début du deuxième couplet, ovationné par la foule alors que la nuit tombe sur les meadowlands et que la skyline de New York commence à s’allumer à quelques kilomètres, « Lost in the Flood », « American Skin », « Backstreets » magistrales, tout ça a été bouleversant. Le retour d’une série de chansons construite autour de « Death To My Hometown » avec des connotations très sociales (« Jack Of All Trade », « Mansion On the Hill », « Youngstown », "American Skin", etc) est une belle surprise. La grande différence avec l’Europe réside beaucoup dans le fait que la foule comprend ce que Springsteen dit, ça paraît bizarre à dire comme ça, mais même si les américains ne dansent ou ne bougent pas comme en Europe, en tout cas dans le New Jersey, ils sont véritablement à l’unisson. Le public ressent davantage les mots et ça se sent énormément. Une chanson comme "Rosalita" est récitée du premier au dernier couplet par tout le stade. Et puis, le mec qui est sur scène fait référence à des lieux, des routes, des restaurants, etc. que beaucoup de gens connaissent depuis longtemps, depuis toujours. Un peu comme si, pour moi qui suis stéphanois, Lavilliers avait écrit une vingtaine de bonnes chansons comme « Saint –Etienne » et qu’il les jouait à chaque concert…
Rosalita - 23 août 2016
Hungry Heart - 25 août 2016
Avec un peu de recul on ne peut pas s’empêcher de penser qu’il a joué ses concerts comme si c’était les derniers, où en tout cas « au cas où » ce soit les derniers. L’expérience a été incroyable, inoubliable. Au-dessus de toutes mes attentes…Mais le clou de toutes ces émotions restera cependant la pizza aux boulettes de viandes dégustée à la pizzeria Federici’s (fréquentée régulièrement par Springsteen), sur Main Street à Freehold. Un vrai délice même si Bruce n’avait visiblement pas choisi le même jour que nous pour y passer…
Now Mister I ain’t a boy, but I’m a man, and I believe in a promised land…
Saint-Etienne - Bernard Lavilliers
Yann
Dernière édition par Yann42 le Mar 13 Sep 2016 - 20:21, édité 4 fois
Yann42- Messages : 137
Date d'inscription : 19/06/2011
Re: De retour du New Jersey
Grand merci pour ce compte rendu , Yann
outlawpedro- Messages : 2846
Date d'inscription : 15/06/2011
Age : 66
Album préféré : Darkness On The Edge Of Town
Re: De retour du New Jersey
Superbe récit Yann, tu nous montres que l'expérience du lieu, du contexte donne la tonalité du concert, on comprend mieux pourquoi il est plus sûr de lui et va sur des terrains plus aventureux si près de chez lui. Content que tu ais pu vivre cette aventure.
papi- Messages : 1459
Date d'inscription : 14/06/2011
Age : 56
Localisation : Toulouse, banlieue nord de Barcelone
Re: De retour du New Jersey
Thanks a lot Yann
Marc- Admin
- Messages : 5784
Date d'inscription : 13/06/2011
Re: De retour du New Jersey
Merci d'avoir pris le temps de rédiger et partager cette chouette tranche de vie!
CC Rider- Messages : 6876
Date d'inscription : 14/06/2011
Age : 103
Re: De retour du New Jersey
Excellent merci.
ça me rappelle mes propres concerts au Giant stadium en 2008.
Notamment le fait que les Américains "connaissent les paroles". Je pense que le fait que tu aies été dans la fosse aide aussi pas mal, pour l'implication. Parce que moi j'avais fait deux concerts dans deux tribunes différentes et les deux expériences avaient été opposées. Quand j'étais en catégorie 1, les gens autour de moi pensaient qu'à boire et bouffer mais par contre, les pauvres qui s'étaient saignés pour avoir leur billet tout en haut du stade se sont éclatés, on a chanté à l'unisson, on a fait la chaîne et ce fut le meilleur concert de ma vie
Je suis jaloux.
ça me rappelle mes propres concerts au Giant stadium en 2008.
Notamment le fait que les Américains "connaissent les paroles". Je pense que le fait que tu aies été dans la fosse aide aussi pas mal, pour l'implication. Parce que moi j'avais fait deux concerts dans deux tribunes différentes et les deux expériences avaient été opposées. Quand j'étais en catégorie 1, les gens autour de moi pensaient qu'à boire et bouffer mais par contre, les pauvres qui s'étaient saignés pour avoir leur billet tout en haut du stade se sont éclatés, on a chanté à l'unisson, on a fait la chaîne et ce fut le meilleur concert de ma vie
Je suis jaloux.
skip mccoy- Messages : 177
Date d'inscription : 24/11/2011
Re: De retour du New Jersey
merci pour ce partage
paulsh- Messages : 90
Date d'inscription : 29/07/2011
Age : 64
Localisation : The river
Album préféré : Born To Run
Re: De retour du New Jersey
Waoooh Superbe récit. Merci!
Captain Jack Sparrow- Messages : 358
Date d'inscription : 15/06/2011
Age : 65
Localisation : En face de New York
Re: De retour du New Jersey
Merci pour ton récit !
Haston- Messages : 1
Date d'inscription : 16/12/2012
Album préféré : Darkness On The Edge Of Town
Re: De retour du New Jersey
Merci, bravo et j'espère vivre la même expérience que toi lors de sa prochaine tournée avec le E.Street !
BTR60- Messages : 995
Date d'inscription : 15/06/2011
Age : 64
Localisation : Oise
Album préféré : Born To Run
Re: De retour du New Jersey
Super Expérience ! Merci pour ce partage Yann42. Tu fais un jaloux de plus, surtout pour les concerts...
StfBossFan- Messages : 5
Date d'inscription : 21/02/2017
Album préféré : The River
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