La suite des aventures... album et tournée..

On a déjà beaucoup écrit sur l'universalité des chansons de Springsteen pourtant bien ancrées en Amérique. On oublie souvent d'ajouter que personne en réalité n'en a rien à faire de l'Amérique puisque nous sommes dans un monde américain (jusqu'à présent, mais on sent d'ailleurs que ça ne va pas tarder, ou que ça a déjà commencé à basculer). Autrement dit, ce ne sont pas seulement les textes de Bruce qui sont universels. C'est aussi (jusqu'à présent), l'Amérique, quoi qu'on en pense. Peut-être que dans quelques décennies on écoutera des rockers chinois et que ça nous parlera, mais pas encore. Qu'on aime ou pas l'Amérique (je me méfie des généralisations dans les deux sens), dire qu'on s'en fout, c'est comme habiter Lutèce en 100 après JC (celui qui marche sur l'eau) et dire que les Romains ne nous influencent pas, ou Paris au Moyen-Age en affirmant que l'église catholique n'a aucune importance. Qu'on le veuille ou pas Bruce est universel parce que, avant tout, il est américain, et que sa culture domine encore le monde. C'est aussi pour cela que ses chroniques nous captivent, quelque chose me souffle en plus que les fans de Bruce sont un peu plus que la moyenne intéressés par l'Amérique.
Je pense que Springsteen ne chronique pas l'Amérique par manque d'inspiration mais parce que son inspiration est depuis des années liée à ces chroniques plus qu'à de pures questions métaphysiques. Honnêtement quand il cherche à parler d'amour fleur bleue comme dans Woad, j'ai plus de mal. C'est comme si Hemingway s'était mis dans la tête d'écrire un Harlequin.

J'ajoute que je serais ravi que Bruce élargisse un peu son horizon géographique et sorte un peu de ses frontières, comme Eastwood l'a fait par ex dans le cinéma.

intéressant tout ça...

En attendant, il nous fait quoi, l'ami Laforge, là:

http://ericlaforge.unblog.fr/2011/09/10/bruce-sprinsgteen-boss-pour-vous/

Et ça continue ......

http://www.rttnews.com/Content/EntertainmentNews.aspx?Section=2&Id=1710886&SM=1

arizona a écrit: Qu'on le veuille ou pas Bruce est universel parce que, avant tout, il est américain, et que sa culture domine encore le monde.

Qu'il y ait une hégémonie culturelle américaine, cela est difficilement contestable (pour le meilleur comme pour le pire, cette influence est en effet incontournable depuis longtemps désormais - no big deal).

Ceci étant dit -et pour ce qui me concerne- cela reste le talent de Springsteen qui confère à son travail de l'intérêt, une certaine universalité et fait qu'il continue de fasciner.

Ainsi, de mon point de vue, c'est bien sa créativité et la qualité de son écriture qui lui permet de toucher un vaste public, davantage que son origine géographique ou culturel (même si cela compte aussi pour vendre des disques ).

Pour donner un exemple concret, qui a déjà traversé traversé Asbury Park, sait très bien que ce coin du New Jersey n'a guère d'intérêt, c'est bien la vision de Springsteen qui a donné une certaine aura à cet endroit (et non pas l'inverse).
S'il avait était né ailleurs qu'aux USA, Bruce aurait sans doute rendu cette ailleurs tout aussi intéressant.

Bien entendu, l'Amérique captive, je suis entièrement d'accord avec ça, et je ne suis pas le dernier à être attiré par ses charmes mais je ne pense pas pour autant qu'il faut trop réduire notre goût pour les artistes américains à cela.

Bon, en même temps , il est clair que l'on ne peut pas pour autant dissocier les artistes de leur environement d'origine, cela compte évidemment.

Cependant je n'aime pas Bob Marley parce qu'il est jamaicain -même si je ne peux pas l'ignorer non plus- et j'aime Kaurismaki malgré qu'il soit finlandais.
Aussi, j'ai aimé Joe Strummer comme un frêre alors que je n'ai aucune famille en Grande Bretagne...
Pour moi, ils sont aussi universels que Springsteen, aucun n'est américain.
C'est toujours un peu la même préoccupation en la matière: l'artiste plus que l'homme.

arizona a écrit: Honnêtement quand il cherche à parler d'amour fleur bleue comme dans Woad, j'ai plus de mal. C'est comme si Hemingway s'était mis dans la tête d'écrire un Harlequin. .

'Born To Run', 'The River', 'Tunnel Of Love' comportent plein de chansons d'amour (souvent contrariées, certes) dont je ne me lasse pas. Elles sont admirablement bien écrites. Le problème de WOAD n'est pas que cet album renferme des chansons "fleur bleue", c'est qu'elles sont globalement sans grand intérêt sur le plan de l'écriture et de l'interprétation (même si elles sont made in the USA).

C'est difficile de cerner la "culture américaine" et je ne crois pas que Springsteen fasse partie de la "culture américaine dominante". En réalité, l'accès à la "culture" est de plus en plus catastrophique par ici.
Ceci dit, je ne crois qu'il y ait d'opposition entre le fait que l'univers "américain" infuse largement les textes ("Bill Horton was a cautious man of the road") et que ceux-ci atteignent une certaine universalité.
Tout comme, on peux aimer les films très japonais de Kurosawa ou les romans très russes de Tolstoï.
Pour en revenir à Springsteen, on ne trouve pas -sauf erreur- de références autres que nord-américaines (à la réserve des références frontalières dans Tom Joad) dans ces textes à la différence d'un Strummer ou même d'un Dylan (par exemple).

Fabrice a écrit: Pour en revenir à Springsteen, on ne trouve pas -sauf erreur- de références autres que nord-américaines.

Que Springsteen soit éminemment américain, c'est l'évidence.

Que cette identité ajoute à l'intérêt artistique qu'on peut lui trouver, c'est là ou de mon côté je dis, bof, pas forcément.

Pour ceux qui ont fait de 'Born In The Usa' son plus grand succès (plutôt que 'Born To Run' ou 'Darkness', on va dire, pour rester dans les classiques), probablement que cela compte.

Ce que j'entendais par là, c'est que Springsteen ne s'est jamais frotté à d'autres sources d'inspirations. De ce point de vue, il me semble difficile de séparer "identité" et "expressions artistiques", Le fait est que l'essentiel de l'art de Springsteen est de capter, de catalyser, de produire un décalage du réel(on est plus du côté de la représentation).
Born to run ou Darkness sont tout tout autant des portraits de l'Amérique que Born in the USA l'est.
Je me demande si nous n'avons pas un faux débat. J'ai l'impression , plus que l'américanité, c'est la question du commentaire -comme thématique centrale- de l'actualité nord-américaine qui fait question. Et le fait que le commentaire immédiat peut être un obstacle à l'universalité d'une chanson (dans l'espace comme dans le temps).

S'il avait était né ailleurs qu'aux USA, Bruce aurait sans doute rendu cette ailleurs tout aussi intéressant.

Sauf que nous aurions nettement moins de chances de l'avoir connu. Je parie qu'il existe des tas de Springsteen sur la planète, mais pas dans la culture dominante.
On en reparle dans 40 ans...

Fabrice a écrit: plus que l'américanité, c'est la question du commentaire -comme thématique centrale- de l'actualité nord-américaine qui fait question. Et le fait que le commentaire immédiat peut être un obstacle à l'universalité d'une chanson (dans l'espace comme dans le temps).

Je pense à Last to die qui a quasiment la même idée que Roulette, pour finalement n'apporter pas grand chose de plus ou de mieux...
C'est aussi une question de tournage en rond et de redite. C'est pas spécialement une question d'universalité ou de thématique américaine... mais bien une question de créativité...
Ou quand on remet un vers de Shut out the light dans Gypsy biker...

Plus globalement, je rappelle aussi les critiques de Kaganski sur Magic et woad qui montrent bien le danger qui guette un éventuel futur album après 2 albums comme magic et woad et l'ornière dont il va falloir se sortir...

Fan et critique à la fois, subtil mélange indissociable...

Mais faire la critique et quelle critique d'ailleurs d'un album dont personne ne connait ni le contenu ni la date de sortie aussi imminente soit-elle, c'est très fort.

Après avoir déjà décripté l'impossible dites, z'auriez pas les numéros du loto?

Gagnants bien sûr.

Où as tu lu une critique d'un prochain album?

Trouvé sur BTX, assez drôle, et c'est lié un peu ce qui était dit plus haut

http://www.theonion.com/articles/bruce-springsteen-releases-new-scifi-concept-album,21358/

Springsteen publie un concept album titré Red Dust, qui explore la vie quotidienne et les luttes des travailleurs immigrés qui travaillent dans les mines de carbonate au 23e siècle, sur Mars....

On attend la critique des Bogdanoff...