Nebraska : 30 ans
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Nebraska : 30 ans
Je sais, l'album est sorti en septembre.
Mais le 3 janvier 1982, Springsteen s'installait tout seul dans sa chambre du New Jersey et enregistrait Nebraska.
Mais le 3 janvier 1982, Springsteen s'installait tout seul dans sa chambre du New Jersey et enregistrait Nebraska.
Dernière édition par marcolas le Jeu 5 Jan 2012 - 10:11, édité 1 fois
Re: Nebraska : 30 ans
marcolas a écrit:Je sais, l'album est sorti en septembre.
Mais le 3 septembre 1982, Springsteen s'installait tout seul dans sa chambre du New Jersey et enregistrait Nebraska.
Je pense que tu parles du 3 Janvier
Ou alors si vraiment à cette époque il enregistrait un album le 3 et le sortait avant la fin du même mois, y'a pas à dire il était bien plus rapide que maintenant le bougre
Marc- Admin
- Messages : 5784
Date d'inscription : 13/06/2011
Re: Nebraska : 30 ans
autant l'album est simple musicalement, autant les paroles sont écrites
admin- Messages : 1533
Date d'inscription : 13/06/2011
Re: Nebraska : 30 ans
...vivement le coffret spécial 30 ans pour Noel 2012
...en attendant, Nebraska est aussi un album illustré de magnifiques photos
en voici une :
...en attendant, Nebraska est aussi un album illustré de magnifiques photos
en voici une :
Re: Nebraska : 30 ans
avec les versions fullband...
un article du telegraph sur le sujet
http://www.telegraph.co.uk/culture/books/bookreviews/8994760/Heart-Of-Darkness-Bruce-Springsteens-Nebraska-by-David-Burke-review.html
et merci à Steve Van Zandt de lui avoir soufflé l'idée de sortir ça tel quel
un article du telegraph sur le sujet
http://www.telegraph.co.uk/culture/books/bookreviews/8994760/Heart-Of-Darkness-Bruce-Springsteens-Nebraska-by-David-Burke-review.html
et merci à Steve Van Zandt de lui avoir soufflé l'idée de sortir ça tel quel
admin- Messages : 1533
Date d'inscription : 13/06/2011
Re: Nebraska : 30 ans
Un petit dialogue qui se trouvait sur spirit, il y a maintenant fort longtemps.
Les sessions électriques de Nebraska
La scène et les acteurs :
Le groupe est dans le home studio et tente de faire des arrangements du nouveau lot de chansons écrites par Bruce.
Bruce : Ça sonne… ça sonne bien… ça sonne bien… attendez… attendez… nooon… nooon… je le… je le sens pas.
Clarence : C'est quoi, le problème, Boss ? Ça roulait plutôt bien pour moi.
Bruce : Y a… y a quelque chose qui cloche.
Clarence : Tu es trop près du truc, Boss... ça sonne bien, n'est-ce pas, les gars ?
Steve : Je pense que ce qu'il essaie de dire, Big Man, c'est qu'un grand solo de sax n'est pas ce qu'il faut à "State Trooper" à ce moment précis.
Clarence : Lâche-moi, Miami, tu veux ... tu peux parler, toi... je pense pas que ton arrangement de cuivres pour "My Father's House" l'ait vraiment emballé non plus.
Bruce : Hé... du calme les gars.. on l'essaie maintenant avec juste la basse et la caisse claire ... Gar... commence, mon vieux.......et un, deux, trois...
Clarence : Dis, Boss... J'adore les nouvelles chansons et tout… mais tu as, heu, tu as des trucs du style "Sherry Darlin" cette fois-ci ?
Bruce : Nan...nan... la fête est finie, Big Man... on prend une nouvelle direction là.
Clarence (chuchotant à Danny) : Merde... Je déteste quand il fait ça... il sème tout le monde.
Bruce : Qu'est-ce qu'il y a, Big Man ?
Clarence : C'est rien, Boss... tranquille... j'ai envie de me lâcher un peu, c'est tout.
Steve : Ouais, Boss... Euh, t'as écrit d'autres chansons à part celles-ci ??
Bruce : Hé... vous croyez que c'était un pur hasard de terminer "River" par "Wreck on the Highway" ? Je vous ai dit... on essaie quelque chose de nouveau ici... une nouvelle direction.
Steve : Je te suis, Boss... Je te suis... Je pensais simplement qu'on pourrait prendre la nouvelle direction, et, comment dire, la passer à la vitesse supérieure.
Bruce : La passer à la vitesse supérieure ? Comment ça ?
Steve : Ben... écoute... si on prenait ce Joe Roberts et que, j'sais pas, on le mettait dans une fête à la plage ou un truc du genre ?
Bruce : Mais il est pas à la plage... c'est un policier de la route... ça n'a pas de sens qu'il soit sur une plage.
Steve : OK… d'accord… ben, tu pourrais le faire… le faire disperser une fête étudiante ou un truc comme ça.
Clarence : Ce serait génial. Ouais, Boss !
Bruce : Les gars... les gars, vous êtes à côté de la plaque là... on prend une nouvelle direction ici… je pensais Hank Williams... Woody Guthrie.
Steve : T'es sûr que c'est le bon choix, Boss ? Woody Guthrie ? Il est pas exactement numéro un en ce moment.
Bruce : Je... j'sais pas... c'est juste un truc que je veux essayer.
Roy : OK... J'ai une idée... qu'est-ce que vous en pensez ?… si on faisait une intro bien rythmée au piano sur celle qui parle d'Atlantic City ?
Bruce : Nan... nan, Roy... J'veux pas d'intro bien rythmée... mais qu'est-ce que vous avez, les gars ?
Danny : Un peu de glockenspiel alors ? Ou une vague miroitante de claviers ?
Bruce : Les gars... vous êtes largués, là.
Clarence : J'ai pas besoin de me lâcher alors... si je fais simplement des riffs sur celle qui parle de ce gars Starkwilly, comme sur "Ramrod"... rien de très lourd. Qu'est-ce que t'en dis ?
Bruce : C'est pas bon... pas bon.
Steve (qui s'impatiente) : Hé, j'veux pas te vexer, Boss... mais ces chansons foutent les boules, mon vieux. J'veux dire.... des mecs qui passent à la chaise électrique ? Taper des chiens morts avec un bâton ? Des diables aux trousses et tout le merdier ? Merde, Boss... c'est NOIR.
Bruce : Ça s'appelle des images poétiques austères, Stevie... c'est peut-être un peu compliqué pour toi, hein ?
Steve : Hé, prends pas ça pour toi, Boss... les gars... soutenez-moi un peu ici... mais, euh... peut-être que t'as besoin de prendre un petit peu de soleil ou quelque chose... t'as l'air pâlot, vieux... t'as été enfermé trop longtemps dans cette maison. T'es pas venu à un seul match de softball cette saison.
Bruce : Miami... c'est pas exactement le softball qui m'a empêché de dormir la nuit - tu vois c'que j'veux dire ? Tu devrais peut-être faire une petite pause, hein, avant que tu me fasses vraiment chier là.
Steve : Du calme, Boss... C'est rien... Je sais où tu vas avec tout ça... c'est juste que t'as peut-être pas besoin de nous sur celui-ci.
Bruce : Je... j'sais pas, Stevie... je voudrais tellement, mais…
Steve : Ben, moi, j'vais faire un break... j'vais aller enregistrer des pistes pour l'album solo. La Voix de l'Amérique m'appelle, les gars.
Clarence : Ah ouais ? Et qu'est-ce qu'elle te dit ? Elle te dit jamais de t'habiller comme un Américain plutôt que comme un pirate à deux balles ??
Steve : Du calme, C... ou je mettrai le Capitaine Ahab à tes trousses.
Bruce : Arrêtez... allez... Ok... ok... ouais... bonne idée, Stevie...pourquoi pas faire un break.
Steve : Mais continue à y bosser, vieux... Je pense que t'as quelque chose là... peut-être que tu finiras par y arriver ... *Commence à sourire*... hé, peut-être que cette "USA" deviendra, tu sais, comme un nouvel hymne national ou quelque chose comme ça.
Tout le groupe rigole... Bruce a un sourire narquois.
Bruce : OK Stevie... maintenant tu fais ton intéressant... vas-y... tire-toi.
Steve : D'accord, Boss.
Bruce : Pourquoi vous... pourquoi vous faites pas tous un p'tit break pour l'instant ... sérieusement... faut que je réfléchisse encore à tout ça.
Max : T'es sûr, Boss ? Je pensais qu'un petit roulement de tambour à la fin de "Used Cars" pourrait être utile. Je pense que ça pourrait vraiment aider à souligner que le petit est vraiment mécontent d'être pauvre...
Bruce : Max....
Max : Tu sais... le rendre vraiment...
Bruce : Max....
Max : ...tangible.
Bruce : Max...
Max : Non, Boss ?
Bruce (disant non de la tête) : Non.
Max : Désolé, Boss... peut-être que t'as raison - on devrait tous faire un break.
Bruce : Ouais... ouais... peut-être qu'on réessaiera le tout demain... J'vous l'dirai.
Le groupe remballe lentement et commence à partir.
Clarence : A plus, Boss.
Steve : Ouais, à plus, Boss. Sans rancune, hein ?
Max : 'ne nuit Boss.
Garry : Salut, vieux.
Danny : A plus, les gars.
Roy (tapant dans le dos de Bruce) : Demain est un autre jour, mon pote.
Bruce : Ouais... ouais... à plus... à plus............. hé, qui a...
La porte se ferme
Bruce : ....la bande ?
FIN
Les sessions électriques de Nebraska
La scène et les acteurs :
Le groupe est dans le home studio et tente de faire des arrangements du nouveau lot de chansons écrites par Bruce.
Bruce : Ça sonne… ça sonne bien… ça sonne bien… attendez… attendez… nooon… nooon… je le… je le sens pas.
Clarence : C'est quoi, le problème, Boss ? Ça roulait plutôt bien pour moi.
Bruce : Y a… y a quelque chose qui cloche.
Clarence : Tu es trop près du truc, Boss... ça sonne bien, n'est-ce pas, les gars ?
Steve : Je pense que ce qu'il essaie de dire, Big Man, c'est qu'un grand solo de sax n'est pas ce qu'il faut à "State Trooper" à ce moment précis.
Clarence : Lâche-moi, Miami, tu veux ... tu peux parler, toi... je pense pas que ton arrangement de cuivres pour "My Father's House" l'ait vraiment emballé non plus.
Bruce : Hé... du calme les gars.. on l'essaie maintenant avec juste la basse et la caisse claire ... Gar... commence, mon vieux.......et un, deux, trois...
Clarence : Dis, Boss... J'adore les nouvelles chansons et tout… mais tu as, heu, tu as des trucs du style "Sherry Darlin" cette fois-ci ?
Bruce : Nan...nan... la fête est finie, Big Man... on prend une nouvelle direction là.
Clarence (chuchotant à Danny) : Merde... Je déteste quand il fait ça... il sème tout le monde.
Bruce : Qu'est-ce qu'il y a, Big Man ?
Clarence : C'est rien, Boss... tranquille... j'ai envie de me lâcher un peu, c'est tout.
Steve : Ouais, Boss... Euh, t'as écrit d'autres chansons à part celles-ci ??
Bruce : Hé... vous croyez que c'était un pur hasard de terminer "River" par "Wreck on the Highway" ? Je vous ai dit... on essaie quelque chose de nouveau ici... une nouvelle direction.
Steve : Je te suis, Boss... Je te suis... Je pensais simplement qu'on pourrait prendre la nouvelle direction, et, comment dire, la passer à la vitesse supérieure.
Bruce : La passer à la vitesse supérieure ? Comment ça ?
Steve : Ben... écoute... si on prenait ce Joe Roberts et que, j'sais pas, on le mettait dans une fête à la plage ou un truc du genre ?
Bruce : Mais il est pas à la plage... c'est un policier de la route... ça n'a pas de sens qu'il soit sur une plage.
Steve : OK… d'accord… ben, tu pourrais le faire… le faire disperser une fête étudiante ou un truc comme ça.
Clarence : Ce serait génial. Ouais, Boss !
Bruce : Les gars... les gars, vous êtes à côté de la plaque là... on prend une nouvelle direction ici… je pensais Hank Williams... Woody Guthrie.
Steve : T'es sûr que c'est le bon choix, Boss ? Woody Guthrie ? Il est pas exactement numéro un en ce moment.
Bruce : Je... j'sais pas... c'est juste un truc que je veux essayer.
Roy : OK... J'ai une idée... qu'est-ce que vous en pensez ?… si on faisait une intro bien rythmée au piano sur celle qui parle d'Atlantic City ?
Bruce : Nan... nan, Roy... J'veux pas d'intro bien rythmée... mais qu'est-ce que vous avez, les gars ?
Danny : Un peu de glockenspiel alors ? Ou une vague miroitante de claviers ?
Bruce : Les gars... vous êtes largués, là.
Clarence : J'ai pas besoin de me lâcher alors... si je fais simplement des riffs sur celle qui parle de ce gars Starkwilly, comme sur "Ramrod"... rien de très lourd. Qu'est-ce que t'en dis ?
Bruce : C'est pas bon... pas bon.
Steve (qui s'impatiente) : Hé, j'veux pas te vexer, Boss... mais ces chansons foutent les boules, mon vieux. J'veux dire.... des mecs qui passent à la chaise électrique ? Taper des chiens morts avec un bâton ? Des diables aux trousses et tout le merdier ? Merde, Boss... c'est NOIR.
Bruce : Ça s'appelle des images poétiques austères, Stevie... c'est peut-être un peu compliqué pour toi, hein ?
Steve : Hé, prends pas ça pour toi, Boss... les gars... soutenez-moi un peu ici... mais, euh... peut-être que t'as besoin de prendre un petit peu de soleil ou quelque chose... t'as l'air pâlot, vieux... t'as été enfermé trop longtemps dans cette maison. T'es pas venu à un seul match de softball cette saison.
Bruce : Miami... c'est pas exactement le softball qui m'a empêché de dormir la nuit - tu vois c'que j'veux dire ? Tu devrais peut-être faire une petite pause, hein, avant que tu me fasses vraiment chier là.
Steve : Du calme, Boss... C'est rien... Je sais où tu vas avec tout ça... c'est juste que t'as peut-être pas besoin de nous sur celui-ci.
Bruce : Je... j'sais pas, Stevie... je voudrais tellement, mais…
Steve : Ben, moi, j'vais faire un break... j'vais aller enregistrer des pistes pour l'album solo. La Voix de l'Amérique m'appelle, les gars.
Clarence : Ah ouais ? Et qu'est-ce qu'elle te dit ? Elle te dit jamais de t'habiller comme un Américain plutôt que comme un pirate à deux balles ??
Steve : Du calme, C... ou je mettrai le Capitaine Ahab à tes trousses.
Bruce : Arrêtez... allez... Ok... ok... ouais... bonne idée, Stevie...pourquoi pas faire un break.
Steve : Mais continue à y bosser, vieux... Je pense que t'as quelque chose là... peut-être que tu finiras par y arriver ... *Commence à sourire*... hé, peut-être que cette "USA" deviendra, tu sais, comme un nouvel hymne national ou quelque chose comme ça.
Tout le groupe rigole... Bruce a un sourire narquois.
Bruce : OK Stevie... maintenant tu fais ton intéressant... vas-y... tire-toi.
Steve : D'accord, Boss.
Bruce : Pourquoi vous... pourquoi vous faites pas tous un p'tit break pour l'instant ... sérieusement... faut que je réfléchisse encore à tout ça.
Max : T'es sûr, Boss ? Je pensais qu'un petit roulement de tambour à la fin de "Used Cars" pourrait être utile. Je pense que ça pourrait vraiment aider à souligner que le petit est vraiment mécontent d'être pauvre...
Bruce : Max....
Max : Tu sais... le rendre vraiment...
Bruce : Max....
Max : ...tangible.
Bruce : Max...
Max : Non, Boss ?
Bruce (disant non de la tête) : Non.
Max : Désolé, Boss... peut-être que t'as raison - on devrait tous faire un break.
Bruce : Ouais... ouais... peut-être qu'on réessaiera le tout demain... J'vous l'dirai.
Le groupe remballe lentement et commence à partir.
Clarence : A plus, Boss.
Steve : Ouais, à plus, Boss. Sans rancune, hein ?
Max : 'ne nuit Boss.
Garry : Salut, vieux.
Danny : A plus, les gars.
Roy (tapant dans le dos de Bruce) : Demain est un autre jour, mon pote.
Bruce : Ouais... ouais... à plus... à plus............. hé, qui a...
La porte se ferme
Bruce : ....la bande ?
FIN
#nicola#- Messages : 924
Date d'inscription : 22/06/2011
Age : 38
Localisation : Paris
Re: Nebraska : 30 ans
ailleurs il est évoqué la sortie et le battage ou non fait autour du prochain album du boss.
Amusant lorsque je me rappelle comment j'ai découvert "Nebraska" et comment cet album est arrivé dans les magasins à l'époque.
J'étais disquaire pour mon métier et DJ radio pour mes loisirs.
Une émission quotidienne qui présentait les nouveautés.
Et puis un lundi, mon représentant CBS (ça s'appelait encore CBS) vient au magasin et me dit "je sais que tu aimes beaucoup la musique de ce mec, voici son nouvel album, je viens d'avoir le White label".
Et de me refiler l'album pour la soirée, le temps de le présenter en intégralité à la radio en meublant les blanc entre les titres de quelques commentaires.
Sans visuel ni titres ni détails, avec comme seul soutient pour parler un article paru dans la presse.
Ca avait fait une bonne émission
C'était une bonne quinzaine de jours avant la sortie officielle de l'album.
Un chouia plus détendu comme atmosphère, moins sacralisé on va dire.
Un genre de rapport "normal" avec la musique.
L'album avait déboulé comme çà, sans tambours ni trompettes, sans grand chose en fait, si ce n'est le son et les chansons.
Pour les visuels, à noter une série d'affiches promotionnelles (PLV), éditées à l'époque par CBS, absolument remarquables de beauté et de qualité.
Souvenirs souvenirs...
Amusant lorsque je me rappelle comment j'ai découvert "Nebraska" et comment cet album est arrivé dans les magasins à l'époque.
J'étais disquaire pour mon métier et DJ radio pour mes loisirs.
Une émission quotidienne qui présentait les nouveautés.
Et puis un lundi, mon représentant CBS (ça s'appelait encore CBS) vient au magasin et me dit "je sais que tu aimes beaucoup la musique de ce mec, voici son nouvel album, je viens d'avoir le White label".
Et de me refiler l'album pour la soirée, le temps de le présenter en intégralité à la radio en meublant les blanc entre les titres de quelques commentaires.
Sans visuel ni titres ni détails, avec comme seul soutient pour parler un article paru dans la presse.
Ca avait fait une bonne émission
C'était une bonne quinzaine de jours avant la sortie officielle de l'album.
Un chouia plus détendu comme atmosphère, moins sacralisé on va dire.
Un genre de rapport "normal" avec la musique.
L'album avait déboulé comme çà, sans tambours ni trompettes, sans grand chose en fait, si ce n'est le son et les chansons.
Pour les visuels, à noter une série d'affiches promotionnelles (PLV), éditées à l'époque par CBS, absolument remarquables de beauté et de qualité.
Souvenirs souvenirs...
CC Rider- Messages : 6876
Date d'inscription : 14/06/2011
Age : 104
Re: Nebraska : 30 ans
Pour ma part, je l'ai découvert par hasard chez mon disquaire.
Je l'ai acheté sur son nom.
Grosse surprise lors de la première écoute, mais quelle claque par la suite !
Je l'ai acheté sur son nom.
Grosse surprise lors de la première écoute, mais quelle claque par la suite !
outlawpedro- Messages : 2846
Date d'inscription : 15/06/2011
Age : 66
Album préféré : Darkness On The Edge Of Town
Re: Nebraska : 30 ans
CC Rider a écrit:
L'album avait déboulé comme çà, sans tambours ni trompettes, sans grand chose en fait, si ce n'est le son et les chansons
l'essentiel en fait
Nebraska est en fait le premier album de Springsteen que j'ai acheté.
J'ai découvert Springsteen en 95 pour la sortie de Tom Joad, et après être tombé par hasard sur une emission de george lang passant des titres de Nebraska pour tisser une analogie acoustique et thématique avec le nouvel album, j'avais eu envie de commencer par celui-là.
j'ai fait tourner la k7 dans mon walkman (et oui, autre époque !) tout l'hiver. C'etait l'année de ma terminale, l'année où j'apprenais à jouer de la guitare, et où j'étais très axé folk song. Dylan, Simon & Garfunkel.
Nebraska ne pouvait donc que me plaire, et son côté glaçant allait très bien avec cet hiver là, très froid à Lyon, et où j'aimais marcher longtemps dans les rues pour pas trop être chez mes parents.
L'imprégnation de la solitude, ça collait bien avec ce que Springsteen ressentait et exprimait dans Nebraska.
Cet album a donc une valeur très affective pour moi, très personnelle.
Au delà de cela, je trouve que ce projet etait juste génial, osé, direct. Sortir un tel album, comme ça, c'est très fort.
Et les chansons qui le compose sont vraiment de grande qualité.
Quel plaisir aussi de retrouver certaines versions "éléctrisées" lors des tournées.
et ces visuels dont parle Christophe...
j'en reposte quelques une:
Re: Nebraska : 30 ans
quand il était sorti , cet album m'avait mis une grosse claque car je n'étais pas habitué à écouter ce genre d'album .
cela avait été une révélation pour moi , ce vinyl (45 Frs à l'époque , j'ai encore le prix dessus ) a tourné en boucle pendant de lonngs moments .
maintenant je continue à l'écouter mais en cd et je me régale toujours autant .
d'ailleurs j'avais cassé ma tirelire (200 frs) ensuite en tombant sur un 45t "open all night" chez un disquaire collectionneur à Strasbourg, le vinyl avait un défaut d'impression donc n'aurait jamais du arriver sur le marché , pièce unique ?
et à noter aussi le magnifique bootleg "Nebraska live "
cela avait été une révélation pour moi , ce vinyl (45 Frs à l'époque , j'ai encore le prix dessus ) a tourné en boucle pendant de lonngs moments .
maintenant je continue à l'écouter mais en cd et je me régale toujours autant .
d'ailleurs j'avais cassé ma tirelire (200 frs) ensuite en tombant sur un 45t "open all night" chez un disquaire collectionneur à Strasbourg, le vinyl avait un défaut d'impression donc n'aurait jamais du arriver sur le marché , pièce unique ?
et à noter aussi le magnifique bootleg "Nebraska live "
the diver- Messages : 1100
Date d'inscription : 17/06/2011
Age : 56
Localisation : Brest même
Album préféré : The River
Re: Nebraska : 30 ans
Bruce, disquaire, Strasbourg !the diver a écrit:
d'ailleurs j'avais cassé ma tirelire (200 frs) ensuite en tombant sur un 45t "open all night" chez un disquaire collectionneur à Strasbourg, le vinyl avait un défaut d'impression donc n'aurait jamais du arriver sur le marché , pièce unique ?
ca me rappelle qq'un
Ce disquaire collectionneur, ne serait-ce pas notre CCR international
kidboss- Messages : 1324
Date d'inscription : 14/06/2011
Age : 56
Localisation : 22 Bretagne
Album préféré : The River
Re: Nebraska : 30 ans
http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2015/05/27/etats-unis-le-nebraska-abolit-la-peine-de-mort_4641965_3222.html
Trop tard pour Charlie Starkweather…
Quant à Johnny 99, la peine de mort a été rétablie dans le New Jersey en… 1982, mais n'a jamais été appliquée… il lui reste donc 66 ans à tirer.
Trop tard pour Charlie Starkweather…
Quant à Johnny 99, la peine de mort a été rétablie dans le New Jersey en… 1982, mais n'a jamais été appliquée… il lui reste donc 66 ans à tirer.
Kyle William- Messages : 1152
Date d'inscription : 23/09/2011
Re: Nebraska : 30 ans
Kyle William a écrit:http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2015/05/27/etats-unis-le-nebraska-abolit-la-peine-de-mort_4641965_3222.html
Trop tard pour Charlie Starkweather…
Quant à Johnny 99, la peine de mort a été rétablie dans le New Jersey en… 1982, mais n'a jamais été appliquée… il lui reste donc 66 ans à tirer.
Probablement moins en tenant compte des inévitables réductions de peine...
bill horton- Messages : 4372
Date d'inscription : 16/06/2011
Localisation : halfway to heaven and just a mile outta hell
Re: Nebraska : 30 ans
bill horton a écrit: Probablement moins en tenant compte des inévitables réductions de peine...
Dois-je lire un soupçon d'ironie ? Serais-tu de ceux qui trouvent la justice américaine trop laxiste ?
Et que ce motherfucker de Johnny devrait faire ses 99 années jusqu'à leurs termes ?
Kyle William- Messages : 1152
Date d'inscription : 23/09/2011
Re: Nebraska : 30 ans
Kyle William a écrit:Dois-je lire un soupçon d'ironie ? Serais-tu de ceux qui trouvent la justice américaine trop laxiste ?
Et que ce motherfucker de Johnny devrait faire ses 99 années jusqu'à leurs termes ?
Précisément.
bill horton- Messages : 4372
Date d'inscription : 16/06/2011
Localisation : halfway to heaven and just a mile outta hell
Re: Nebraska : 30 ans
ma chronique pour XRoads, 2009
BRUCE SPRINGSTEEN
Nebraska (Columbia) Charts: #3 (US)
Septembre 1982
Après la Rivière sortie de son lit pour une tournée triomphale qui permit à l’Europe de le découvrir avec son E Street Band autrement que par l’intermédiaire de comptes-rendus enthousiastes signés Ducray ou Garnier, de clips en import "De Caunes" et de rares bootlegs, Springsteen marque une pause, souffle un brin et écrit une grosse quinzaine de chansons dont « I’m On Fire » et « Born in the USA ». Il les enregistre dans sa maison du New Jersey en deux temps-trois mouvements les 2 et 3 janvier 1982, avec pour tout matériel une vieille Gibson acoustique, un magnéto 4 pistes Tascam Series 144 et le concours d’un certain Mike Batlin, son technicien guitare bombardé ingénieur du son. Je vous passe les détails techniques et les problèmes rencontrés pour transférer ultérieurement ces enregistrements sur un support adéquat. À peu de choses près, c’est la kitchen tape que l’on retrouvera dans les bacs 9 mois plus tard. En effet, quand Springsteen sollicite son avis, Miami Steve van Zandt lui répond sans détour qu’il tient là bien davantage que de simples démos à l’usage du groupe : « En écoutant cette bandes, je mes suis dit qu’il y avait là quelque chose d’extraordinaire, quelque chose d’intime capté accidentellement, quelque chose d’étonnamment cinématographique. Je ne savais pas ce que c’était exactement mais je sais reconnaître ce qui est bon, je fais confiance à mon oreille de producteur ».
Effectivement, les séances effectuées dans la foulée avec le E Street Band ne donneront rien de satisfaisant et plus tard, les versions live n’atteindront jamais l’intensité des originaux (le débat est ouvert !). Avec Nebraska, Springsteen fait en quelque sorte la synthèse de la culture assimilée en autodidacte. Pour faire court, des bouquins de Steinbeck au cinéma de John Ford et Robert Mitchum en passant par le folk de Guthrie et la country de Hank Williams. Il en sort des morceaux sombres, marqués par le désespoir, la violence et/ou la mort, à deux ou trois exceptions près. Ainsi, la chanson-titre est inspirée d’un fait-divers réel, la cavale meurtrière de Charlie Starkweather et de sa petite amie adolescente Caril Ann Fugate, entre Lincoln, Nebraska et les mauvaises terres du Wyoming. La littérature comme le cinéma se sont emparés de l’histoire puisque Terence Mallick s’en inspiré pour Badlands en 1973 et Oliver Stone pour Tueurs-nés, tandis que Lisa Ward dont les grands parents comptent parmi les 10 victimes du jeune couple en tirait un roman Outside Valentine (Éditions 10/18). Au début du morceau récité à la première personne plus que chanté, le protagoniste tient son fusil à canon scié sur ses cuisses. Dix cadavres plus tard, il demande au bourreau que sa pretty baby y prenne place. Pourtant mené sur un rythme soutenu, « Johnny 99 » n’est guère plus joyeux puisqu’il relate le procès de Ralph, meurtrier occasionnel tout juste viré de son usine où il construit des voitures à Mahwah, New Jersey. De même que le personnage de « Nebraska » rejette la responsabilité de son carnage sur ce que le monde charrie de mauvais, Ralph se justifie en expliquant au juge qui le condamne à 99 ans de prison (d’où son surnom), qu’il croulait sous des dettes qu’aucun « honnête homme ne pouvait payer ». C’est à cette même situation qu’est confronté le jeune personnage d’« Atlantic City ». Lui choisira finalement de bosser pour la mafia qui tente à l’époque de reprendre la main sur les casinos de la station balnéaire du New Jersey ("J’ai rencontré ce type et je vais lui rendre un petit service"). Le Roi du poulet qui se fait buter au premier couplet est le parrain Philip Testa, assassiné en mars 1981 par une bombe posée sous le perron de sa maison ("Well they blew up the chicken man in Philly last night/Now they blew up his house too"). À tous ces personnages, nombreux et aux multiples (més)aventures, Springsteen fournit un décor complet, du New Jersey Turnpike, réseau autoroutier élevé au rang de mythe, à Atlantic City, du Nebraska au Wyoming, de Michigan Avenue à la frontière du comté de Michigan. Puisqu’on est dans le mythe, peu importe d’ailleurs qu’il soit géographiquement compliqué pour le Highway Patrolman basé à Perrineville, New Jersey, de laisser son frère filer vers la frontière canadienne, à cinq miles de là. Cendrars ne s’est pas gêné pour emmener des générations de voyageurs par wagons entiers à bord de son Transsibérien… Quant à Sean Penn, il n’a fait pas la fine bouche puisque l’histoire des deux frangins de « Highway Patrolman » lui a fourni la matière de son premier film, Indian Runner…
Pour mieux souligner cette unité thématique, Springsteen a parfois recours aux mêmes thèmes et aux mêmes paroles dans deux morceaux différents. On l’a vu avec « Atlantic City » et « Johnny 99 », c’est encore plus flagrant entre « Open All Night », le seul morceau enregistré à la une guitare électrique, et « State Trooper » : les deux titres se déroulent en pleine nuit sur le New Jersey Turnpike, véritable « paysage lunaire », avec la radio en toile de fond, les flics en perpétuelle menace et, pour conclusion la même prière hurlée, renvoyée par l’écho de la nuit. « Deliver me from nowhere ». On est loin du « Délivre moi du mal » que le petit Bruce a dû réciter à de nombreuses reprises. C’est seulement dans trois chansons que Bruce parle de ses inaccessibles étoiles : une grande maison synonyme de bonheur familial, une voiture digne de ce nom et un père vraiment proche. « Mansion on the Hill », maison bourgeoise nichée sur la colline où se déroulent fêtes et réjouissances en musique, renvoie à Hank Williams, auteur d’un titre identique, de même que les mots "down here in the valley" également prononcés par le célèbre Hank. Autre rêve, classique, les bagnoles. Dans « Used Cars », c’est toute la famille qui va essayer une voiture d’occasion sur Michigan Avenue. C’est notamment dans ce titre que l’on voit le talent d’écrivain de Springsteen. Une ligne, une seconde, lui suffisent pour évoquer le malaise de la mère, gênée, qui tripote son alliance en observant le concessionnaire qui fixe du regard les pauvres mains de son ouvrier de mari. Le fiston, voudrait bien que le vieux mette les gaz et envoie tout le monde se faire foutre. En attendant, il jure que jamais il ne conduira de voiture de deuxième main. "Hey M’sieur, du jour où je gagne au loto, plus jamais je n’achèterai de voitures d’occasion"). « My Father’s House » complète le tableau. On connait les relations de Springsteen avec son père, sorte d’anti-modèle à ne pas reproduire (« Independence Day », « Adam Raised A Cain ». Dans ce morceau, le narrateur se rêve en enfant, traversant les dangers de la forêt pour se retrouver face à la maison de son père, imposante et rayonnante, et tomber tremblant dans ses bras. Et comme souvent, le réveil est plus douloureux, et si la maison dont il a rêvé existe bel, ce n’est bien sûr pas celle de son père imaginé. Le narrateur en conserve pourtant l’image comme celle d’une « balise dans la nuit, scintillant sur la route noire où les pêchés sont inexpiés ». Lors de sa tournée américaine de 1984 (celle des « Sugarland » et autres « Man at the Top »), Springsteen introduisait « Reason to Believe » — dernier morceau de Nebraska dont le titre fut utilisé par Tim Hardin 15 ans plus tôt — par une longue tirade sur le danger de la foi aveugle que l’on accorde à ses leaders. "Blind faith in your leaders is gonna get you killed". On est alors au cœur du premier mandat de Reagan à qui on a suggéré d’utiliser « Born in the USA » comme hymne de campagne… En septembre, Springsteen répondra sur scène : "Le Président a parlé de moi l’autre jour, je ne sais pas quel est son album préféré, mais je doute qu’il s’agisse de Nebraska", avant de se lancer dans « Johnny 99 ». « Reason to Believe » est une succession d’instantanés décrivant des hommes et des femmes qui conservent une foi inébranlable au-delà de situations définitives et désespérées : un homme qui tapote un chien gisant sur le bas côté de la route, comme s’il allait se relever et partir en trottant, une Mary Lou abandonnée qui attend chaque jour son Johnny au bout de la route comme s’il allait revenir, un futur marié qui attend son épouse à l’église comme si elle allait arriver, tandis qu’on baptise un bébé dans la rivière et qu’un vieillard meurt dans sa cabane avant d’être enterré par les siens. Comme il l’a fait à plusieurs reprises au cours de l’album en ponctuant ses phrases de « Sir » ou de « Mister », Springsteen interpelle l’auditeur, dans la tradition folk, intrigué par ces attitudes résignées. Comment peut-on, à la fin de chaque journée durement gagnée, toujours trouver une raison de croire. Bonne ou mauvaise, là n’est pas la question. Avec Nebraska, Springsteen ne juge personne, pas plus les meurtriers que les lâches. Ici, on gagne ou on perd, annonce-t-il dans « Atlantic City ». Prenez seulement garde à ne pas vous trouver du mauvais côté de la ligne.
Jacques-Eric Legarde
Infos complémentaires : Article de Christian Séguret dans Guitar Unplugged #1 (Mars 2006) et forum français http://hopeanddreams.aceboard.fr
BRUCE SPRINGSTEEN
Nebraska (Columbia) Charts: #3 (US)
Septembre 1982
Après la Rivière sortie de son lit pour une tournée triomphale qui permit à l’Europe de le découvrir avec son E Street Band autrement que par l’intermédiaire de comptes-rendus enthousiastes signés Ducray ou Garnier, de clips en import "De Caunes" et de rares bootlegs, Springsteen marque une pause, souffle un brin et écrit une grosse quinzaine de chansons dont « I’m On Fire » et « Born in the USA ». Il les enregistre dans sa maison du New Jersey en deux temps-trois mouvements les 2 et 3 janvier 1982, avec pour tout matériel une vieille Gibson acoustique, un magnéto 4 pistes Tascam Series 144 et le concours d’un certain Mike Batlin, son technicien guitare bombardé ingénieur du son. Je vous passe les détails techniques et les problèmes rencontrés pour transférer ultérieurement ces enregistrements sur un support adéquat. À peu de choses près, c’est la kitchen tape que l’on retrouvera dans les bacs 9 mois plus tard. En effet, quand Springsteen sollicite son avis, Miami Steve van Zandt lui répond sans détour qu’il tient là bien davantage que de simples démos à l’usage du groupe : « En écoutant cette bandes, je mes suis dit qu’il y avait là quelque chose d’extraordinaire, quelque chose d’intime capté accidentellement, quelque chose d’étonnamment cinématographique. Je ne savais pas ce que c’était exactement mais je sais reconnaître ce qui est bon, je fais confiance à mon oreille de producteur ».
Effectivement, les séances effectuées dans la foulée avec le E Street Band ne donneront rien de satisfaisant et plus tard, les versions live n’atteindront jamais l’intensité des originaux (le débat est ouvert !). Avec Nebraska, Springsteen fait en quelque sorte la synthèse de la culture assimilée en autodidacte. Pour faire court, des bouquins de Steinbeck au cinéma de John Ford et Robert Mitchum en passant par le folk de Guthrie et la country de Hank Williams. Il en sort des morceaux sombres, marqués par le désespoir, la violence et/ou la mort, à deux ou trois exceptions près. Ainsi, la chanson-titre est inspirée d’un fait-divers réel, la cavale meurtrière de Charlie Starkweather et de sa petite amie adolescente Caril Ann Fugate, entre Lincoln, Nebraska et les mauvaises terres du Wyoming. La littérature comme le cinéma se sont emparés de l’histoire puisque Terence Mallick s’en inspiré pour Badlands en 1973 et Oliver Stone pour Tueurs-nés, tandis que Lisa Ward dont les grands parents comptent parmi les 10 victimes du jeune couple en tirait un roman Outside Valentine (Éditions 10/18). Au début du morceau récité à la première personne plus que chanté, le protagoniste tient son fusil à canon scié sur ses cuisses. Dix cadavres plus tard, il demande au bourreau que sa pretty baby y prenne place. Pourtant mené sur un rythme soutenu, « Johnny 99 » n’est guère plus joyeux puisqu’il relate le procès de Ralph, meurtrier occasionnel tout juste viré de son usine où il construit des voitures à Mahwah, New Jersey. De même que le personnage de « Nebraska » rejette la responsabilité de son carnage sur ce que le monde charrie de mauvais, Ralph se justifie en expliquant au juge qui le condamne à 99 ans de prison (d’où son surnom), qu’il croulait sous des dettes qu’aucun « honnête homme ne pouvait payer ». C’est à cette même situation qu’est confronté le jeune personnage d’« Atlantic City ». Lui choisira finalement de bosser pour la mafia qui tente à l’époque de reprendre la main sur les casinos de la station balnéaire du New Jersey ("J’ai rencontré ce type et je vais lui rendre un petit service"). Le Roi du poulet qui se fait buter au premier couplet est le parrain Philip Testa, assassiné en mars 1981 par une bombe posée sous le perron de sa maison ("Well they blew up the chicken man in Philly last night/Now they blew up his house too"). À tous ces personnages, nombreux et aux multiples (més)aventures, Springsteen fournit un décor complet, du New Jersey Turnpike, réseau autoroutier élevé au rang de mythe, à Atlantic City, du Nebraska au Wyoming, de Michigan Avenue à la frontière du comté de Michigan. Puisqu’on est dans le mythe, peu importe d’ailleurs qu’il soit géographiquement compliqué pour le Highway Patrolman basé à Perrineville, New Jersey, de laisser son frère filer vers la frontière canadienne, à cinq miles de là. Cendrars ne s’est pas gêné pour emmener des générations de voyageurs par wagons entiers à bord de son Transsibérien… Quant à Sean Penn, il n’a fait pas la fine bouche puisque l’histoire des deux frangins de « Highway Patrolman » lui a fourni la matière de son premier film, Indian Runner…
Pour mieux souligner cette unité thématique, Springsteen a parfois recours aux mêmes thèmes et aux mêmes paroles dans deux morceaux différents. On l’a vu avec « Atlantic City » et « Johnny 99 », c’est encore plus flagrant entre « Open All Night », le seul morceau enregistré à la une guitare électrique, et « State Trooper » : les deux titres se déroulent en pleine nuit sur le New Jersey Turnpike, véritable « paysage lunaire », avec la radio en toile de fond, les flics en perpétuelle menace et, pour conclusion la même prière hurlée, renvoyée par l’écho de la nuit. « Deliver me from nowhere ». On est loin du « Délivre moi du mal » que le petit Bruce a dû réciter à de nombreuses reprises. C’est seulement dans trois chansons que Bruce parle de ses inaccessibles étoiles : une grande maison synonyme de bonheur familial, une voiture digne de ce nom et un père vraiment proche. « Mansion on the Hill », maison bourgeoise nichée sur la colline où se déroulent fêtes et réjouissances en musique, renvoie à Hank Williams, auteur d’un titre identique, de même que les mots "down here in the valley" également prononcés par le célèbre Hank. Autre rêve, classique, les bagnoles. Dans « Used Cars », c’est toute la famille qui va essayer une voiture d’occasion sur Michigan Avenue. C’est notamment dans ce titre que l’on voit le talent d’écrivain de Springsteen. Une ligne, une seconde, lui suffisent pour évoquer le malaise de la mère, gênée, qui tripote son alliance en observant le concessionnaire qui fixe du regard les pauvres mains de son ouvrier de mari. Le fiston, voudrait bien que le vieux mette les gaz et envoie tout le monde se faire foutre. En attendant, il jure que jamais il ne conduira de voiture de deuxième main. "Hey M’sieur, du jour où je gagne au loto, plus jamais je n’achèterai de voitures d’occasion"). « My Father’s House » complète le tableau. On connait les relations de Springsteen avec son père, sorte d’anti-modèle à ne pas reproduire (« Independence Day », « Adam Raised A Cain ». Dans ce morceau, le narrateur se rêve en enfant, traversant les dangers de la forêt pour se retrouver face à la maison de son père, imposante et rayonnante, et tomber tremblant dans ses bras. Et comme souvent, le réveil est plus douloureux, et si la maison dont il a rêvé existe bel, ce n’est bien sûr pas celle de son père imaginé. Le narrateur en conserve pourtant l’image comme celle d’une « balise dans la nuit, scintillant sur la route noire où les pêchés sont inexpiés ». Lors de sa tournée américaine de 1984 (celle des « Sugarland » et autres « Man at the Top »), Springsteen introduisait « Reason to Believe » — dernier morceau de Nebraska dont le titre fut utilisé par Tim Hardin 15 ans plus tôt — par une longue tirade sur le danger de la foi aveugle que l’on accorde à ses leaders. "Blind faith in your leaders is gonna get you killed". On est alors au cœur du premier mandat de Reagan à qui on a suggéré d’utiliser « Born in the USA » comme hymne de campagne… En septembre, Springsteen répondra sur scène : "Le Président a parlé de moi l’autre jour, je ne sais pas quel est son album préféré, mais je doute qu’il s’agisse de Nebraska", avant de se lancer dans « Johnny 99 ». « Reason to Believe » est une succession d’instantanés décrivant des hommes et des femmes qui conservent une foi inébranlable au-delà de situations définitives et désespérées : un homme qui tapote un chien gisant sur le bas côté de la route, comme s’il allait se relever et partir en trottant, une Mary Lou abandonnée qui attend chaque jour son Johnny au bout de la route comme s’il allait revenir, un futur marié qui attend son épouse à l’église comme si elle allait arriver, tandis qu’on baptise un bébé dans la rivière et qu’un vieillard meurt dans sa cabane avant d’être enterré par les siens. Comme il l’a fait à plusieurs reprises au cours de l’album en ponctuant ses phrases de « Sir » ou de « Mister », Springsteen interpelle l’auditeur, dans la tradition folk, intrigué par ces attitudes résignées. Comment peut-on, à la fin de chaque journée durement gagnée, toujours trouver une raison de croire. Bonne ou mauvaise, là n’est pas la question. Avec Nebraska, Springsteen ne juge personne, pas plus les meurtriers que les lâches. Ici, on gagne ou on perd, annonce-t-il dans « Atlantic City ». Prenez seulement garde à ne pas vous trouver du mauvais côté de la ligne.
Jacques-Eric Legarde
Infos complémentaires : Article de Christian Séguret dans Guitar Unplugged #1 (Mars 2006) et forum français http://hopeanddreams.aceboard.fr
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