Springsteen: artiste/artisan?

Plusieurs fois sur ce forum a été évoquée l'influence de Jon Landau sur les choix artistiques de Springsteen. Mais Bruce est le Boss: on a aussi souvent souligné son indépendance à l'égard des intérêts commerciaux, des modes...

Ce sujet part d'un sentiment de malaise à l'écoute d’un concert de la tournée 2008, celui de Saint-Louis, pourtant considéré comme un « grand concert » de cette année. Le boot n’est certes pas de la meilleure qualité, mais se dégage de cette soirée comme une lourdeur, un manque de vitalité, de fraîcheur. Plus généralement, les derniers albums de Springsteen, en l’occurrence Magic, s’ils contiennent de « bonnes chansons » ne semblent pas répondre à une véritable envie, à un mouvement spontané. Springsteen est-il devenu un « artisan du divertissement » ?

Mais il me semble qu’il faut élargir la perspective. Si les années 2007-2009 correspondent selon moi à des années de marasme artistique, il faut se rappeler que les années 1992-93 ont été aussi une période noire. Mais pourquoi ces jugements de valeur ? Ces années noires sont constitutives de la carrière d’un artiste ; d’une certaine manière Springsteen aurait limité la casse en se contentant de faire de l’artisanat. Question provocatrice : Springsteen n’aurait-il pas mieux faire de ne rien faire, de s’enfoncer dans une sorte de dépression artistique plutôt que de se contenter de productions artistiques moyennes ? Cela nous ramène au rôle joué par Landau. N’a-t-il pas profité de ces périodes creuses pour s’imposer en incitant Bruce à continuer à produire et à se produire ?

Tout cela pour dire que j’espère que la tournée sera plus spontanée, plus vraie. Mais on ne peut qu’espérer ; l’échec de Springsteen sera encore du Springsteen.

Band a écrit: on a aussi souvent souligné son indépendance à l'égard des intérêts commerciaux, des modes...

Ne pas oublier non plus par exemple que Springsteen a été signé en solo comme nouveau Dylan alors qu'il n'arrivait pas à avoir un contrat avec son groupe, que Born to Run avait aussi un intérêt commercial, que c'était ça ou la porte, et que ça n'en fait pas pour autant un mauvais album... ou qu'inversement Tom Joad avait pour but de redonner une crédibilité artistique pour retrouver son fond de commerce...
Pour moi, c'est un artisan à la base, après le coté artistique, je dirai presque que c'est une stratégie marketing, ce qui ne veut pas dire que ça en correspond à rien de sincère, juste que c'est joué avec ses points forts, quand tu es sprinter, tu ne t'alignes pas sur un marathon...
la distinction a-t-elle vraiment lieu d'être? C'est plus une question d'inspiration peut être...