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Message  calispera Ven 8 Aoû 2014 - 12:54

On avait déjà parlé de droits d'auteur dans un autre échange, mais où ce n'était qu'un sujet connexe :
https://hopeanddreams.forumactif.com/t2366p75-bootlegs-officiels-lesquels-acheter-ou-pas#61789

Je n'ai pas retrouvé d'échange dont c'était le sujet de base, alors j'en crée un pour l'occasion, car cette dépêche m'a fait sourire et j'avais donc envie de l'amener ici :

Selfie d'un singe: qui possède les droits, le singe ou le photographe ?

MEDIAS | Mis à jour le jeudi 7 août 2014 à 13h59

   Un photographe animalier britannique envisage de poursuivre la Fondation Wikimedia en justice parce que la banque de données libres refuse de retirer de sa collection d'images libres de droits un selfie pris par un singe avec l'appareil du plaignant.
   Le singe a lui-même pris la photo


   David Slater clame qu'il est bien le propriétaire de ce cliché étonnant qui a fait le tour du monde et sur lequel on voit un macaque fixer l'objectif avec une superbe grimace. Et ce même si la photo a été prise par le singe lui-même qui s'était brièvement emparé de son appareil lors d'un reportage sur l'île indonésienne des Sulawesi (Celebes) en 2011.

   "Cette image m'appartient. Mais parce que c'est le singe qui a appuyé sur le bouton et pris la photo, ils (Wikimedia) affirment que c'est aussi le singe qui en possède les droits d'auteur", déplore le photographe dans les médias britanniques jeudi.

   David Slater réclame depuis deux ans le retrait du cliché de la médiathèque Wikimedia Commons, qui propose au téléchargement gratuit plus de 22 millions de fichiers (sons, vidéos, images) libres de droits. Estimant avoir perdu des dizaines de milliers de livres, faute de pouvoir commercialiser la photo, il réfléchit désormais à poursuivre en justice la banque de données libres.

   Wikimedia dit s'appuyer sur la loi américaine pour dire que la photo n'appartient en fait à personne. "Elle tombe dans le domaine public puisque les droits d'images ne peuvent appartenir à un auteur non-humain. Le singe ne possède pas les droits. Mais le propriétaire de l'appareil non plus", explique Katherine Mayer, porte-parole de la Fondation Wikimedia.

   L'histoire a été rendue publique à l'occasion de la publication mercredi du premier rapport de transparence de la Fondation Wikimédia, dans lequel elle dévoile notamment toutes les demandes de suppression pour conflit de droits d'auteur.

   Belga 

source : http://www.rtbf.be/info/medias/detail_selfie-d-un-singe-qui-possede-les-droits-le-singe-ou-le-photographe?id=8329499


Les revoilà donc les fameux droits d'auteurs qui nous reviennent là où on ne les attendait pas : faire de l'argent à tout prix à partir de production artistique, même quand l'art n'est pas réalisé par celui qui revendique le droit. Je trouve le cas cité ci-dessus bien représentatif du côté peu adéquat de ce mode de fonctionnement.

Qu'on veuille reconnaître à l'artiste ses capacités créatives et une forme de mérite par rapport à l'oeuvre : soit, pas de problème, j'applaudis. Mais dès qu'il s'agit de faire de l'argent, moi je dis que ce n'est pas si évident, pas si simple que ça, et qu'on fait mieux d'y réfléchir plutôt que d'utiliser les règles existantes légales ou implicites qui disent que l'art ça doit faire de l'argent. Je pense que cela est trop relatif; que lier art et argent n'est pas sain dans la plupart des cas; mais cela ne veut pas du tout dire qu'il faut nier le droit des artistes qui en font leur métier d'avoir de quoi vivre confortablement.
Et j'ai confiance que ces choses vont évoluer et qu'avec le temps la rémunération de l'artiste sera de plus en plus juste, et l'accès au public de moins en moins onéreux, et que les modes de diffusion changeront fondamentalement en s'améliorant eux aussi, et ne seront plus forcément liés à des grosses boîtes à faire du profit, et que les intermédiaires ne subsisteront que lorsqu'ils sont utiles à la cause de l'artiste et à celle du public.

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Message  calispera Dim 10 Aoû 2014 - 11:08

Dans le même domaine - mais côté bouquins (la démarche est similaire à celle pour la musique : passer du support matériel à la virtualisation, avec ou sans gain de qualité, c'est selon) -
une autre dépêche plus la référence vers un article de blog qui  ajoute son grain de sel sur le sujet :

États-Unis: Amazon divulgue l'adresse électronique du patron d'Hachette

MEDIAS | samedi 9 août 2014 à 17h09

   Amazon a divulgué samedi l'adresse électronique du patron américain de l'éditeur Hachette, filiale de Lagardère, enjoignant les lecteurs à lui écrire pour faire pression dans le conflit commercial qui les oppose depuis plus de cinq mois.

   "Nous n'abandonnerons pas le combat pour des prix de livres électroniques raisonnables", plaide le distributeur dans une lettre mise en ligne sur le site www.readersunited.com.

   "Nous sommes convaincus que rendre les livres accessibles est bon pour la culture. Nous avons (donc) besoin de vous. S'il vous plaît écrivez à Hachette et mettez-nous en copie", enjoint le groupe américain, qui n'hésite pas alors à livrer l'adresse électronique de Michael Pietsch, le directeur général de Hachette Publishing Group.

   Pour les lecteurs qui ne sauraient quoi mettre dans leur lettre, Amazon va jusqu'à suggérer quatre éléments de langage, dont l'un est d'accuser Hachette d'"entente illégale" pour maintenir élevés les prix des livres électroniques.

   "Nous avons remarqué votre entente illégale. S'il vous plaît arrêtez de tout faire pour faire payer trop cher les livres électroniques", suggère-t-il.

   Amazon réitère ainsi des arguments répétés depuis juillet: il se pose en défenseur de prix plus bas pour les livres électroniques, qui, selon lui, "peuvent et doivent être moins chers" car ils ne présentent plus de coûts d'impression, de stockage ni de livraison.

   Le distributeur dit vouloir un prix unique à 9,99 dollars pour la plupart des livres électroniques, contre 12,99 à 19,99 dollars actuellement, avance-t-il.

   Pour solidifier sa défense, il en appelle même à George Orwell, qui, selon Amazon, avait lancé dans les années 30 des accusations d'entente illicite contre les éditeurs opposés à l'essor du livre de poche. Cette situation s'apparente au combat qui l'oppose actuellement contre Hachette, fait valoir Amazon.

   Les auteurs pris en otage

   Amazon et Hachette mènent depuis plusieurs mois aux États-Unis des négociations commerciales tendues. Pour faire pression sur l'éditeur, le distributeur en ligne a réduit ses stocks en provenance d'Hachette et arrêté de prendre des précommandes pour les auteurs qu'il édite.

   Cette lettre intervient après que plus de 900 auteurs eurent signé une pétition demandant au distributeur en ligne de mettre fin à son bras de fer avec Hachette.

   Cette lettre ouverte, signée par des auteurs à succès comme John Grisham ou Stephen King, doit faire l'objet d'une publicité en pleine page dimanche dans le New York Times.

   Les auteurs assurent ne pas prendre parti dans le conflit mais se sentent pris en otage.

   AFP

Source :

http://www.rtbf.be/info/medias/detail_etats-unis-amazon-divulgue-l-adresse-electronique-du-patron-d-hachette?id=8330717

J'aurais tendance à défendre le point de vue d'Amazon a priori. Mais j'avoue ne pas m'attendre de la part d'Amazon, à ce que la démarche soit réellement éthique. Ils utilisent juste une position apparemment éthique pour défendre leur bout de gras.

De plus, 10 euros par bouquin, si c'est pour n'en donner qu'un à l'auteur (voire bien moins) : ça ne me paraît pas plus éthique. Les auteurs devraient trouver leurs propres moyens de défendre leur bout de gras, en s'associant et en publiant eux-mêmes par ebook pour le prix de 3 euros par livre par exemple, dont 2,50 leur reviendrait. Le système d'édition papier pourrait persister à la demande, comme le fait le site suivant :
http://www.ilv-impression.com/

Un article de bloggueur qui vaut le détour :
http://ploum.net/le-futur-du-livre/

Je ne partage pas tout à fait son avis, pour les objectifs mêmes de l'édition, mais la démarche me paraît intéressante, et la réflexion aussi.

Ah, et pour ceux qui aiment lire, en voici un peu plus Wink version bidon du petit Nicolas sur le piratage :

http://ploum.net/213-le-piratage/

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Message  CC Rider Lun 6 Oct 2014 - 9:39

Le chantier de l'harmonisation européenne sur les droits d'auteurs et la protection des oeuvres est le chantier numéro 1 de Mr Junker, chef de la commission Junker.
Malheureusement pour ceux qui pensent que le monde meilleur passe par la gratuité et la libre circulation des oeuvres, (idée idéaliste certes, mais saugrenue de mon point de vue car sans filet pour la protection intellectuelle des oeuvres), la gratuité en question est d'actualité.
Mais plutôt qu'un grand chantier intellectuel et bienvenue, le débat, mené par la commission Junker, est plutôt destiné à donner à manger aux monstres tentaculaires du web que sont les fournisseurs d'accès.
Les tuyaux existent et ne demandent qu'à être alimentés. A n'importe quel prix donc, sur l'autel du libéralisme galopant et du rabotage par le niveau zéro de toutes nuances.
Une fois que tout ceci sera en place, il sera, au minimum, bien compliqué de faire valoir une quelconque rémunération pour les jeunes auteurs en mal d'un peu de fraîche pour payer les frais courant après avoir pris conscience de la chance qu'ils ont d'être des créateurs et d'avoir remercié le ciel pour cela.

Apple et Amazon se frottent les mains d'avoir un allié comme çà.

Les professionnels demandent une protection de la diversité culturelle

Les CEDC affirment avoir été "surprises du ton véhément, voire violent employé (par M. Juncker) dans la lettre de mission" au Commissaire au numérique. Selon lui, il faut faire "un meilleur usage des opportunités offertes par les technologies digitales qui ne connaissent aucune frontière". "Pour ce faire, nous devrons casser les cloisonnements nationaux en matière de régulation télécoms, de droit d'auteur et protection des données".

Les Coalitions européennes demandent "des éclaircissements et des garanties sur l'avenir de la culture" en Europe à la nouvelle Commission européenne. Elles en attendent des "engagements fermes et ambitieux" sur des points clés comme "le respect et la mise en oeuvre de la convenvion de l'Unesco sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles", "la sauvegarde de l'exception culturelle dans le cadre des négociations commerciales engagées par l'UE", ou la modernisation "du financement de la création, la fiscalité culturelle et la réglementation audiovisuelle pour tenir compte du numérique et y intégrer les géants de l'internet".

La France n'est plus seule à demander une rupture avec la politique précédente

Les professionnels de la culture entendent "rompre avec les pratiques de la (précédente NDR) Commission Barroso" (...) afin de laisser les Etats développer librement leurs politiques de soutien à la diversité culturelle".

En 2013, la France, soutenue par d'autres pays européens, avait mené avec succès, au titre de l'exception culturelle, le combat à Bruxelles obtenant l'exclusion par les ministres du Commerce européens du secteur audiovisuel du mandat de négociations commerciales avec les Etats-Unis.

Dans un autre communiqué publié à Paris, les cinéastes de l'Arp s'interrogent sur le fait de voir "tout un pan de la culture désormais logé sous la houlette du commissaire allemand en charge du Numérique".


Le cinéaste Bertrand Tavernier s'inquiète de la volonté de la Commission Juncker de « briser les barrières nationales en matière de réglementation du droit d’auteur ».

« La culture ne se prête pas à l’harmonisation, ne se prête pas à la standardisation, ne se prête pas à la réglementation stupide ». Bravo. Trois fois bravo à Jean-Claude Juncker pour cette déclaration faite à Paris en 2005 à l’occasion des rencontres pour l’Europe de la Culture.

On aurait aimé applaudir ses premiers pas à la tête de la Commission européenne. Mais, nous sommes malheureusement tombés sur cette phrase, cette injonction quasi-guerrière donnée au futur commissaire au numérique : il faut « briser les barrières nationales en matière de réglementation du droit d’auteur. » !

Fragiliser les auteurs renforce les géants du Net

Briser, casser, détruire le droit d’auteur pour quoi faire d’ailleurs ? On attend encore la réponse mais on en devine déjà les intentions et les conséquences : fragiliser les rémunérations des auteurs ; déstabiliser le financement des œuvres et des films, en particulier, dans les pays qui ont des politiques ambitieuses ; flatter le consommateur dans le sens du poil...

Fragiliser les auteurs est encore plus aberrant lorsque l’on sait que cela aboutira à renforcer les grands commerçants de nos œuvres et les géants du Net qui bénéficient d’une hyper-bienveillance de la Commission puisqu’on accepte qu’ils payent des impôts au rabais et qu’ils contournent toutes les règles de soutien au financement et à l’exposition des œuvres européennes.

L'Europe soupçonneuse à l'égard du droit d'auteur

La calamiteuse présidence Barroso avait installé l’ère du soupçon à l’égard des politiques culturelles mais aussi du droit d’auteur, toujours fragilisé, toujours accusé de ne pas s’insérer dans le moule du libre-marché. Au prix souvent de mensonges affligeants répétés année après année : non, ce que la Commission appelle « la segmentation du marché des droits » n’a rien à voir avec l’application du droit d’auteur. Si les films ne peuvent pas être vus partout au même moment, c’est essentiellement lié aux logiques (et parfois à la frilosité) des diffuseurs qui s’adaptent aux réalités de chaque marché national, aux mécanismes de financement des œuvres, aux traditions culturelles et à la diversité linguistique.

Alors, que ceux qui accusent le droit d’auteur de tous les maux et qui le manipulent cessent cette entreprise malsaine et indigente, avec toujours en arrière-fond cette logique absurde qui voudrait que l’Europe ne soit qu’une machine à harmoniser, que les œuvres culturelles soient des biens comme les autres et que les auteurs soient les ennemis de leurs publics.

Je ne connais pas un auteur qui n’ait pas envie que son œuvre soit vue, diffusée, commentée mais je ne connais pas non plus de plus grande injustice que de savoir cet auteur spolié, privé d’une juste rémunération et de son droit moral.

La modernité n'est pas du côté de ceux qui veulent détruire

Soyons clair : nul ne dit que le droit d’auteur doit être une vache sacrée. Ce droit génial, qui associe l’auteur d’une œuvre à son succès et qui doit tant à Beaumarchais, est un droit d’une modernité absolue qui a beaucoup évolué avec le temps et avec les évolutions techniques. Il peut encore bouger. Il le doit même pour faire du droit d’auteur le droit des auteurs et un droit qui ne se réduit pas à la protection des acteurs économiques.

Mais, la modernité, qu’on attribue souvent à tort à ceux qui pensent que tout doit être permis parce que tout est possible, n’est pas du côté de ceux qui veulent casser ou détruire. Elle est à mettre au crédit de ceux qui veulent défendre la culture, soutenir la création européenne et consolider le droit des auteurs.

C’est un combat dont nous avions compris en 2005 qu’il rallierait M. Juncker. Qu’il nous prouve que son engagement passé en faveur de la culture en Europe soit aussi celui qui guidera son avenir, le sien et celui de l’Europe.


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Message  calispera Lun 6 Oct 2014 - 13:19

J'avoue ne pas trop comprendre de quoi on parle dans l'article, tout est dit à demi mot.
On mélange dans la même critique les revenus de droits d'auteurs, l'accès à l'oeuvre, la diffusion de l'oeuvre, les frontières nationales et la protection des cultures locales, sans dire clairement ce qu'il est prévu d'en faire, et en tirant sur les grands diffuseurs commerciaux, comme si le lecteur de l'article avait connaissance de tout ce que la Commission avait produit comme projets écrits à ce sujet.

Personnellement, en plus de défendre la gratuité, j'avoue que je ne vois pas la nécessité non plus du protectionnisme national, sauf si celui-ci peut être une garantie de laisser moins de profit à tout l'aspect commercial de l'art.
Je n'ai pas beaucoup apprécié en Belgique il y a quelques années, que les radios et télés soient devenues obligées de diffuser des oeuvres européennes, nationales ou francophones en plus grande quantité.
Même si ce n'est pas cela qui m'a détourné en premier de la radio et de la télévision. (J'ai jeté le poste il y a 12 ans et j'écoute une radio non commerciale américaine qui diffuse à 80-90% de l'anglophone de toutes origines (même si principalement américaines, britanniques et irlandaises), mais aussi de la musique de tous horizons, sans exceptions, puisque ce sont les auditeurs eux-mêmes, dans le monde entier qui envoient la musique à la radio, et celle-ci en fait une sélection et diffuse les morceaux aussi en fonction des votes des auditeurs.)

En ce qui me concerne je soutiens qu'on défende les droits de l'auteur par rapport à ce que devient l'oeuvre une fois rendue publique (le maintien de l'intégrité de l'oeuvre, le regard de l'auteur sur la reprise de son oeuvre etc.), mais la défense du profit qui est fait de ses oeuvres ne me parait pas une cause juste. Car pour moi, il ne s'agit pas de gagne-pain. Les artistes qui gagnent assez pour vivre de leur art ne sont quoi : 1 à 10% des artistes? Et parmi ceux-ci, ceux qui n'en ont qu'un gagne-pain, dont il n'est pas fait des profits juteux, sont sans doute 1 à 10% soit 1 à 10 pour mille sur la totalité des artistes.
A mes yeux, ce sont les 90 à 99% des autres artistes qu'il faut surtout défendre, et si cela exige de retirer le plus gros des profits des plus gros gagneurs, je trouverais que ça vaudrait en effet la peine d'en discuter.
De plus, en ce qui concerne la musique et la littérature, ce ne sont pas les artistes qui profitent des gains, c'est surtout toute la machine commerciale qui tourne autour, et qui est responsable de fermer la porte à plus d'artistes qu'elles n'en n'ouvre pour les quelques élus.

Et, à ce titre, même si je sais que Amazon est l'un des pires contre-exemples, il ouvre tout de même la porte à certains artistes pour publier une oeuvre (livre) avec la possibilité d'en avoir des revenus, sans que l'intermédiaire n'empoche le plus gros du revenu.
Dans l'édition classique, un livre sur 100 trouve éditeur, et l'auteur ne reçoit que 8% environ du prix du livre. La majorité des livres ne sont pas vendus à plus de 1000 exemplaires. Logique que dans ce cadre, la plupart ne puissent en faire leur gagne-pain.
Or il y a d'autres plate-formes que Amazon, pour publier en ligne sans intermédiaire, mais gratuitement.

Et si les directives européennes devaient devenir injustes concernant les droits à profit des artistes; ce serait justement la meilleure motivation qui soit pour pousser les artistes à diffuser leurs oeuvres gratuitement, et à produire de l'art moins financièrement coûteux.

Quand je vois le prix que coûte une oeuvre éphémère telle que montrée dans la vidéo suivante :
http://www.rtbf.be/video/detail_etats-unis-un-portrait-geant-en-sable-en-plein-coeur-de-washington?id=1960041

Cela me pousse encore plus à vouloir la gratuité. Quel est le sens d'un tel art mégalomane et éphémère à la fois,

Dans ce cadre, ça me fait penser à Banksy dont on a parlé ces derniers jours dans l'actualité, parce qu'une de ses oeuvres a été "nettoyée" dans un petit village britannique.
http://www.lapresse.ca/arts/arts-visuels/201410/02/01-4805774-murale-de-banksy-effacee-un-district-dans-lembarras.php
J'aime bien la démarche du bonhomme, mais peut-être que je ne connais qu'une partie. Il met ses oeuvres sur des lieux publics, et de manière anonyme. Il n'a donc plus aucun pouvoir sur son oeuvre une fois celle-ci lâchée. Et il n'en fait aucun profit (direct en tout cas, c'est là que j'ignore s'il en a des revenus indirects – CC-Rider, je te fais confiance pour venir combler mon ignorance crasse Wink ).

Tout en bravant la loi, gardant l'anonymat, il s'amuse du culte qu'on fait de ses oeuvres. Il avait proposé des petites oeuvres à lui à la vente, dans un stand improvisé sur un trottoir de New York. Il n'a quasi rien vendu, personne ne s'est arrêté pour regarder pratiquement, et ceux qui se sont arrêtés (sur les milliers de passants) n'ont montré aucun intérêt, excepté les 2-3 acheteurs sur une journée si je me rappelle bien (il existe une vidéo).
J'ai retrouvé un article qui en parle, avec la vidéo :
http://www.slate.fr/culture/78904/banksy-central-park-60-dollars

A l'inverse, il y a des gens qui achètent ses oeuvres pour de sommes phénoménales (mais à qui les paient-ils?) au point d'aller démonter les briques de murs sur lesquelles elles sont peintes pour les reconstituer ailleurs.

Dans sa démarche Bansky met autant en évidence les effets de mode par rapport à certains auteurs, que la connerie de ceux prêts à payer des sommes faramineuses pour s'approprier une oeuvre, car ils ont tout simplement de l'argent à jeter (on y a perdu tout le sens des proportions, il ne s'agit plus de gagne-pain).

Ah oui, et ce que je comprends de moins en moins, c'est qu'on mette tous les arts dans le même sac, alors que certains arts ne coûtent rien ou pratiquement rien à être créés, en particulier la littérature, alors que d'autres exigent un investissement de base (arts plastiques), et d'autres coûtent la peau des fesses (un certain cinéma entre autres).
Pour les arts les plus coûteux, le fait de payer ne sert pas de gagne-pain, mais avant tout de retour sur investissement.

Le plus inextricable reste sans doute la qualité de l'oeuvre, qui peut en juger?

Le gangnam style peut rapporter des millions de fans, et de deniers, alors que certaines oeuvres ne resteront jamais que confidentielles mais pas forcément mauvaises pour autant. Comment peut-on faire le tri là-dedans, et qui pourrait être décrété bon juge?

Et c'est sans compter les moyens (pas seulement financiers) mis en oeuvre pour faire connaître ou diffuser une oeuvre?

Comment faire connaître une oeuvre, sinon par les mass-médias, les institutions, la publicité, les mastodontes du net?
En fait, je pense que c'est là que les solutions pourraient émerger : la création de nouveaux canaux de diffusion qui ne dépendent ni des mass médias, ni des institutions, ni de profits commerciaux.

Je songe à des moteurs de recherche spécialisés pour les arts. Un mix entre google, deezer, amazon, spécialisés dans les productions artistiques, mais qui soient indépendants. Payants peut-être, mais de manière limitée, par les utilisateurs.
Un peu comme wikipedia qui est financé par ses utilisateurs, indépendant de la publicité, indépendant de la recherche de profit, construit par ses utilisateurs, etc.

En fait je sais que ça existe déjà, mais j'ai oublié le ou les noms. En tout cas on m'en a parlé.
Mais ces choses ne pourront prendre de l'ampleur que si les artistes s'y investissent et si le public suit.
Je pense que ce sont aux artistes connus à faire le premier pas, le public suivra. Radiohead, entre autres, tente d'aller dans ce sens.

On attend donc que Amélie Nothomb, Marc Lévy, Guillaume Musso, BHL Wink et Bruce suivent Razz

La patience est une très belle qualité Wink

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Message  CC Rider Lun 6 Oct 2014 - 15:53

calispera a écrit:J'avoue ne pas trop comprendre de quoi on parle dans l'article, tout est dit à demi mot.
On mélange dans la même critique les revenus de droits d'auteurs, l'accès à l'oeuvre, la diffusion de l'oeuvre, les frontières nationales et la protection des cultures locales, sans dire clairement ce qu'il est prévu d'en faire, et en tirant sur les grands diffuseurs commerciaux, comme si le lecteur de l'article avait connaissance de tout ce que la Commission avait produit comme projets écrits à ce sujet.

La complexité du sujet est là.
Il n'y a pas qu'une seule entrée pour parler de ce sujet, mais des entrées multiples.
Sachant que la base du raisonnement n'est pas économique, car le principe de rémunération ainsi que les royalties touchés par les auteurs sont les même selon qu'il s'agisse de Jean Jacques Goldman ou de chmoldu Machinchose.
En restant sur ce raisonnement de base, il est plus facile de comprendre que la rémunération est un principe basique et non pas économique.

S'il y a méfiance envers les diffuseurs commerciaux, c'est parce que tout le monde sait que Baroso avant lui et Junker maintenant ne mange qu'à l'assiette du business libéral et les petites officines ne l'intéresse pas.

J'aime bien quand on parle de U2, Radiohead, ou autre qui proposent autre chose.
A ce degré de notoriété et de réussite, c'est facile. Ils ont le cul posé dans un joli fauteuil et placé leurs sous pour parer aux accidents ou essayer des trucs.
Pour rappel eux en sont là aujourd'hui car ils sont été grassement soutenus par l'industrie dont ils scient égoïstement dans le cas de U2, la branche.
Je dirais "rendez le pognon et on peut commencer à causer si vous voulez...mais rendez d'abord le pognon"

Ce qui m'inquiète, et mon crédo d'éditeur, de développeur de talent, c'est d'arriver à laisser la possibilité à de jeunes auteurs de pouvoir proposer quelque  chose demain, autrement qu'en étant dans la culture privatisée ou phagocyté par les marques.
Aussi idéaliste que ton point de vue je crois, et en très grand danger.
On parle de diversité culturelle et de principe permettant même d'imaginer cela avant de parler d'argent.


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Message  Kyle William Lun 6 Oct 2014 - 16:38

calispera a écrit:
On attend donc que Amélie Nothomb, Marc Lévy, Guillaume Musso, BHL Wink et Bruce suivent Razz

La patience est une très belle qualité Wink


C'est la première fois de ma vie que je vais prendre sa défense, donc je ne résiste pas… le pauvre BHL, qui a bien des défauts, se trouve ici dans une compagnie un peu trop "poids-lourd" pour lui… il faut savoir que ses 2 précédents livres, De la guerre en philosophie et Pièces d'identité ne se sont vendus respectivement qu'à 5 282 et 3 721 exemplaires... et je ne crois pas que ce soit dû au téléchargement illégal…

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Message  calispera Lun 6 Oct 2014 - 21:33

Etant donné que les gens sont trop accros à la musique, il me paraîtrait assez difficile de dire : on va utiliser la pression des masses : « cessez d'acheter U2 et Cie (Bruce aussi tant qu'on y est) » tant qu'ils utilisent des canaux trop commerciaux, dans le but de les pousser à utiliser des canaux alternatifs (non basés sur la pub, le profit, etc.)

On l'a vu sur l'échange à propos de U2, même ceux que ça gratouille un peu de voir que U2 se fait payer 100.000 dollars pour être distribué toutes boîtes, choisissent de l'écouter quand même. Si j'avais un i-phone, j'aurais fait pareil.

Boycotter est plus facile dans d'autres domaines, mais dans l'art, et en particulier pour la musique, ça me paraît impossible. Or le boycott n'amène pas souvent à des changements.

Par contre, parmi les plus grosses stars, il y a des gens qui ont une conscience. Je pense à des gens comme Peter Gabriel et il doit y en avoir bien d'autres, j'ai personne en tête pour l'instant. Et côté français, je songerais à Goldman, ou encore Balavoine s'il était encore là.
Ces gens-là ont un sacré pouvoir et pourraient faire la différence s'ils choisissaient d'aller à contre-courant et de publier alternatif.
De plus, il ne faut pas qu'ils restent isolés à le faire, il faut que la mayonnaise prenne. Ca existe déjà, mais ça n'a pas encore créé un courant. Qui sait, Stevie devrait peut-être y mettre son nez Wink

C'est dans ce sens-là que je dis que ce serait possible. Mais, je connais la taille de mon utopie, donc je parle de patience, mais je reste persuadée que cela se fera. J'espère qu'on en reparlera quand ça arrivera Wink
Les mentalités changent extrêmement vite en ce moment. Même s'il y a encore pas mal de monde qui aime fricoter avec les faiseurs de profit, il y en a de plus en plus qui tombent de l'arbre et se relèvent avec une autre mentalité. Beaucoup mêmes, commencent à le faire en douceur.

J'aime bien quand on parle de U2, Radiohead, ou autre qui proposent autre chose.
A ce degré de notoriété et de réussite, c'est facile. Ils ont le cul posé dans un joli fauteuil et placé leurs sous pour parer aux accidents ou essayer des trucs.
Pour rappel eux en sont là aujourd'hui car ils sont été grassement soutenus par l'industrie dont ils scient égoïstement dans le cas de U2, la branche.
Je dirais "rendez le pognon et on peut commencer à causer si vous voulez...mais rendez d'abord le pognon"

Là je suis assez d'accord, mais je voudrais quand même qu'avant ça, puisqu'ils ont du succès, ils l'utilisent pour lancer de nouveaux modes de fonctionnement plus justes, car eux, ils peuvent être suivis par ceux qui ont moins de succès, et le public va s'adapter.

CC Rider a écrit:
La complexité du sujet est là.
Il n'y a pas qu'une seule entrée pour parler de ce sujet, mais des entrées multiples.
Sachant que la base du raisonnement n'est pas économique, car le principe de rémunération ainsi que les royalties touchés par les auteurs sont les même selon qu'il s'agisse de Jean Jacques Goldman ou de chmoldu Machinchose.
En restant sur ce raisonnement de base, il est plus facile de comprendre que la rémunération est un principe basique et non pas économique.

Je ne suis pas vraiment d'accord. Si le principe de rémunération est le même, ça ne le rend pas justifiable pour autant. Je veux dire qu'il est tout, sauf juste.

Si on peut dire que chaque disque ou chaque livre vendu rapporte à peu près pareil à chaque auteur : on ne tient pas compte de l'oeuvre mais bien de sa reproduction. Le revenu par rapport à la création elle-même diffère d'une oeuvre à l'autre. Ceux qui ont réussi à percer (lisez : qui ont été choisis par des gens comme Hammond) ont un compte en banque 100 à 1000 fois plus, si pas plus encore, fourni que les autres.
Or le succès peut être lié à l'oeuvre, mais seulement en partie dans notre système, où, quand certains représentants de firmes vous ont choisis, vous avez droit à toute la panoplie d'aide médiatique et publicitaire pour faire grossir les rangs des acheteurs (« grassement soutenus par l'industrie » comme tu as dit). Alors que si le vote n'est pas allé dans votre direction, vous n'avez quasi rien à portée de mains pour faire connaître votre oeuvre : à l'heure actuelle. C'est pour ça que je dis que c'est là qu'il faut faire changer les choses : créer des canaux différents, où le référencement fonctionnerait un peu comme chez Deezer, par exemple. Mais ça doit venir d'en haut, et pas des industries en question, de ceux qui auraient l'intégrité de retomber sur leurs pattes.

Qu'on puisse mesurer le succès à la taille des ventes ne me paraît pas vraiment juste. De plus, la reconnaissance envers une oeuvre peut venir d'ailleurs que de l'argent.

Si j'avais le talent et la chance de pouvoir donner des concerts qui ramènent des millions de gens, je serais ravie que ces gens se déplacent, m'applaudissent, chantent avec moi et connaissent les paroles par coeur, et que ça fait chavirer les coeurs. Est-ce bien nécessaire ensuite qu'en plus je me paie 1000 paires de chaussures, possède 5 résidences (une dans chaque continent), que j'aie un golf privé, un yacht, quelques chevaux, un jet privé? En fait, non, c'est le pdg de la boîte qui me publie qui possède surtout tout ça, ainsi que les actionnaires de cette même boîte.

En art, il y a vraiment deux poids, deux mesures.

Et actuellement on est vraiment dans un registre où si, une part des artistes à succès ont un réel mérite, il y a tout de même aussi une frange de vendeurs de merde en boîte non?

Et s'il est probable que la majorité des artistes qui restent sans succès, n'ont tout simplement pas intérêt à en avoir, d'ailleurs, dans certains cas la question du titre d'artiste est à poser. Il y en a tout de même une bonne part qui font des choses géniales, ou très valables, mais qui ne sont pas connus.

Pour moi tant qu'on liera la reconnaissance de l'art au gagne-pain, on se fourvoiera.
Personnellement, si en tant qu'artiste mon combat est de défendre mon gagne pain avant de défendre mon art, je pense que j'ai intérêt à changer de métier, non? Rendre les productions artistiques dépendantes de l'argent qu'elles apporteront c'est déjà dénaturer l'art selon moi. On ne crée pas la même chose quand c'est un travail gagne pain ou quand c'est une passion, une vocation, un coup de coeur. Ce n'est pas incompatible par définition, mais ce n'est certainement pas compatible par définition.

Et puis, se pose aussi la limite de l'art. Les inventeurs, les designers, l'enfant qui fait une rédaction splendide mais mal fagotée côté langue, la vieille dame qui fait son patchwork et le vend à la fancy fair du coin, l'auteur d'un essai théorique mais aussi créatif; tous ces gens sont ils des artistes?
Et si non, celui qui fait pareil, pas mieux, mais réussit à en faire son gagne-pain, est-il un artiste?

Ce qui m'inquiète, et mon crédo d'éditeur, de développeur de talent, c'est d'arriver à laisser la possibilité à de jeunes auteurs de pouvoir proposer quelque  chose demain, autrement qu'en étant dans la culture privatisée ou phagocyté par les marques.
Aussi idéaliste que ton point de vue je crois, et en très grand danger.
On parle de diversité culturelle et de principe permettant même d'imaginer cela avant de parler d'argent.

J'avoue qu'en ce qui me concerne, la personne de l'éditeur ou du développeur de talent ou « d'agent » pour les Etats-Unis, ça réveille toute ma méfiance. Tant je serais heureuse de payer quelqu'un pour m'assister si je dois organiser des concerts ou commander une impression à grande échelle en passant par des cases administratives dont je ne connais rien; tant confier le fait que mes oeuvres soient rendues connues ou pas en fonction d'une personne qui choisit de les juger avant d'accepter de le faire, me paraît fondamentalement injuste.
C'est peut-être à cause d'internet que je pense comme ça, car internet rend possible de rendre accessible à des milliers de gens en un clin d'oeil, et c'est alors le public qui juge.
Le système de radio que j'ai décrit plus haut, même si ce n'est pas une radio qui propose des oeuvres non commercialisées, elle part tout de même d'un principe qui pourrait permettre de le faire. J'adore découvrir des morceaux de musique sur cette radio. S'ils s'agissaient de morceaux inconnus, préparés dans un garage par 4 ados, et que l'étincelle se produirait chez une majorité d'auditeurs qui voteraient élevés, ben je trouve qu'on aurait alors fait le boulot de reconnaissance de l'artiste débutant. Car ça fait immédiatement boule de neige.

Pour ma part, je peux concevoir que l'édition va disparaître dans les 5-10-20 prochaines années, au profit de réseaux artistiques sur le net. Je ne suis pas en train de dire que je te souhaite le chômage. J'ose espérer que tu es suffisamment  proche de la retraite pour ne rien avoir à subir de cette disparition.
Quand la voiture a pris son essor, m'est avis que pas mal de cochers, palefreniers, maréchal ferrants, ont dû mettre la clé sous la porte. (j'espère que la comparaison n'est pas vexante, mais pragmatiquement, on est dans le même registre).

Avec internet tout le monde sait que l'édition papier (dans sa forme actuelle en tout cas) va disparaître. Je présume qu'au niveau musical ce sera en partie pareil. En France les éditeurs de livres freinent des deux pieds, mais aux USA, la transformation a déjà lieu et se fait en douceur.

Bon j'ai réfléchi tout haut là, c'est pas de l'argumentation, même s'il y a quelques arguments glissés dans les phrases Wink

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Message  Kyle William Mar 7 Oct 2014 - 9:54

calispera a écrit:Avec internet tout le monde sait que l'édition papier (dans sa forme actuelle en tout cas) va disparaître. Je présume qu'au niveau musical ce sera en partie pareil. En France les éditeurs de livres freinent des deux pieds, mais aux USA, la transformation a déjà lieu et se fait en douceur.

Bon j'ai réfléchi tout haut là, c'est pas de l'argumentation, même s'il y a quelques arguments glissés dans les phrases Wink

C'est un peu l'impression que tu donnes en effet hihi.

Aux USA, la transformation se fait en douceur ? Tu veux dire, au seul profit d'Amazon, qui se prend maintenant pour un éditeur, et dont le crédo revendiqué quand ils signent un auteur est "nous regardons si ça ressemble à ce que les gens aiment déjà".

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Message  calispera Mar 7 Oct 2014 - 10:32

Kyle William a écrit:

Aux USA, la transformation se fait en douceur ? Tu veux dire, au seul profit d'Amazon, qui se prend maintenant pour un éditeur, et dont le crédo revendiqué quand ils signent un auteur est "nous regardons si ça ressemble à ce que les gens aiment déjà".

Non, je n'ai pas pensé à Amazon, mais pratiquement tous les livres là-bas sont publiés en ebook (pas forcément en kindle d'ailleurs), et les ebooks sont proportionnellement moins chers à ce qu'on propose en France. En France les e-books sont encore relativement rares, plus fréquents pour les bouquins neufs, mais dans les essais, je cherche encore... Et puis surtout, le prix est quasi le même que l'édition papier, de manière à décourager le client.

Aux USA, c'est malgré tout trop cher, mais c'est en tout cas déjà à moitié prix.

Bon, je ne connais pas tellement bien la question, je parle de ce que j'ai pu observer.... donc à vérifier, et je le dis aussi en fonction d'articles que j'ai lus qui en parlaient et dont je n'ai pas gardé les références.

Et au-delà, à partir du moment où chacun peut faire son ebook lui-même, vient la question : faut-il absolument passer par un éditeur? (idem pour la musique - sauf que la musique implique un aspect concert que le livre n'implique pas) D'où ma réflexion sur des réseaux fonctionnant comme Deezer ou comme la radio dont j'ai parlé.

J'ai oublié un aspect qui va à l'encontre de ce qui précède : la guerre des formats ebook, qui en revient donc au monopole de grandes firmes.
L'epub est le plus démocratique car je pense que toutes les liseuses peuvent le lire. Par contre il existe des autres formats, et ça, ça m'éneeeeeeeeeeeeeeeeeerve Wink

Autre aspect encore qui me traverse l'esprit. L'ebook ne remplace pas tout à fait la copie papier. Au-delà de l'aspect émotionnel que beaucoup mentionnent (tenir l'objet dans ses mains), il y a la conscience de l'endroit où on est dans la lecture, les photos et illustration, la possibilité de feuilleter facilement, de retrouver facilement un extrait qu'on a coché, la possibilité d'avoir le regard sur différentes pages en même temps etc. Ces fonctions-là n'existent pas ou que partiellement, ou plus difficilement sur les liseuses. Pour les romans ça ne devrait pas trop faire de problème, mais pour les livres qu'on consulte après lecture, ou sur lesquels on travaille, ou qui ont un aspect plus encyclopédique, l'ebook n'est actuellement pas encore une bonne alternative (internet est dans ce cas plus approprié).

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Message  Fabrice Mar 7 Oct 2014 - 14:42

Je ne sais pas si c'est la faute aux ebooks ou aux epub... mais je suis plus que circonspect sur l'impact positif d'amazon sur le "livre".
De ce côté de l'Atlantique, les librairies disparaissent à vitesse grand V.
J'habite une ville universitaire de 400.000 habitants... où il n'existe plus que deux libraires "indigo" (c'est une chaîne) qui ferait ressembler le rayon livre d'un Leclerc Culture pour la bibliothèque d'Alexandrie.
Merci amazon (et les gouvernements canadiens et américains pour qui le bouquin est un bizness comme un autre). Je ne doute pas cela soit une grande victoire pour le consommateur que de payer ses livres 10% moins chers et d'avoir ratatiné les librairies indépendantes. scratch

Bon, après si la démocratisation c'est la centralisation des profits et le contrôle monopolistique... Amazon, c'est un peu comme google books, derrière une façade pseudo "cool", il y a une vrai bonne machine de guerre.
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Message  CC Rider Mar 7 Oct 2014 - 16:15

calispera a écrit:Par contre, parmi les plus grosses stars, il y a des gens qui ont une conscience. Je pense à des gens comme Peter Gabriel et il doit y en avoir bien d'autres, j'ai personne en tête pour l'instant. Et côté français, je songerais à Goldman, ou encore Balavoine s'il était encore là.
Ces gens-là ont un sacré pouvoir et pourraient faire la différence s'ils choisissaient d'aller à contre-courant et de publier alternatif.
De plus, il ne faut pas qu'ils restent isolés à le faire, il faut que la mayonnaise prenne. Ca existe déjà, mais ça n'a pas encore créé un courant. Qui sait, Stevie devrait peut-être y mettre son nez Wink

J'ai toujours du mal avec ce raisonnement car tu associes systématiquement profit et protection des oeuvres.
Hors je peux t'assurer qu'en tant que DA ou développeur de talent, l'idée de base à l'écoute d'une maquette, d'une oeuvre, d'un univers, n'est pas le profit.  Rolling Eyes
En tous les cas pour ma moi. Et je suis loin d'être le seul dans ce cas là.
Il y a bien plus de vie que çà dans nos choix et engagements.
De la même manière il y a l'inverse, des personnes animées parle seul profit. Et c'est tant mieux, car les points de vue ou les intérêt multiples permettent à chacun de s'y retrouver.
Il ne s'agit pas de faire le "saint", car les profits, s'ils arrivent, sont bienvenue, mais j'ai par exemple financé intégralement un spectacle (le Pestacle), aux trans de Rennes, qui mélangeait image et son, pour rendre hommage à de grandes bandes sons de films, trop oubliées ou inconnues, les faire redécouvrir.
Ca a donné un disque vendu à moins de 100 exemplaires, et pourtant ce fut un énorme succès à cause de la valorisation du répertoire et de la qualité des versions modernes des oeuvres proposées.
Spectacle rendu possible uniquement grâce au fait d'avoir été l'éditeur de toutes ces oeuvres car dans le rôle confié à l'éditeur, la valorisation des copyright existants est vitale.
Et je ne suis pas John Hammond, car il n'y a pas que John Hammond dans la vie, mais son rôle (ou le miens ou celui d'autres) de passeur, de transmetteur, n'est possible que sur la base d'un échange qui permette à chacun de gagner sa vie.
Autre exemple?
Une artiste africaine aujourd'hui star mondiale et citoyenne d'honneur en Afrique du Sud ou au Danemark entre autre, ambassadrice de l'unesco etc etc, rencontrée dans son studio de 12m2 autour d'une autoprod il y a 25 ans, avec laquelle la relation contractuelle mise en place autour de ses deux premiers albums lui a permis dans la foulée de s'installer aux US, de prendre son envol là bas, d'être reconnue, puis simplement connue et devenir porte drapeau de quelques causes qui lui tenaient très à coeur.
D'ailleurs une fois les avances effectuées à la genèse de notre collaboration couvertes, il y a eu reversement de 50% des profits vers elle (sans même qu'elle l'ai demandé) par la société qui m'employait (une multinationale biiiigre!!).
Je peux à ce jour te confirmer
1/ que je suis heureux d'avoir aidé ce développement, y compris économique
2/ qu'elle a été heureuse de me confier 50% de ses droits et de les voir utilisés comme cela
3/ que cela lui a permis l'autonomie nécessaire à son installation aux US (y compris pour y dealer la suite de sa carrière)
4/ qu'une partie des profits sur les albums confiés lui est rétrocédée aujourd'hui que toutes les avances ont été remboursées
5/ que nous sommes toujours amis alors que nous ne travaillons plus ensemble depuis très longtemps.
6/ j'ai la faiblesse de penser que notre collaboration a servi de booster pour ses oeuvres.

J'ai quelques autres exemples très concrets, qui ne sont pas simplement des théories, mais du vécu et des choses très concrètes.

Les mentalités changent extrêmement vite en ce moment. Même s'il y a encore pas mal de monde qui aime fricoter avec les faiseurs de profit, il y en a de plus en plus qui tombent de l'arbre et se relèvent avec une autre mentalité. Beaucoup mêmes, commencent à le faire en douceur.

Les faiseurs de profits? En quoi cela est il obscène de faire des profits lorsqu'un travail est bien fait?  Suspect

Comment veux tu que Springsteen ou Goldman, tes deux exemples, nourris et soutenus au sein des majors, se révèlent révolutionnaires à 60 ans?
Tu parles du fait "que tu es sûre qu'il y en a d'autres". Je suis curieux de connaître lesquels? Quels exemple récents pouvons nous citer d'une personne, un artiste d'envergure, ayant inventé une forme alternative de diffusion des oeuvres permettant de vivre de son art, avec ou sans accompagnateur?
Ca n'existe pas. Il n' y a aucune manière de fédérer collectivement ce genre d'idée car nous sommes multiples et pas singuliers.
Il faudrait arriver à faire un sacré lavage de cerveau dont je pense que l'envergure dépasse l'entendement.
Mais bon...en théorie, tout est possible.
Ca ressemble drôlement au communisme ce que tu décris, cette uniformisation vers une norme commune.
Personnellement je trouve que çà n'est pas un mode de vie favorable au développement individuel, nécessaire à la bonne santé mentale de chacun de nous. droits d'auteur 599112001

je voudrais quand même qu'avant ça, puisqu'ils ont du succès, ils l'utilisent pour lancer de nouveaux modes de fonctionnement plus justes, car eux, ils peuvent être suivis par ceux qui ont moins de succès, et le public va s'adapter.

Mais ils ne le font pas et ne le feront pas.
Radiohead parle pour Radiohead, U2 pour U2 (et Apple Smile) etc etc.

je ne suis pas vraiment d'accord. Si le principe de rémunération est le même, ça ne le rend pas justifiable pour autant. Je veux dire qu'il est tout, sauf juste.
Qu'on puisse mesurer le succès à la taille des ventes ne me paraît pas vraiment juste. De plus, la reconnaissance envers une oeuvre peut venir d'ailleurs que de l'argent.

Je pense que personne ne juge, à la base, une oeuvre en fonction de son succès.
Le succès d'une oeuvre n'est pas le fait de son exposition massive, mais de sa reconnaissance, y compris par un groupe restreint de personnes..
J'ai des chansons qui me sont intimement importante qui figurent sur des albums que personne ne connaît ou qui ont été vendu à très peu d'exemplaire.
Et pourtant elle me sont importantes et je cherche à les faire découvrir ou écouter.
C'est pour cela que le fait qu'en terme de droits financiers le nivellement par l'égalité tarifaire de chaque oeuvre
protégée est très sain.
Oui oui...sain.
Car en tant qu'éditeur tu ne fais pas de différence.
Par contre ce qu'apporte le succès est le fait de représenter des oeuvre connues. Cela permet d'en développer de moins connus, voire même d'investir sur d'éventuels successeurs.

i on peut dire que chaque disque ou chaque livre vendu rapporte à peu près pareil à chaque auteur : on ne tient pas compte de l'oeuvre mais bien de sa reproduction. Le revenu par rapport à la création elle-même diffère d'une oeuvre à l'autre. Ceux qui ont réussi à percer (lisez : qui ont été choisis par des gens comme Hammond) ont un compte en banque 100 à 1000 fois plus, si pas plus encore, fourni que les autres.
Or le succès peut être lié à l'oeuvre, mais seulement en partie dans notre système, où, quand certains représentants de firmes vous ont choisis, vous avez droit à toute la panoplie d'aide médiatique et publicitaire pour faire grossir les rangs des acheteurs (« grassement soutenus par l'industrie » comme tu as dit). Alors que si le vote n'est pas allé dans votre direction, vous n'avez quasi rien à portée de mains pour faire connaître votre oeuvre : à l'heure actuelle. C'est pour ça que je dis que c'est là qu'il faut faire changer les choses : créer des canaux différents, où le référencement fonctionnerait un peu comme chez Deezer, par exemple. Mais ça doit venir d'en haut, et pas des industries en question, de ceux qui auraient l'intégrité de retomber sur leurs pattes.

Si j'avais le talent et la chance de pouvoir donner des concerts qui ramènent des millions de gens, je serais ravie que ces gens se déplacent, m'applaudissent, chantent avec moi et connaissent les paroles par coeur, et que ça fait chavirer les coeurs. Est-ce bien nécessaire ensuite qu'en plus je me paie 1000 paires de chaussures, possède 5 résidences (une dans chaque continent), que j'aie un golf privé, un yacht, quelques chevaux, un jet privé? En fait, non, c'est le pdg de la boîte qui me publie qui possède surtout tout ça, ainsi que les actionnaires de cette même boîte.
En art, il y a vraiment deux poids, deux mesures.

essaye de dissocier le droit d'auteur et le profit éventuel (bis ou ter).
Accorde un tout petit peu de crédit au fait qu'il y a certainement des brigands voire des escrocs qui profitent bien de tout cela, y compris chez les gentils artistes, mais qu'il y a des gens animés par la seule envie de révéler pour transmettre.

Et actuellement on est vraiment dans un registre où si, une part des artistes à succès ont un réel mérite, il y a tout de même aussi une frange de vendeurs de merde en boîte non?

Des frange de vendeurs de merde en boîte il y en a toujours eu, aussi loin que l'homme est homme.
Mais rappelle toi que ce qui est merde en boite pour toi, ne l'est pas pour d'autres.
Il n'y a pas d'avis centralisé et unique pour la qualité.
Patrick Sebastien est le Bruce Springsteen de mon voisin? Grand bien lui fasse et vive son plaisir.
Tolérance! Smile

Et s'il est probable que la majorité des artistes qui restent sans succès, n'ont tout simplement pas intérêt à en avoir, d'ailleurs, dans certains cas la question du titre d'artiste est à poser. Il y en a tout de même une bonne part qui font des choses géniales, ou très valables, mais qui ne sont pas connus.

Pour moi tant qu'on liera la reconnaissance de l'art au gagne-pain, on se fourvoiera.
Personnellement, si en tant qu'artiste mon combat est de défendre mon gagne pain avant de défendre mon art, je pense que j'ai intérêt à changer de métier, non? Rendre les productions artistiques dépendantes de l'argent qu'elles apporteront c'est déjà dénaturer l'art selon moi. On ne crée pas la même chose quand c'est un travail gagne pain ou quand c'est une passion, une vocation, un coup de coeur. Ce n'est pas incompatible par définition, mais ce n'est certainement pas compatible par définition.

Mais c'est toi, dans ce débat, qui lie systématiquement l'argent à la création.
Cette vision est forcément réductrice ou en tous cas trop singulière pour générer un sentiment commun.

Et puis, se pose aussi la limite de l'art. Les inventeurs, les designers, l'enfant qui fait une rédaction splendide mais mal fagotée côté langue, la vieille dame qui fait son patchwork et le vend à la fancy fair du coin, l'auteur d'un essai théorique mais aussi créatif; tous ces gens sont ils des artistes?
Et si non, celui qui fait pareil, pas mieux, mais réussit à en faire son gagne-pain, est-il un artiste?

"artiste" n'est pas une qualité ou un mérite, mais un fait, une force qui fait que certains d'entre nous sont animés plus que d'autres d'une fibre créatrice, qui en font des artistes.
Parfois avec envergure, parfois sans.
Mais comme mon point de vue d'éditeur est de séparer le profit de la reconnaissance (expliqué plus haut)...


J'avoue qu'en ce qui me concerne, la personne de l'éditeur ou du développeur de talent ou « d'agent » pour les Etats-Unis, ça réveille toute ma méfiance.


dommage d'être aussi fermée, méfiante.
L'expérience vécue dans le cadre de cet échange, pourrait peut être te faire changer d'avis?

confier le fait que mes oeuvres soient rendues connues ou pas en fonction d'une personne qui choisit de les juger avant d'accepter de le faire, me paraît fondamentalement injuste.

Personne ne juge Calispera.
Il y a une personne qui est touchée en premier, comme un réalisateur peut l'être par un scénario ou un oeunologue par un vin inconnu, car c'est sa place, ou celle qu'il a eu l'opportunité de choisir ou d'occuper.

Avec la même envie ""naturelle" pour les personnes qui ont choisi ce côté là (faire découvrir, transmettre, aider en celà, mettre en forme) de "faire passer à l'autre", de faire découvrir. C'est aussi une flamme, qui demande du courage, de l'imagination, de la psychologie, de l'obstination, de la persuasion, du souffle.
Un groupe ou un artiste dans un local de repet avec 4 chansons maquettées se retrouve deux ans après sur la grande scène de l'Olympia reconnu par un public devenu plus large, et bien je n'ai aucune honte à le dire, c'est un plaisir absolu, sans nulle autre comparaison.
Une reconnaissance d'un instinct et d'un travail.
D'avoir été celui qui a aidé.
Qui a pris le second risque, le premier étant toujours celui du créateur, définitivement car ça demande du courage de vouloir devenir artiste, se mettre à poil au travers de sa création, se mettre en danger.

Quand la voiture a pris son essor, m'est avis que pas mal de cochers, palefreniers, maréchal ferrants, ont dû mettre la clé sous la porte. (j'espère que la comparaison n'est pas vexante, mais pragmatiquement, on est dans le même registre).

Mon point de vue n'est pas dicté par le passé, mais par le présent.
N'ayant jamais pensé qu'un directeur artistique ou un artiste soit un être humain plus important qu'un conducteur de Micheline ou de train à vapeur, un boucher ou un cocher, je n'ai aucun soucis vexatoire à ce niveau là  Wink

Avec internet tout le monde sait que l'édition papier (dans sa forme actuelle en tout cas) va disparaître. Je présume qu'au niveau musical ce sera en partie pareil. En France les éditeurs de livres freinent des deux pieds, mais aux USA, la transformation a déjà lieu et se fait en douceur.

J'apprend qu'il y a de la douceur dans le monopole qu'essaye de mettre en place Amazon à coup de com' toute pompeuse, pour arriver à devenir l'acteur unique ou en tous les cas important de la distribution de livres.
Avec l'aide maintenant de Mr Junker, donc, dont je parlais hier.

Pour info, "tout le monde" savait aussi que le vinyle allait disparaître et que le cd serait le remplaçant unique de ce support si vieux et démodé.
Et pourtant...


Dernière édition par CC Rider le Mar 7 Oct 2014 - 20:40, édité 2 fois
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Message  growinup Mar 7 Oct 2014 - 16:55

CC Rider n'aurait pas pu mieux résumer ce que je tente de mettre en ordre dans ma tête
Je ne comprends pas cette association systématique négative de création et de 'profit'. Cela n'est pas incompatible de vivre de son art et de continuer à y mettre toutes ses tripes

Au nom de quoi les artistes devraient-ils ne pas être payés pour leur travail, car oui c'est un travail, dans lequel on met son âme certes mais qui demande du temps et un investissement énorme.
Alors certes, certains en deviennent milliardaires mais ce n'est qu'une infime partie (ce qui ne les empêche pas pour certains de continuer à créer avec autant de passion qu'avant) et d'autres restent dans la misère;c'est un parcours risqué et plein d'incertitudes, la chance, la bonne rencontre au bon moment comptent, on est d'accord qu'il peut y avoir une certaine injustice mais ça n'a rien à voir avec le fait de lier création et profit.  
Les droits d'auteur, c'est grosso modo le seul moyen pour un écrivain de vivre de son art. Si on s'en sert 'bien' l'argent est aussi une source incroyable de liberté de création justement.

Je ne comprends pas trop quel est le but ultime dans ce que tu présentes Calispera (c'est une question sincère sans aucune ironie). Se passer de maison d'édition, c'est très bien, je l'ai moi-même tenté, mais le lien humain avec quelqu'un dont le rôle est de servir de passeur entre l'auteur, le musicien, (comme celui raconté par CC Rider) est irremplaçable.
Tout comme, encore une fois, je ne vois pas très bien pourquoi seuls les 'artistes' devraient travailler gratuitement. Parce que c'est une passion et pas un métier? D'accord sauf qu'il est quand même très difficile de concilier création et travail classique (je le sais pour l'avoir expérimenté de nombreuses années) et qu'a un moment donné (sans parler de palaces et de yacht), il faut bien bouffer et vivre décemment.

Et pour finir, pour ma part c'est Amazon que je boycott car cette uniformité imposée et agressive est bien plus dangereuse que Bruce et ses millions
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Message  calispera Mar 7 Oct 2014 - 22:24

Merci pour les longs messages, heureuse de voir que je ne suis pas la seule cette fois.

Bien que je pense être un peu à court d'arguments, j'aurais encore pas mal à dire. L'idée pour moi n'est pas de convaincre, mais de tenter de rendre compréhensible ma manière de voir les choses, de nuancer ou compléter mon propos, et montrer ce qui fait écho chez moi dans tout ce que tu as écrit (vous avez écrit en fait Wink ).

Vu l'heure tardive, je pense que je vais remettre ça à demain..... si j'en ai le temps et le courage. Mais ça m'intéresse, car au-delà de l'aspect pragmatique du sujet, ça travaille bien plus loin au niveau des valeurs, des conceptions, et je pense que c'est salutaire d'aller se secouer le cocotier de temps en temps en discutant sur ce genre de sujets.

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Message  calispera Mer 8 Oct 2014 - 21:26

Allez, je poursuis mes élucubrations.

Je me rends bien compte qu'on parle à des niveaux différents. Vous parlez du concret direct, en rapport à votre travail et votre expérience, je parle du lointain utopique en rapport à mes désirs.

Quand je parle d'utopie je songe tout de même que c'est réalisable, mais que cela demande que les gens y adhèrent pour rendre cela possible, cela demande que certains pouvoir s'estompent (les multinationales monopolistiques, et certains types de politiques).

Je disais hier que j'étais à court d'arguments, peu avant de me coucher. Mais tant au coucher qu'au réveil, plein d'idées me venaient en tête, et j'en ai probablement déjà oublié la majorité Wink

Une première idée est que l'art pour moi ne doit pas forcément être connu du plus grand nombre ni même parfois reconnu. Ce qui est vendu n'est que la partie émergée de l'iceberg. Plein de gens font de l'art en catimini au fond de leur garage, dans le grenier ou sur un coin de table dans un café. Ils n'ont pas besoin, ni d'en vivre, ni de le publier à grande échelle, parfois même pas du tout.

J'ignore ce qui fait qu'à un moment on bascule et qu'on veut que ce soit l'activité principale dans notre vie. Est-ce une passion d'origine, ou le fait que justement cet art nous apporte une forme de reconnaissance qui crée une soif de toujours plus? Est-ce que c'est parce qu'on est doué? Est-ce que c'est parce que finalement c'est bien pratique de pouvoir faire de l'argent avec ça plutôt qu'avec un boulot chiant et éreintant. Sans doute beaucoup de ces choses à la fois.

En tout cas, quand un jeune de 20 ans me dit, je suis un artiste, je me méfie Wink

Artiste, à mes yeux, c'est un peu comme philosophe : se prétendre soi-même artiste, c'est très prétentieux quand on n'a pas un grand public.

Je m'éloigne des droits d'auteur, c'est vrai. Mais c'est tout un contexte. Pour moi le droit d'auteur existe parce qu'on a du mal à reconnaître l'art pour ce qu'il est. Et ce ne sont pas les lois qui vont aider, c'est une évolution des mentalités qui le fera, et elle est en cours.

J'ai envie de comparer l'art dans notre société au sport. Une frange assez mince de la population en vit, et dans des disciplines comme le foot, les salaires des « sportifs » n'ont plus aucune mesure et défient tout bonnement le bon sens. En art, il y a de ça aussi.
Et en sport, la plupart des gens en pratiquent, même parfois sans s'en rendre compte dans le cadre d'un boulot actif, sans jamais imaginer en faire une profession ou en tirer une quelconque reconnaissance.
Je pense que c'est idem pour l'art.
Et c'est dans ce sens que je pose la question : pourquoi faut-il à tout prix considérer certains artistes comme des professionnels? (excepté quand leur train de vie exigent d'eux que cela devienne un plein temps : style tournée mondiale)

Quand je vois à Bruxelles des artistes venir protester chez la ministre quand les budgets sont diminués dans le domaine de la culture, car leurs spectacles ne seront plus subsidiés par centaines de milliers d'euros annuellement. Ca me pose question.

Il y a chez nous des gens qui n'ont pas de quoi vivre décemment, qui ne peuvent pas se permettre d'aller chez le médecin ou de s'acheter des médicaments pour se soigner, et certains considèrent comme normal que les coûts exorbitants pour un spectacle n'impliquant que quelques acteurs, soient payés par la communauté.
C'est ce grand écart là qui me choque.

Pour moi l'argent vers l'art n'est pas un dû, alors que l'argent pour nourrir et soigner tout le monde est un dû.

L'exigence d'utiliser le matériel le plus sophistiqué éveille aussi chez moi de la méfiance.
Si on a l'argent ok, mais quand on ne l'a pas, pourquoi ne pas faire plus simple.

Bansky (je sais je me répète), il peint sur n'importe quel support. Il y a un photographe très dans le vent actuellement qui met un point d'honneur à ne photographier qu'avec un i-phone, et ça n'empêche pas son succès.

Je ne dis pas qu'il faille à tout prix utiliser du matériel dégueulasse, et il est vrai que quand on devient connaisseur on devient plus exigeant.
Mais l'art est affaire d'émotion plus que de rationalisation, et la montée dans le raffinement du matériel ne fait pas forcément monter le raffinement de l'émotion face à l'oeuvre. Un peu plus de simplicité pourrait parfois diminuer les exigences financières.

Pour en revenir aussi au gagne-pain de l'artiste. Je pense que pour la plupart des arts il est possible de partager son temps entre gagner de l'argent et pratiquer l'art. Des arrangements sont possibles. Mais je pense surtout, et j'en ai déjà parlé, que nous allons vers une société où il y aura une allocation universelle. On en parle de plus en plus, certains grands partis politiques en Belgique commencent même parfois à l'envisager, et la manière dont le droit évolue, je pense que ça finira par être inévitable.

Les gens qui vivent sous la mutuelle, qui ont des allocations de chômage sur le long terme, les pré-retraités, ceux qui vivent de manière sobre en se permettant de n'avoir qu'un mi-temps, tous ces gens sont de plus en plus nombreux. Les politiques qui tentent de forcer les gens à travailler sont complètement incohérents quand on ne crée pas de l'emploi en parallèle. Or tellement de choses deviennent automatisées et font chuter l'emploi. Je ne nie pas non plus qu'à force de licencier pour mieux sucer l'énergie des travailleurs qu'elles gardent, les firmes poussent les gens au burn out et au harcèlement au travail et que là n'est pas non plus la solution.

A terme on sera bien forcé d'arrêter de faire travailler les gens dans un cadre de compétition et revenir à un travail plus serein. Bon, là je m'éloigne trop, mais c'est dans le cadre de l'allocation universelle, qui pourrait vraiment permettre une explosion de la pratique des arts, et résoudre en grande partie la partie financière de l'artiste, en tout cas, en ce qui concerne son gagne-pain.

Bon, si je continue, je vous écrirai un bouquin, mais là, je vais devoir partir un moment, je fais donc une pause....

suite au prochain message

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Message  calispera Mer 8 Oct 2014 - 21:28

Pour ce qui est du rôle de l'éditeur, j'avoue que c'est mon expérience qui m'a amenée à m'en méfier. A tort peut-être, mais avant de chercher à éditer un livre que j'ai écrit je me suis informée. Je savais déjà que je n'avais, théoriquement, qu'une chance sur 100 de pouvoir trouver preneur.
Mon livre n'a rien à voir avec l'art, c'est plutôt un essai dans le domaine du développement personnel on va dire. Mais la démarche pour publier reste tout de même la même.
Je ne cherchais pas à faire un livre commercial et ai choisi de manière très ciblée deux éditeurs à qui j'ai fait l'envoi du synopsis avec toute une série de détails à suivre et la copie très aérée du manuscrit. Déjà ce boulot-là est décourageant je trouve. Pas physiquement, mais moralement.
J'ai attendu, patiemment. Et après un an sans nouvelles des deux éditeurs, je me suis risquée à les contacter. L'un m'a signifié de manière indirecte qu'il n'était pas intéressé, et je ne suis pas sûre qu'il l'avait lu. Le second l'a lu parce que pressé par une connaissance à moi qui le connaissait. J'ai même eu l'occasion d'avoir une longue conversation intéressante avec lui au téléphone. Cela m'a fait comprendre que, si le sujet de mon livre correspondait à son édition, sa manière de concevoir l'édition ne correspondait pas trop à mes vues. Et en effet, il n'a pas jugé mon livre intéressant.

Déjà c'est vexant.
Donc je n'ai su qu'après un an que mon livre ne serait pas édité, en tout cas, pas par la filière habituelle : papier, commerciale, en librairie.

J'ai de suite switché vers l'idée de publier sur le net. J'avais déjà un site basique en rapport avec le thème du bouquin et plusieurs articles dans mon tiroir. J'ai donc construit mon site et publié le bouquin sur le site, avec toute une série d'articles sur des sujets en parallèle.
Par la suite, j'ai été contactée au sujet d'un très long article publié sur le site, afin d'en écrire un dossier pour un magazine mensuel. Et plus tard encore, toujours pour cet article, un éditeur m'a contactée car il voulait en faire un livre.
Nos conditions respectives n'étaient pas tout à fait compatibles, et je ne voyais pas de raisons de faire des concessions alors que cet article trouvait ses lecteurs tout seul via les moteurs de recherche sur le net. J'ai tout simplement laissé tomber.

Et donc en fonction de ces expériences, pour moi, les intermédiaires ne sont vraiment pas des gens à qui j'aurais envie de confier les rennes de ma diffusion artistique, si j'étais artiste.

Dans l'histoire de Bruce Springsteen, on sait qu'il a eu lui-même des problèmes avec son premier agent. Et encore actuellement, je pense que ce qu'il publie ou pas, les contrats qu'il signe ou pas, sont très fort influencés par Jon Landau, et pas forcément dans un sens idéal selon moi.

Et en effet, CC Rider, quand tu parles de ton boulot comme découvreur de talent qui fait des pieds et des mains pour leur ouvrir les portes du succès ou en tout cas de joindre un public, ça paraît très alléchant.

Du point de vue de l'artiste, cela peut aussi signifier : devoir se plier au goût de la personne qui l'a découvert et aller dans la direction qu'elle aura défini; c'est à dire laisser la direction de l'oeuvre être définie par quelqu'un d'autre.

Personnellement c'est une condition que j'aurais accepté aveuglément dans le passé, actuellement ce serait hors de question, surtout que le net offre d'autres possibilités.

Evidemment, si on rêve d'être star, ou d'en approcher le statut, on est prêt à tout, mais en ce qui me concerne (évidemment c'est facile à dire puisque je ne fais pas de l'art); ce n'est pas ce que je recherche, même si mon égo ne rechignerait pas devant quelques éclats d'un hypothétique public Wink

Et je dois préciser que la reconnaissance, je l'ai via les statistiques de mon site. Je vois qu'il est de plus en plus visité, d'un peu partout dans le monde (j'ai traduit quelques textes en anglais et en espagnol), et je peux voir quand quelqu'un visite plusieurs pages, et lesquelles, et combien de temps il reste sur le site, et aussi via quel lien (google en général) il est arrivé sur mon site. Cela permet aussi de découvrir d'autres sites qui ont mis des liens vers mon site pour le faire connaître etc. Bref, ça me donne une reconnaissance tout à fait adéquate, même si je ne suis pas en contact avec ces gens et que cela n'aide pas trop à faire gonfler mon égo. Mais peut-être qu'un jour je sauterai le pas pour donner des conférences. Je ferai appel à toi CC Rider Wink sauf que c'est pas de la musique, et que je ne tiens pas à faire connaître mon site ici Wink

Peut-être que tout ça parait éloigné du droit d'auteur, mais je ne le pense pas, car pour moi, il s'agit de tout un contexte (oups, je me répète Wink ).

Ce que je dis correspond plus aux arts liés à la musique et à la littérature, car ils peuvent plus facilement profiter du net. On peut y joindre la photographie et le cinéma, et peut-être les arts plastiques.

Je parle donc surtout de l'aspect : oeuvre reproductible et diffusable (il y a un mot plus correct pour dire ça?) sur le net.

Concernant ce qui touche au théâtre, aux spectacles; j'avoue ne pas trop savoir quoi penser. Je n'assiste plus à rien de tout ça, mais je ne rechignerais pas à aller au concert de temps en temps. Mais je remarque qu'en Belgique francophone, une bonne part des arts du spectacle est vraiment destinée à un public très très élitiste (Opéra, musique classique, théâtre), et là aussi, j'aurais envie de dire : qu'on arrête les frais. Ou du moins, qu'on les diminue.
Et je suis aussi estomaquée de voir le nombre de concerts et festivals actuellement. Je ne suis de près ce qui se fait, mais en voyant l'actualité, j'ai l'impression que, par rapport à il y a 20-30 ans, quand j'y allais, le nombre à carrément décupler. Or la population n'a pas décuplé, et je me demande si les jeunes actuellement vont plusieurs fois par semaine au concert, car sinon, quel est le public de tous ces concerts?

Je suis donc en train de me demander si, comme on est dans une société de surconsommation (et surinformation), est-ce qu'on n'est pas aussi dans la surconsommation de l'art en ce moment?

Bon, je relis vos messages avant de clôturer, car il y a des thèmes que vous avez évoqués auxquels je n'ai pas répondu.

Si je lie droits d'auteurs avec finances à toutes les phrases, c'est bien parce que je pense que c'est là le problème. Si l'argent n'était pas en cause, pas mal d'artistes seraient moins enclins à faire des procès pour plagiat. On pourrait alors considérer l'art comme universel et non comme lié à une propriété intellectuelle. C'est la même différence qu'entre Microsoft et Linux. L'un c'est pour le profit, avec la recherche d'être monopole, tout comme Apple, l'autre est universel. Et avec Linux tout le monde est bienvenu pour modifier les programmes à qui mieux mieux. Alors que Microsoft doit être continuellement protégé par des lois, des contrats, des procès, etc. et est en guerre continuelle Apple.

Concernant le concept de profit, moi il me gêne. Qu'on fasse un bénéfice décent de manière à vivre confortablement soit, mais qu'on gagne de l'or en barre, à mes yeux, ce n'est pas éthique si on jette l'argent par les fenêtres. Pour moi il existe réellement une balance : l'argent qui est entre les mains des riches, c'est l'argent dont manque ceux qui crèvent de faim. Et selon moi, aucune loi ne retirera l'argent des riches (je ne suis pas communiste), c'est l'évolution des mentalités qui permettra d'y parvenir. Et même si apparemment on en est encore loin, en réalité, les mentalités bougent beaucoup, mais en coulisses.

Par rapport aux systèmes de diffusion alternatif, tu dis CC Rider, que c'est impossible que des majors comme Bruce ou Goldman puissent faire la révolution. Peut-être en effet pas ces deux-là, mais des plus jeunes sans doute. J'ai déjà cité Radiohead, donc il y en a déjà au moins un. Et s'il ne devait y en avoir aucun, ça ne saurait trop tarder, car, selon moi, on ne peut qu'arriver là. C'est comme pour le reste : la fin de l'utilisation du pétrole, l'a-croissance ou décroissance, le recyclage, les économies d'énergie et de pollution. On peut très bien dire : on n'y arrivera jamais c'est impossible. Pour moi ya pas photo : soit on y arrive, soit on ne sera tout simplement plus. Et comme c'est tout qui est remis en question, et que ces remises en question vont toutes dans le même sens : le sens des responsabilités à un niveau citoyen et à un niveau mondial. Celle des artistes à revenir à des revenus décents, et à diffuser leurs oeuvres en dehors des grandes multinationales, ça me paraît être en effet, forcément, dans l'air du temps. Et pour moi, il ne s'agit pas tant de créer des normes communes que d'avancer en conscience.

je voudrais quand même qu'avant ça, puisqu'ils ont du succès, ils l'utilisent pour lancer de nouveaux modes de fonctionnement plus justes, car eux, ils peuvent être suivis par ceux qui ont moins de succès, et le public va s'adapter.

Mais ils ne le font pas et ne le feront pas.
Radiohead parle pour Radiohead, U2 pour U2 (et Apple Smile) etc etc.

Que U2 parle pour U2, ça me paraît évident, et c'est ça qui a sans doute choqué pas mal de monde. Mais Radiohead, je n'en suis pas si sûre. Je pense que parmi les artistes de type star, il peut aussi y avoir de la conscience, et il suffit de peu pour que l'artiste choisisse de la faire entendre. J'avais cité Stevie. Dans les années 60-80, il y en a eu pas mal qui ont été plus militants. Actuellement ce n'est plus de la militance de la part des stars qui est nécessaire, mais bien de la conscience. Il ne s'agit plus d'informer et de faire pression, mais bien de se transformer, d'agir différemment et de rayonner. Et je ne vois pas pourquoi, alors que dans la population de plus en plus de gens s'y mettent, les artistes seraient épargnés par cette évolution.

Par contre ce qu'apporte le succès est le fait de représenter des oeuvre connues. Cela permet d'en développer de moins connus, voire même d'investir sur d'éventuels successeurs.

A ça j'adhère déjà nettement plus, et c'est la première fois que tu en parles. Mais je crains que dans des boîtes comme Universal, Colombia, Sony (j'ignore le nom actuel), et dans les autres qui leur font concurrence, on raisonne de la sorte. Or, (tu me corrigeras si je me trompe), 90 à 99% du commerce musical actuel en Occident est tenu par 3-4 grosses boîtes de cet accabi.

essaye de dissocier le droit d'auteur et le profit éventuel (bis ou ter).
Accorde un tout petit peu de crédit au fait qu'il y a certainement des brigands voire des escrocs qui profitent bien de tout cela, y compris chez les gentils artistes, mais qu'il y a des gens animés par la seule envie de révéler pour transmettre.

J'entends bien, et je ne remets pas cela en question, mais la plupart des artistes qui atteignent monsieur et madame tout le monde ne sont pas révélés par ces gens.
Et si j'ai du mal à dissocier le droit d'auteur et le profit, c'est bien parce que la langue française ne fait pas la différence. En anglais il y a les royalties et le copyright.

Et actuellement on est vraiment dans un registre où si, une part des artistes à succès ont un réel mérite, il y a tout de même aussi une frange de vendeurs de merde en boîte non?

Des frange de vendeurs de merde en boîte il y en a toujours eu, aussi loin que l'homme est homme.
Mais rappelle toi que ce qui est merde en boite pour toi, ne l'est pas pour d'autres.
Il n'y a pas d'avis centralisé et unique pour la qualité.
Patrick Sebastien est le Bruce Springsteen de mon voisin? Grand bien lui fasse et vive son plaisir.
Tolérance! Smile

Non, non, Patrick Sebastien n'est pas ma tasse de thé, mais je le respecte, il n'est pas un vendeur de merde en boîte. Mais je pense qu'il y a des gens qui sont vraiment dans le registre de vouloir vendre sans se préoccuper du contenu, du moment que c'est vendable (et ils taperont sur le clou pour le rendre vendable). Je ne parle donc pas de goût, mais bien d'intentions. Amusant que tu te mettes à me faire des leçons de tolérance, j'ai envie de répondre :
Projections que tout ça! Smile

Mais c'est toi, dans ce débat, qui lie systématiquement l'argent à la création.
Cette vision est forcément réductrice ou en tous cas trop singulière pour générer un sentiment commun.

Non ce n'est pas moi, quand j'envisage que l'art puisse être découplé d'un revenu, l'argument du gagne-pain ressort aussitôt, même quand je donne des alternatives de gagne-pain.

"artiste" n'est pas une qualité ou un mérite, mais un fait, une force qui fait que certains d'entre nous sont animés plus que d'autres d'une fibre créatrice, qui en font des artistes.
Parfois avec envergure, parfois sans.

Pour moi être artiste n'est pas du tout un « fait ». Si notre éducation était un peu plus adéquate, on pourrait tous être animé d'une forte fibre créatrice. C'est je pense simplement une qualité humaine intrinsèque mais qui n'est que rarement développée, et qui, quand elle l'est, l'est en général par hasard. Pour moi la fibre créatrice équivaut en nature à l'intuition, la rationalité, la sensibilité, la clairvoyance. Excepté la rationalité, on développe en général plutôt peu les autres, chacun l'une plus que l'autre.

Avec internet tout le monde sait que l'édition papier (dans sa forme actuelle en tout cas) va disparaître. Je présume qu'au niveau musical ce sera en partie pareil. En France les éditeurs de livres freinent des deux pieds, mais aux USA, la transformation a déjà lieu et se fait en douceur.
J'apprend qu'il y a de la douceur dans le monopole qu'essaye de mettre en place Amazon à coup de com' toute pompeuse, pour arriver à devenir l'acteur unique ou en tous les cas important de la distribution de livres.
Avec l'aide maintenant de Mr Junker, donc, dont je parlais hier.

Je parlais des éditeurs pas des distributeurs, même si je suis consciente qu'on peut difficilement ne pas tenir compte d'Amazon qui fait dans l'édition ce que font les bucherons en Amazonie.

Suite encore au prochain message pour répondre à growinup....

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Message  calispera Mer 8 Oct 2014 - 21:29

growinup a écrit:CC Rider n'aurait pas pu mieux résumer ce que je tente de mettre en ordre dans ma tête
Je ne comprends pas cette association systématique négative de création et de 'profit'. Cela n'est pas incompatible de vivre de son art et de continuer à y mettre toutes ses tripes

En fait, l'attitude psychologique pour faire un travail lorsqu'il est payé ou non, peut varier, quand c'est un travail qui doit se faire avec le coeur. Et l'art, par définition doit se faire avec le coeur.
Demande à une femme d'être payée pour aimer un homme, et on l'appellera prostituée Wink
Non, ok, l'exemple n'est pas approprié, car le sexe n'est pas lié à l'amour dans la prostitution.
Mais demander à une femme d'enfanter et d'éduquer son enfant pour de l'argent : ben je voudrais pas être l'enfant hein Wink
Je ne suis pas en train de dire non plus que quand on est payé, par définition on ne mettrait pas le coeur à l'ouvrage. Mais quand l'argent intervient, dans l'art entre autre, il est clair que cela oriente souvent les choix dans des directions différentes. Pour moi c'est presque dans l'essence de l'art qu'il devrait être donné. Mais ça ne veut pas dire que j'estime que les artistes doivent se crever à faire un boulot alimentaire, et pratiquer leur art la nuit, à la place de dormir Wink

Au nom de quoi les artistes devraient-ils ne pas être payés pour leur travail, car oui c'est un travail, dans lequel on met son âme certes mais qui demande du temps et un investissement énorme.

Je n'ai pas dit le contraire, mais j'estime qu'il faudrait découpler le fait d'avoir à manger, en vivant dans un certain confort, et celui de pratiquer son art. Je ne pense pas que l'appât du gain soit vraiment une bonne source d'inspiration Wink Le stress des obligations contractuelles, la direction vers laquelle l'entourage de l'édition va tirer, les pressions, la promo (dont on parle dans un échange à côté) : tout ça n'est pas de nature à stimuler la fibre créatrice, plutôt l'inverse, ça la brime.
De plus, tant qu'on est dans le registre art professionnel = gagne-pain, on est plus ou moins obligé de rester dedans. Or beaucoup d'artistes n'ont plus rien à donner à partir d'un certain point (peut-être justement car le système les vampirise trop et que ça assèche l'inspiration).
S'il fallait faciliter les voies artistiques, il faudrait peut-être aussi faciliter le fait de pouvoir en sortir quand on le juge opportun. REM, semble avoir choisi cette voie.

Alors certes, certains en deviennent milliardaires mais ce n'est qu'une infime partie (ce qui ne les empêche pas pour certains de continuer à créer avec autant de passion qu'avant) et d'autres restent dans la misère;c'est un parcours risqué et plein d'incertitudes, la chance, la bonne rencontre au bon moment comptent, on est d'accord qu'il peut y avoir une certaine injustice mais ça n'a rien à voir avec le fait de lier création et profit.

Pour moi justement si : la richesse extrême des uns est liée à la misère des autres. Pas directement bien sûr. Mais si le système fait des richards, c'est cela même qui crée  l'impossibilité aux autres de percer. U2 en est le parfait modèle avec son intrusion sur i-phone.
Apple ne payera jamais personne d'autre pour faire une pareille promo, c'était très probablement un coup unique. Quand les uns prennent toute la place (et tout l'argent), les autres n'en ont tout simplement plus, ou si peu.

Les droits d'auteur, c'est grosso modo le seul moyen pour un écrivain de vivre de son art. Si on s'en sert 'bien' l'argent est aussi une source incroyable de liberté de création justement.

Ce que tu dis est l'inverse finalement de ce que j'ai écrit deux paragraphes plus haut Wink Pour l'argent on se prostitue, on accepte l'inacceptable, on change de direction. Même Bruce en a payé les frais. Entre 75 et 78 il lui a été interdit de produire du nouveau matériel musical publiquement. Il a refusé de se plier, et ça lui a pourri la vie pendant trois ans. Il n'avait le choix qu'entre trois possibilités : accepter les conditions de son agent (Apple) et se prostituer, les refuser et être emprisonné par rapport à son art, et le troisième choix : tout lâcher.
S'il s'était édité lui-même sur le web (dans une utopie futuriste on va dire) : ces problèmes ne se seraient tout simplement pas posés.

Je ne comprends pas trop quel est le but ultime dans ce que tu présentes Calispera (c'est une question sincère sans aucune ironie). Se passer de maison d'édition, c'est très bien, je l'ai moi-même tenté, mais le lien humain avec quelqu'un dont le rôle est de servir de passeur entre l'auteur, le musicien, (comme celui raconté par CC Rider) est irremplaçable.

Peut-être, et j'ignore ce que c'est. J'ai écrit plus haut ma méthode, et je me passe de ce lien irremplaçable. Comme j'ignore ce que c'est ça ne me manque pas. Enfin, si, j'ai eu un petit aperçu de ce que ça aurait pu être puisqu'un éditeur est venu vers moi (ce que je dois bien avouer doit être assez rare, en général ça reste tout de même l'inverse), et le contact avec cet éditeur, ben, franchement, je me suis sentie beaucoup mieux le jour où j'ai décidé de ne pas le laisser intervenir.

Bon, je n'ai dit là probablement que la moitié  de ce qui m'a traversé l'esprit hier soir et ce matin. (j'avais écrit « le quart », mais j'ai rajouté quelques paragraphes encore depuis).
Ca pourrait me revenir plus tard Wink Mais c'est déjà assez long comme ça.

Si je devais continuer, demain je pourrais publier le livre suivant Wink


CC Rider, pas envie de faire dans l'édition papier non artistique? Wink Oups, non, je suis trop écolo : pas de papier pour moi.

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Message  CC Rider Jeu 9 Oct 2014 - 9:55

calispera a écrit:
growinup a écrit:CC Rider n'aurait pas pu mieux résumer ce que je tente de mettre en ordre dans ma tête
Je ne comprends pas cette association systématique négative de création et de 'profit'. Cela n'est pas incompatible de vivre de son art et de continuer à y mettre toutes ses tripes

En fait, l'attitude psychologique pour faire un travail lorsqu'il est payé ou non, peut varier, quand c'est un travail qui doit se faire avec le coeur. Et l'art, par définition doit se faire avec le coeur.
Demande à une femme d'être payée pour aimer un homme, et on l'appellera prostituée Wink
Non, ok, l'exemple n'est pas approprié, car le sexe n'est pas lié à l'amour dans la prostitution.
Mais demander à une femme d'enfanter et d'éduquer son enfant pour de l'argent : ben je voudrais pas être l'enfant hein Wink
Je ne suis pas en train de dire non plus que quand on est payé, par définition on ne mettrait pas le coeur à l'ouvrage. Mais quand l'argent intervient, dans l'art entre autre, il est clair que cela oriente souvent les choix dans des directions différentes. Pour moi c'est presque dans l'essence de l'art qu'il devrait être donné. Mais ça ne veut pas dire que j'estime que les artistes doivent se crever à faire un boulot alimentaire, et pratiquer leur art la nuit, à la place de dormir Wink


Je ne peux reprendre que ce passage, le seul où tu réponds à mes arguments.Je vais essayer de continuer à te faire comprendre que peut être l'association entre l'argent et l'art n'est pas un pêché mortel SmileSmile
Ce que tu développes comme argumentaire reste dans l'imaginaire, dans l'abstrait, l'idéal.
Ca n'est pas concret.
Ou du moins aussi concret que le fait de dire "les voitures ça pollue donc supprimons les" (par exemple)
Dans les faits, les voitures si elles polluent, permettent à des gens (y compris des artistes Wink ), d'aller travailler, livrer, partir en tournée etc etc. C'est factuel. Et si demain il n'y en aura plus aujourd'hui elles sont nombreuses et vont permettre à quelques générations encore de se déplacer, vivre. Mais c'est sale et rapporte de l'argent.
Mais ça salie et ça rapporte de l'argent aux constructeurs de voitures (bouhhhh les méchants).
Mais ça permet aussi à des gens d'être libres de leur mouvements.

Tu as un réel problème avec le mot "argent" auquel tu associes la prostitution ou des choses plutôt grisâtres.
Systématiquement d'ailleurs.
Je ne vois pas les choses ainsi, tout en étant peu argenté personnellement mais en ayant certes engagé, à une époque, des sommes importantes pour la société qui m'employait. Avec générosité et franchise.
Sommes qui ont permis d'ailleurs à un groupe relativement large d'individus d'expression, d'âge, et d'origines diverses. d'exister, de développer leur art, d'effectuer un apprentissage, d'apprendre.
Je te parle simplement concrètement, pas de manière abstraite, ni idéologique.
Evidemment parfois certaines histoire ont été des échecs, mais l'élan et l'allant, le soutien ont été les même pour chacun d'eux.

Et bien en attendant que les bisounours aménagent un monde meilleur dans lequel nous seront tous frères de partages et artistes, il faut bouffer, créer, se demander comment vivre décemment ensemble, etc etc.
Et dans les faits, et bien aujourd'hui à part le mécénat et la pub, les revenus décents deviennent compliqué à engendrer pour de jeunes artistes dans le domaine musical.
Et cette recherche de sponsors privés est beaucoup plus perverse et incidieuse que les shémas proposés jusque là, entre autre par les éditeurs.
En assistant à la privatisation de l'expression artistique, on rentre de plein pied dans la culture du privilège et non pas dans la culture populaire.
Il me semble pourtant que tu souhaites défendre l'inverse d'où mon incompréhension totale à tes arguments que je trouve, personnellement un peu obtus et têtus.
Juste théoriques quoi.

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Message  calispera Jeu 9 Oct 2014 - 11:13

Dis donc, quand on n'a pas le même point de vue que toi on est obtu, on ne comprend pas, on est têtu etc., ah oui, et j'oubliais : le problème avec l'argent.
Pour moi tout ça ça s'appelle de la projection. C'est dommage de couper court à un échange en labellisant l'interlocuteur. Mais bon, je ne vais plus m'éterniser ici pour le moment. Le plaisir de l'échange a été fauché.

Cela dit, il y a de l'espoir : tout défaut est toujours une qualité potentielle, si on est capable de regarder en face la peur qui l'engendre.

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Message  CC Rider Jeu 9 Oct 2014 - 12:47

Ça n'est pas la question du tout du tout.

Loin de la.
Relis moi avec un peu de recul plutôt que de victimiser, argument bien pratique sur ce coup.

Je suis surpris et m'en ouvre très franchement qu'il soit impossible de passer d'un côté abstrait, que je trouve verouillé par cette vision manichéenne a propos de l'argent a un côté concret, basé sur la réalité, des expériences.

Je n'ai pas inventé l'association "prostitution-argent-artiste", choquante, que tu utilises qui laisse donc supposer "éditeur-financier-proxénète". 
C'est violent.
Pour la "labélisation" que tu me reproches plus haut, tu repasseras.
Mets toi juste deux secondes à ma place...

Cette idée peut également tuer le plaisir de l'échange, plaisir dont tu n'as pas l'exclusivité.
Et franchement désolé si le coté direct ne te convient pas.
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Message  calispera Mar 14 Oct 2014 - 23:22

Iggy Pop aux jeunes artistes: n'ayez pas trop d'attente en matière financière

(Belga) Pour le "Parrain du punk" Iggy Pop, les jeunes artistes devraient calmer leurs ardeurs face aux changements de l'industrie de la musique et réduire leurs attentes en matière financière.
Le chanteur américain, qui a su capturer toute l'énergie du punk dans son album (et sa chanson) de 1977 "Lust for Life", a tenu ces propos lundi lors d'une conférence annuelle de la BBC baptisée du nom de la légende des DJ, John Peel, et organisée à Salford, près de Manchester (nord-ouest de l'Angleterre). Alors que la multiplication des services de streaming et téléchargement en ligne renforce la grogne des artistes qui se plaignent de ne plus pouvoir vivre de leur art, le rocker de 67 ans a souligné que de telles inquiétudes n'étaient pas nouvelles. Tout au long de sa carrière, il a vu l'industrie de la musique tentait de tirer profit des artistes, a-t-il dit. "Si je devais dépendre de l'argent que je gagne véritablement de mes ventes, j'assurerais probablement le service au bar entre mes morceaux", a-t-il plaisanté avec son accent du Midwest. "Personnellement, je ne me soucie pas trop de combien je suis payé pour chaque chose que je fais parce que je n'ai jamais eu beaucoup d'attente en la matière", a-t-il expliqué devant le public. Le chanteur de Iggy and the Stooges, connu pour s'agiter torse nu en tous sens lors de ses concerts, a estimé que les musiciens devraient plutôt se rappeler qu'ils ont "un boulot de rêve": "Si vous êtes un artiste, votre Dieu est le public. Il prendra soin de vous d'une manière ou d'une autre", a-t-il commenté. Et d'ajouter: "Mais pendant que vous attendez que ce Dieu intervienne, essayez de vous trouver un bon avocat d'artiste". (Belga)
source :
http://www.skynet.be/musique/actu/actu/1094635/iggy-pop-aux-jeunes-artistes-n-ayez-pas-trop-d-attente-en-matiere-financiere

calispera

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Message  CC Rider Ven 17 Oct 2014 - 13:39

Intéressant.

Vous n’avez jamais entendu parler d’elle, mais ces jours-ci, elle vend plus d’eBooks sur Amazon que Valérie Trierweiler, Patrick Modiano ou Emmanuel Carrère.

Sur Kindle, la plateforme de livres numériques d’Amazon.fr, « Mémé dans les Orties », le premier roman d’Aurélie Valognes, figure dans les dix ouvrages les mieux vendus en France, loin devant les livres d’auteurs pourtant bien plus connus qu’elle.

« Mémé dans les Orties » est, selon son auteure, « un feel good roman » (comme on parle d’un « feel good movie ») : il met en scène les tribulations d’un vieillard bougon ragaillardi par ses voisins, une fillette de 10 ans et une grand-mère ultra-geek. Aurélie Valognes raconte, d’une voix joyeuse et précipitée, la genèse de son roman :

« C’était un rêve depuis très longtemps. L’année dernière, j’ai déménagé à Milan. Je n’avais pas de travail et j’ai profité de cette période pour écrire mon premier roman. C’est sorti tout seul, je l’ai fini en quelques mois. En juillet, je me suis dit : “Bon, maintenant, qu’est-ce que je fais de ce document Word ?” »

Couverture vichy fait maison

C’est d’abord la rapidité du processus d’autoédition qui la séduit.

« J’ai pensé à l’envoyer aux maisons d’éditions traditionnelles, mais il allait falloir attendre six mois, pour une réponse probablement négative... Et mon roman est léger, divertissant : l’été était la période idéale pour le lire. »


« Mémé dans les orties » de Aurélie Valognes
La jeune femme se tourne alors vers la plateforme Kindle d’Amazon. Le processus de mise en ligne est très rapide, et la jeune femme fait tout elle-même, du design de la couverture (un fond vichy rouge pour bien se « démarquer sur la page blanche »), au choix du prix.

« Là, j’ai fait beaucoup de recherches. J’ai choisi 2,99 euros par livre, parce que c’est le prix le plus bas proposé par Amazon pour pouvoir, en tant qu’auteur, toucher 70% des revenus des ventes.

C’est le “business model” qui fonctionne le mieux. Et ça me faisait un peu mal au cœur de le mettre à moins d’1 euro. Ça n’est pas encore ancré dans les têtes des lecteurs, qu’un livre puisse coûter moins de 1 euro. »

Elle indexe son roman dans la catégorie « humour ». Et attend de voir ce qui se passe.

« Ça a été lent au début. Puis au bout de trois semaines, ça s’est emballé. Je suis entrée dans le top 100 des eBooks en août. »

Un Mooc pour apprendre à écrire

Très vite, elle prend goût à l’adrénaline de pouvoir regarder les statistiques des ventes de ses romans en direct.

« Parfois ça se met à monter très vite ! Grâce au bouche-à-oreille. Quelqu’un qui a aimé, qui le conseille à sa famille, à ses amis... »

Ce mercredi 15 octobre, « Mémé dans les orties » a déjà été vendu, selon son auteure, à 8 500 exemplaires (un premier roman imprimé se vend en moyenne entre 500 et 800 exemplaires).

Marilyse Trécourt vient pour sa part de publier « Au-delà des apparences » avec Librinova (une plateforme d’autoédition qui propose aux auteurs de publier leurs livres pour 50 euros). C’est « un roman avec des sentiments, de la psychologie, et une pointe de surnaturel », qu’elle a mis en ligne le 2 août et qui s’est déjà vendu à 800 exemplaires.

Après avoir remporté plusieurs concours de nouvelles, qui l’ont encouragée à écrire, elle suit un Mooc (un cours universitaire en ligne) intitulé « Rédiger une œuvre de fiction » et s’inscrit à un concours pour publier un roman en ligne.

« J’ai écrit mon roman en quatre mois. J’ai gagné et c’est comme ça que je me suis retrouvée sur Librinova. La question de l’autoédition ne s’est même pas posée : ça s’est fait tout seul. »

Accro aux stats de vente

Elle aussi a tout fait seule, du choix de la couverture à la correction orthographique (« j’ai pu utiliser un logiciel à mon bureau, heureusement ! »). Comme Aurélie Valognes, Marilyse Trécourt est devenue accro à ses statistiques de vente. Elle reconnaît en riant :

« Oui je regarde tous les jours ! Au début je me disais “le jour où j’en aurai vendu 120, ce sera un miracle”. Et là, plus de 800, c’est fou ! Je pense que ça ne serait pas arrivé s’il avait été en papier. Ç’aurait été juste un livre parmi d’autres. »

Les deux auteures soulignent un autre point : le contact direct et rapide avec les lecteurs, et la gratification de savoir que des inconnus aiment leur travail.

« J’ai mis mon adresse e-mail à la fin du livre. Et quand je reçois un message de quelqu’un qui a adoré, c’est vraiment fantastique », dit Aurélie Valognes.

Entre 25% et 30% des auteurs de Kindle qui se vendent le mieux sur Amazon en France n’ont pas d’éditeurs et se sont autopubliés. C’est ce qu’a annoncé Marie-Pierre Sangouard, d’Amazon France, lors d’une rencontre au Labo de l’édition – une structure parisienne créée par la Ville de Paris pour « accompagner les acteurs traditionnels dans leur adaptation aux enjeux du numérique ».

Auteur à part entière

Il y a peu d’études sur l’autoédition en France. L’une d’entre elle a été menée en 2013 par l’entreprise Books on Demand, une plateforme d’autoédition, sur 2 000 auteurs autoédités.

pour 86,3% des auteurs interrogés, l’autoédition était la seule possibilité de publier un ouvrage, leurs livres ayant été refusés par les maisons d’édition ;
pour 42% des auteurs néanmoins, c’est aussi un choix délibéré vis-à-vis des maisons d’édition traditionnelles (35,3% d’entre eux ont déjà publié avec des éditeurs traditionnels) ;
les auteurs se tournent vers l’autoédition pour la simplicité d’usage (73,7%), la liberté qu’ils gardent vis-à-vis de leur contenu (68,4%), le plaisir (47,9%) et le contrôle des droits d’auteurs (47,4%).
Pour autant, la légitimité n’est pas encore la même : seul un auteur autoédité sur deux (53,7%) se considère comme un auteur à part entière.

Thriller, érotique et science-fiction

« Aux Etats-Unis, le phénomène est plus ancien, mais en France ça explose vraiment depuis deux ans, et ça continue d’augmenter. »

C’est ce qu’explique Charlotte Allibert, qui a longtemps travaillé dans l’édition numérique avant se tourner vers l’autoédition et de cofonder Librinova.

Du côté du Labo de l’édition, Nicolas Rodelet dresse un parallèle avec le secteur de la musique :

« Il y a déjà beaucoup de producteurs indépendants, sur YouTube par exemple. »

Charlotte Allibert explique que l’autoédition concerne surtout certains genres :

« C’est surtout de la “littérature de genre” : des romances, du thriller, un peu d’érotique, de la science-fiction qui marche le mieux. On a aussi de la littérature sentimentale et pas mal de témoignages. »

Repéré par Michel Lafon

En ce sens, l’autoédition semble plutôt compléter que concurrencer l’édition traditionnelle. Plutôt que de penser l’autoédition et l’édition traditionnelle comme deux ennemis, la vieille garde contre la jeune garde, les barbares contre les puristes, il faut plutôt les voir comme deux éléments d’un grand écosystème, entre lesquels existent des passerelles et des tremplins.

L’autoédition permet aux éditeurs traditionnels de repérer des talents et de voir en temps réel ce que les lecteurs veulent lire. Beaucoup d’éditeurs guettent de près le succès des eBooks et proposent des publications aux auteurs autoédités qui se vendent le mieux.

C’est notamment le cas de « Les gens heureux lisent et boivent du café », un livre numérique autoédité en 2012 par Agnès Martin-Lugand. En mois de trois mois, il se vend à plus de 8 500 exemplaires et est repéré par Michel Lafon. Il s’est aujourd’hui vendu à plus de 100 000 exemplaires et a été traduit dans vingt pays.

Aurélie Valognes, pour sa part, a rapidement été contactée par des éditeurs espagnols qui voulaient acheter les droits, ce qui l’a encouragée à présenter son manuscrit à de grosses maisons.

« Certains très grands m’ont recontactée, et m’ont dit qu’ils étaient intéressés. Voir que le livre s’est déjà vendu les rassure. »

« Il faudrait enlever ce chapitre »

Aujourd’hui, elle hésite entre « deux grosses maisons » qui se disputent la publication de son roman. Ce qui la séduit le plus, dans l’édition traditionnelle, c’est de travailler... avec un éditeur, quelqu’un qui l’aide à améliorer son texte.

« Un éditeur m’a dit “j’aime beaucoup le livre, mais il faudrait pouvoir entrer plus vite dans l’histoire, enlever ce chapitre, par exemple”. Ça c’est génial, de n’être plus tout seul devant son livre. »

Abandonnera-t-elle l’autoédition pour son deuxième roman ?

« Je reste attachée à Amazon. Je viens de l’autoédition et je ne veux pas lui tourner le dos, comme si j’en avais honte. Et j’aime la proximité qu’on peut avoir avec les lecteurs. Mais j’aime aussi être accompagnée, avoir ce soutien, ce dialogue avec un éditeur. La question reste ouverte... »

Pour Marilyse Trécourt, le but ultime reste quand même d’être éditée par une grande maison.

« La finalité, c’est le format papier. Je l’ai envoyé à six grandes maisons, j’attends des réponses. »

Mais en attendant, elle a d’ores et déjà autoédité un recueil de nouvelles.
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Message  Fabrice Jeu 23 Oct 2014 - 13:23

Un article que j'ai trouvé assez édifiant (même si en anglais) :

The Artists' Road To Serfdom: The Commoditization Of Creative Content

This is the net result of commoditization. There's no premium for commoditized capital, labor, goods, services or content.

As I noted in 'Our New Robot Overlords & The Third Type of Capital', profits flow to whatever inputs are scarce. Unfortunately for musicians, writers, filmmakers and others producing creative content, creative content is no longer scarce: it's been commoditized and is now available in unlimited quantities for $10/month.

The model is simple: unlimited content for a few bucks per month. This is the model of music services such as Spotify and Pandora (which offer advert-supported services for free) and iTunes Radio, Amazon Prime for borrowing Kindle ebooks and various film/video distribution services.

The model effectively commoditizes all creative content. Commoditization makes all inputs interchangeable. Global labor has been commoditized because it no longer matters which workers assemble the goods, global capital has been commoditized because it no longer matters where the capital comes from, and globally produced goods, services and resources have been commoditized because it no longer matters where they come from or who produces them.

Services that offer unlimited streaming/borrowing commoditize all content: the content is interchangeable to the buyer, and the creator of the content earns next to nothing when the content is streamed.

A recent article in the S.F. Chronicle (ITunes is in need of a tune-up to keep up with streaming) explains:

'Digital music sales recently fell for the first time ever, with the number of digital songs purchased plummeting 13 percent to 594 million in the first half of 2014, compared with the same period a year ago, according to research firm Nielsen, which has tracked music sales since 1991. Meanwhile, the amount of music streamed online rose 50 percent, the firm said.'

While streaming sites have helped big online music spenders save money, they have also cut into the money that musical artists make per song.

ITunes sells songs for 69 cents to $1.29 each. For a song that costs $1.29, Apple takes 30 percent of the sale and the rest goes to the record label and artist, Stewart said. If the artist is on a record label, they would get a royalty of about 20 cents for that track, she said.

That might not seem like a lot, but the money could be even less in streaming music for free with ads. In general, a song must be streamed 75 to 80 times in order for a music label to make the same amount of money as from a single online song purchase, according to MIDiA Research.

The unlimited-streaming/borrowing model is great for consumers and the companies collecting the fees every month, but it's a rocky road to serfdom for content creators, as 80 downloads are needed for the musicians to collect a lousy 20 cents for their creative efforts? Let's be generous and note that self-produced/distributed artists could collect as much as 50 cents of an iTunes purchase, and presumably the same from 80 downloads.

So it only takes 8 million downloads to earn a median middle-class income of $50,000 a year. Musicians (those signed to labels) who receive 20 cents from 80 downloads would need 20 million downloads annually to earn $50,000--roughly the median household income in the U.S.

How many musicians get 20 million downloads?

The distribution of creative-content rewards tends to follow a power law, i.e. the Pareto Distribution, where the "vital few" (the very apex of the pyramid) reap most of the rewards.

So a handful of artists, writers and independent filmmakers collect most of the shrinking pool of money paid for creative content, and the vast majority earn chump-change.

As a writer with a number of Kindle ebooks available for purchase or borrowing by Amazon Prime members, I do a little better than the musicians whose songs have been commoditized; I earn about 25% of an ebook sale when someone borrows one of my Kindle ebooks.

Nonetheless, this is a 75% haircut in earnings from the everything's been commoditized model of unlimited access to content. And the sum I earn from borrowed ebooks changes, depending on the funds Amazon places in the pool and how many Prime customers borrowed ebooks.

Numerous articles promote work-arounds for the desertification of earnings wrought by commoditization of content: sell more T-shirts at your gigs, work the loyalty of your fans to encourage them to buy your stuff even though they could stream it for free, etc.

But the reality is the pool of money being distributed to content creators is shrinking. Work-arounds may work for the handful of people who master 24/7 marketing, but this is just another iteration of the power law: a tiny handful of content creators reap most of the profits from the full-court-press of marketing.

My friend Richard Metzger of the excellent Dangerous Minds website and I discussed this trend of artistic serfdom years ago, and the only thing that's changed is the velocity of the decline in creators' incomes.

This is the net result of commoditization: there's no premium for commoditized capital, labor, goods, services or content. Those with the big idea of controlling the distribution of content are collecting an enormous premium for figuring out how to scale up this model, and the vast majority of content creators are left with the nickels and dimes that fall through the commoditizing blades of the distribution machine.
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Message  CC Rider Mar 21 Juil 2015 - 13:37

Il semble qu'on arrive au point exact annoncé depuis que le gratuit existe.
C'est à dire face à un monde où le créateur sera forcément "fils de" ou animé par son art au point d'en mourir.
C'est à dire l'inverse de ce qui a fait ce qui nous porte aujourd'hui ou nous a fait grandir.

Plusieurs choses apparaissent en filigrane de la difficulté qu'on les auteurs à faire reconnaitre leur souci.
Entre autre la virulence et la méchanceté des internautes (toujours les réseaux sociaux et les courageux qui les occupent) mais aussi la méconnaissance globale des shémas financiers et des revenus.
A toujours parler de ceux qui gagnent encore un peu d'argent, on a fini par oublier que pour en arriver là c'est ils ont bouffé de la vache enragée.
On aura donc de moins en moins de "Bruce Springsteen" , mais de plus en plus de "Jessica".

Intéressant ce texte car il ne parle pas des musiciens mais des auteurs de BD ou de livres.
Si l'auteur de BD présent par ici de temps en temps souhaite rebondir ou commenter?

Depuis plusieurs années, articles, tribunes et essais se multiplient pour dénoncer la chute de la rémunération des auteurs, toutes disciplines confondues.

En France, les auteurs de BD ont défilé cette année au festival d’Angoulême pour dénoncer la précarisation croissante de leur situation. Sur 1 300 auteurs de BD professionnels, seule une cinquantaine en vivrait à peu près bien, les autres se débrouillant avec un peu moins qu’un smic.

« Spirale de paupérisation »

La Société des gens de lettres, qui représente des auteurs littéraires, alerte elle aussi sur une « spirale de paupérisation », liée à « une baisse des tirages, une baisse des à-valoir, et une baisse des pourcentages de droits d’auteur ».

Ailleurs, même chose : en Grande-Bretagne, une récente étude indique que le revenu médian des auteurs professionnels (qui tirent plus de 50% de leurs revenus de leur plume) est inférieur au salaire minimum.

Face à cette situation, c’est à l’Etat de réagir, en finançant des dispositifs pour assurer à certains des carrières viables.

C’est la thèse soutenue par un récent essai, intitulé « La Culture n’est pas gratuite » (« Culture isn’t free ») et publié dans une revue américaine d’inspiration marxiste, Jacobin.

Témoignages de dèche

Miranda Campbell, professeure d’art et auteure de l’essai, prend comme point de départ la recrudescence des témoignages de dèche d’artistes connus et moins connus.

Ceux-ci prennent le contre-pied du mythe de la bohème (pauvre mais libre) et détaillent les misères de leur vie sans argent. Tant il est vrai que vivre sans chauffage n’est marrant que dans une chanson d’Aznavour.

« De plus en plus d’écrivains rejettent l’idée bohème selon laquelle les artistes devraient fuir le capital économique pour poursuivre l’art pour l’art. [...] Parler de combien on est payé pour un projet créatif, et même le quantifier précisément, est en train de devenir à la mode. »

L’article donne comme exemple les récentes déclarations de l’auteur britannique Rupert Thompson (expliquant qu’à 60 ans, il ne pouvait plus vivre de ses livres pour la première fois), de David Byrne des Talking Heads retirant sa musique de Spotify ou encore du groupe de rock indé Grizzly Bear, internationalement reconnu mais pour autant toujours obligé de compter ses sous.

En France, plusieurs auteurs de BD ont expliqué publiquement pourquoi ils abandonnaient un métier qui les passionnait mais ne leur permettait pas de vivre.

Peu d’empathie

Ces récits, qui montrent la réalité peu glamour du métier d’artiste, font-ils pour autant avancer la question de la juste rémunération des auteurs ?

Non, répond Miranda Campbell. Car ils sont trop facilement réductibles à des cas singuliers, susceptibles de prêter le flanc à la critique personnelle. De fait, les plaintes des artistes ne suscitent pas vraiment l’empathie chez les internautes qui commentent leurs témoignages.

Car ceux-ci sont prompts à souligner qu’il faut être naïf pour croire qu’on peut vivre de sa plume, que les auteurs qui chouinent n’ont qu’à prendre un vrai boulot comme tout le monde, ou encore que s’ils étaient vraiment bons, ils vendraient, c’est tout...

En France, les auteurs de BD mobilisés ont ainsi été stupéfaits de découvrir les violentes réactions de certains internautes face à leur mobilisation.

Un enjeu de société

C’est pourquoi, explique l’auteur, il faut penser cette question de façon politique. Car le problème n’est pas celui des artistes qui ne peuvent payer leur loyer mais celui de la place de l’art dans la société.

Si on laisse décliner les revenus des artistes jusqu’au point où de moins en moins de gens choisiront cette carrière, on laissera de fait l’art aux mains des plus aisés.

Que faut-il faire ? Plutôt que d’appeler à l’extension du droit d’auteur, Miranda Campbell, s’appuyant sur les travaux de plusieurs critiques, en appelle à l’intervention de l’Etat :

financer des institutions publiques tels des espaces de travail partagé ou des logements à prix modérés ;
protéger les petits lieux qui prennent des risques et exposent des auteurs inconnus ;
réfléchir au revenu de base universel, qui permettrait à tous les volontaires de s’investir dans des projets non lucratifs, artistiques ou autres.
Même si la situation n’est pas nouvelle

Bien sûr, on peut rétorquer :

que les auteurs ont rarement vécu de leur plume et que la majorité des écrivains, par exemple, ont un second métier (c’est « la double vie des écrivains », selon le sociologue Bernard Lahire) ;
que, parmi les auteurs du XIXe siècle qui sont passés à la postérité, beaucoup étaient rentiers (cf. Flaubert, Baudelaire, Proust pour ne citer que les plus connus) ;
que la multiplication contemporaine des titres publiés et du nombre d’aspirants artistes y est aussi pour quelque chose ;
que les carrières artistiques sont risquées par essence et qu’il pourrait être contre-productif de vouloir les subventionner.
Pour autant, il est vrai que la rémunération des auteurs est bien une question politique, qui pose en filigrane celle des activités non immédiatement rentables et des économies du don.

Qu’il s’agisse d’investissements de l’Etat – qui subventionne déjà largement la culture – ou d’expérimentations comme la licence globale ou le revenu minimum de base, tout modèle viable de rémunération sera aussi une décision politique et sociale sur la valeur que nous voulons donner à l’art.




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Message  calispera Mar 28 Juil 2015 - 19:31

En glissant du point de vue de la rémunération de l'artiste vers celui du partage de l'art et de la distribution du bien commun, on peut avoir des initiatives comme celle de la boîte à livres, qui semblent se multiplier dans pas mal de pays.
http://www.rtbf.be/info/regions/detail_boite-a-livres-et-bouquins-a-emporter-la-tendance-du-livre-gratuit?id=9042292

C'est un peu similaire au bookcrossing mais en moins anonyme.

Je suis à la fois enthousiaste et pas totalement convaincue. J'ai voulu participer près de chez moi à une « giving box » où les gens donnent de tout, et peuvent venir se servir. Vu la pauvreté des objets proposés (les gens l'utilisent presque comme une poubelle pour se défaire de choses qui ne peuvent finalement servir à plus personne) le résultat est à mes yeux décevant.
Le principe est le même que la boîte à livres, mais on peut y mettre toutes sortes de biens. Vu le niveau très ras des pâquerettes de ce qui est donné, j'ai déchanté. Ce ne sont pas des bouquins qu'on a aimé qu'on y met, mais les vieux fonds de tiroirs.

Pour revenir plus proche du sujet : les bibliothèques ont quasi toujours existé un peu partout, et plus récemment (40 ans environ) sont apparues les médiathèques pour les supports musicaux et vidéos principalement.
Dans ce registre, la part de royalties payées aux auteurs, j'en ignore le montant, mais en tout cas, ce n'est pas le lecteur ou l'auditeur qui doit se serrer la ceinture pour profiter des objets loués.
La médiathèque flamande offre livre, cd et dvd gratuitement en location. La médiathèque francophone fait payer beaucoup trop à mes yeux même si elle offre en musique et dvd nettement plus que la médiathèque flamande. (A Bruxelles on peut côtoyer les deux et ça donne un sacré goût d'apartheid.)

On avait parlé déjà des livres numériques, en parallèle au mp3. Et voilà que la location de tels livres commence à fleurir par chez nous aussi: on peut louer des livres numériques via une bibliothèque virtuelle. Je savais que cela existait déjà aux USA, mais tout récemment c'est arrivé près de chez moi (Bruxelles), et c'est carrément gratuit pour toute personne inscrite dans une bibliothèque locale de la ville.
Je trouve le système extraordinaire, car il permet d'avoir accès à la lecture nettement plus facilement.
Le site où je loue mes livres est le suivant :
http://www.lirtuel.be/
Pour le moment le catalogue ne comprend que 500 livres, mais cela augmente vite. Cela fonctionne pratiquement comme une bibliothèque locale : 10 à 30 bouquins pour chaque titre, sont proposés. Il n'est pas possible d'en mettre davantage en prêt. Si pour un livre toutes les locations ont été prises par d'autres lecteurs, il faut attendre le retour d'un des lecteurs pour pouvoir l'emprunter.

L'avantage c'est qu'on joue ici à grande échelle, et qu'il ne faut donc pas trop attendre.
On loue le livre de chez soi et à n'importe quelle heure du jour.

Alors que je ne lisais plus jamais de romans, j'en ai terminé 4 en environ un mois de la sorte. Ma liseuse se sort à toute occasion, quai du métro, salle d'attente, avant de m'endormir, etc. Et je lis nettement plus facilement sur liseuse qu'avec un bouquin (contrairement à ce que j'avais pensé auparavant). Ca se met dans la poche, ça ne pèse pas, on peut lire et tourner les pages à une main, debout, en marchant, avec nettement plus de fluidité qu'un bon gros bouquin papier. Par contre, c'est moins pratique pour les essais.

Et pour le piratage dans cette bibliothèque virtuelle, les bouquins s'autodétruisent endéans le mois, et il est possible de les rendre plus tôt.

Bref, cela ne nourrit pas vraiment les auteurs, mais cela permet de faire profiter tout le monde plus facilement.

Je persiste à penser que tout est à repenser dans le domaine. L'art, une fois public ne devrait rien coûter (pour toute œuvre reproductible en tout cas), et en parallèle, les artistes qui méritent reconnaissance (et j'ignore les critères de ces mérites) devraient avoir accès à un revenu décent et durable.
Je pense que seule l'allocation universelle résoudra ce problème.

calispera

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Message  calispera Jeu 30 Juil 2015 - 11:15

Je citais l'allocation universelle dans mon dernier message. Voici un article d'aujourd'hui sur le site de la RTBF qui, malgré certains détails régionaux liés à la Belgique, donne tout de même un bel aperçu de ce que cela pourrait être. On n'y cite pas les artistes, mais à mon sens, ils seraient les premiers à pouvoir bénéficier pleinement de ce système.

Comme il s'agit bien de cadrer l'allocation universelle avec le problème des droits d'auteurs, je le recopie ici. Mais si un échange devait démarrer sur l'allocation universelle, alors il vaudrait mieux créer un autre topic.

Philippe Defeyt: "Une allocation universelle, peu importe vos choix de vie"

30/07/2015

En Finlande, la coalition au pouvoir voudrait mettre en place une allocation universelle : 1000 euros versés à chaque citoyen, peu importe sa situation familiale, sur le marché de l’emploi, son âge, etc. Ce revenu de base remplacerait toutes les autres aides sociales : chômage, pension, aides aux études, au logement…

Aux Pays-Bas, la ville d’Utrecht a décider d’expérimenter également une allocation universelle sur un groupe de 300 citoyens au chômage et bénéficiaires d’allocations sociales.

   Ce socle de revenu vous est garanti peu importe le nombre d’heures que vous travaillez

En Belgique, cette idée a aussi des partisans. Notamment Philippe Defeyt, économiste, président du CPAS de Namur, Ecolo. Il était ce jeudi l’invité de Matin Première. Pour lui, il y a une idée générale, partagée par tous les partisans d’une telle allocation. "C’est un revenu versé à chaque membre d’une communauté, tous les mois, de manière inconditionnelle. Et c’est la partie inconditionnelle qui nous réunit tous. L’allocation serait versée, peu importe vos choix de vie. Il n’y aura plus de contrôle à domicile : on ne viendra plus voir demain s’il y a plusieurs brosses à dent dans votre salle de bain. L’autre inconditionnalité, c’est que ce socle de revenu vous est garanti peu importe le nombre d’heures que vous travaillez". Ce qui permettrait d’éviter certains pièges à l’emploi.

Il y a aussi des différences de vue, pointe Philippe Defeyt, "sur le montant accordé et sur ce qui reste de la sécurité sociale. Mais en tout cas, personne ne songe à remettre en cause les soins de santé".

L’économiste a une vision un peu différente de celle de la Finlande : il préconise une allocation qui serait un socle de base, à compléter. "Admettons qu’on crée une allocation de 500 euros par personne. Un pensionné aurait 500 euros de socle de base, son conjoint aussi et ils auraient un complément en fonction de la carrière effectuée".

   J'aspire à une société où chacun qui le souhaiterait pourrait réduire son temps de travail, et faire ce qu’il a envie

Mais pourquoi une telle allocation ? "L’immense majorité d’entre nous a envie d’avoir un emploi. Mais le fait de bénéficier d’un socle de base permettrait de choisir des activités librement consenties. Moi j’aspire à une société où chacun qui le souhaiterait pourrait réduire son temps de travail, et faire ce qu’il a envie, sans devoir rendre des comptes, sans passer par tout un processus administratif… Chacun pourrait consacrer une partie de son temps à sa famille, à créer sa propre entreprise,… mais en continuant à avoir un emploi".

Ce projet est-il finançable ? "Si on donne 200 euros en moyenne par jeune de moins de 18 ans et 500 euros en moyenne par adulte, le coût est de 60 milliards. C’est 15% de la richesse produite chaque année en Belgique".

   On a dans notre système aujourd’hui l’essentiel de ce qu’il faut pour financer cette allocation

Pour Philippe Defeyt, il existe d’ailleurs déjà dans le système belge des pistes pour financer cette allocation. "En étant très concret, vous avez aujourd’hui des personnes qui touchent des allocations de chef de ménage, donc qui ont une autre personne à charge. Si cette autre personne a une allocation universelle, il n’y a plus besoin de prévoir un taux de chef de ménage. Autre exemple : vous avez dans notre système fiscal une partie de vos revenus qui sont exonérés d’impôts. Avec une allocation universelle, il n’y a plus besoin d’exonération fiscale. On a donc dans notre système aujourd’hui l’essentiel de ce qu’il faut pour financer cette allocation".

Et de conclure : si pour un certain nombre de personnes, le revenu resterait finalement le même, il y aurait une importante variante : la liberté de choisir.

le lien vers la page :
http://www.rtbf.be/info/belgique/detail_philippe-defeyt-une-allocation-universelle-peu-importe-vos-choix-de-vie?id=9043497

calispera

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