Pile Poil j'écoute ça
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Re: Pile Poil j'écoute ça
2ème album du coffret de NEWBURY
sublime et apaisant !
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kidboss- Messages : 1324
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Re: Pile Poil j'écoute ça
[quote="kidboss"]2ème album du coffret de NEWBURY
sublime et apaisant !
Essaie le Live "Nights when I'm Sane" avec Jack Williams à la guitare
sinon, juste pile poil, j'écoute le deuxième Ellis Paul (1995)
sublime et apaisant !
Essaie le Live "Nights when I'm Sane" avec Jack Williams à la guitare
sinon, juste pile poil, j'écoute le deuxième Ellis Paul (1995)
kidboss- Messages : 1324
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Re: Pile Poil j'écoute ça
merci Hibbing, je vais essayer de trouver çà !HibbingSon a écrit:
Essaie le Live "Nights when I'm Sane" avec Jack Williams à la guitare
kidboss- Messages : 1324
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outlawpedro- Messages : 2846
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Re: Pile Poil j'écoute ça
superbe packaging en relief
Je le trouve moins bon que le 1er mais ça reste appréciable pour décompresser après une journée de dur labeur
Je le trouve moins bon que le 1er mais ça reste appréciable pour décompresser après une journée de dur labeur
devil59620- Messages : 3061
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devil59620- Messages : 3061
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Re: Pile Poil j'écoute ça
Le set complet de Canned Heat à Woodstock il y a 42 ans ..
wisertime- Messages : 331
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JC- Messages : 2933
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metalxiii- Messages : 2627
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Re: Pile Poil j'écoute ça
kidboss a écrit:découverte totale de cet "American trilogy" de Mickey Newbury
et c'est merveilleusement beau
merci aux pile poileurs CCR et Mr Horton pour la découverte !
je commence par le premier "Looks like rain"
Olivier, est-il en écoute intégrale quelque part sur le web ?
Shenandoah- Messages : 371
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Re: Pile Poil j'écoute ça
chronique de Hugo Cassavetti dans Teleramouche. Je ne classerais pas MN dans country mais bon...
Mickey Newbury
COUNTRY
Elvis Presley, Ray Charles, Roy Orbison et Joan Baez l'ont chanté. Johnny Cash l'a salué comme un poète. Kris Kristofferson, premier supporter et disciple avoué, n'a toujours cherché qu'à l'égaler. Bonnie Prince Billy ou Bill Callahan le citent comme guide quasi spirituel. Mais Mickey Newbury (1940-2002) et les disques qu'il a gravés demeuraient à ce jour le secret à peine gardé de ces illustres initiés.
Si en matière de musiques populaires – qu'elles soient rock, pop, country, soul ou variété – les découvertes semblent infinies, les révélations, authentiques, elles, sont rarissimes. La réédition, amoureusement confectionnée, des trois albums phares, publiés entre 1969 et 1973, du chanteur texan nous offre ce frisson d'exception.
Mickey Newbury ? Un prénom de dessin animé, un nom aux consonances de héros de bande dessinée pour un auteur et chanteur d'une grâce et d'une profondeur intenses, cruellement méconnu. Cruellement, mais pas injustement, puisque l'intéressé n'aura pas fait grand-chose pour qu'il en soit autrement. Le natif de Houston aux allures des plus classiques (cheveux courts bien peignés, jeans et chemises impeccablement pressés, bottes toujours cirées), en ces années 1960 mi-hippies, mi-psyché, était par nature et par choix un chanteur férocement libre et indépendant (un outlaw), pacifiquement mais fermement opposé aux carcans et règles du showbiz, de Nashville ou d'ailleurs.
La chanson la plus fameuse de Newbury est, ironie du sort, l'une des rares dont il n'a pas écrit le texte. An american trilogy, maintes fois reprise mais à jamais associée à l'interprétation qu'en fit Elvis Presley, est en réalité le plus audacieux des pots-pourris, des medleys. Un acte militant, d'un courage insensé, improvisé par Newbury lors d'un récital donné au Bitter End West de Hollywood, club de folk de Los Angeles, en novembre 1970. A l'époque, Dixie, l'hymne des sudistes lors de la guerre de Sécession, mais désormais récupéré par les suprémacistes blancs, était sur le point d'être interdit. Meurtri de voir le détournement de la chanson l'emporter sur sa vocation initiale – Dixie, écrit par un homme du Nord, était l'ode à la terre qui l'avait vu naître d'un esclave affranchi –, Newbury entonna son premier couplet, ralenti, dépouillé de son rythme martial, pour enchaîner sur Battle Hymn of the Republic, l'hymne du Nord, avant de terminer par All my trials, douloureuse protest song de révolte et d'espoir des années 1950. Bien plus qu'un assemblage, une véritable création, portée par l'extrême sensibilité vocale de Newbury. Le patron du club redoutait une émeute, on n'entendit dans la salle que des sanglots, suivis d'un long silence puis d'une assourdissante ovation.
Cette réaction pourrait accompagner l'écoute de toutes les chansons deLooks like rain, Frisco Mabel Joy et Heaven help the child. Des titres lents et longs pour la plupart, loin des canons en vigueur à l'époque, d'une insondable tristesse, d'une infinie beauté. Des histoires d'amours perdues ou manquées, de matins gris et de vies brisées ; avant tout d'éternelle solitude. « Quand je vais bien, disait Mickey Newbury, je n'ai nul besoin ni envie d'écrire. Ce n'est qu'au fond de la dépression que les mots jaillissent. La solitude est la matière dont sont faits les bons disques. Les chansons ne sont qu'un monologue, une conversation avec soi-même, dans lesquelles d'autres perçoivent l'écho de leurs propres tourments ou souffrances. »
Hanté par Francis Scott Fitzgerald ou Ernest Hemingway comme par les pionniers du blues, de la soul et de la country, le jeune et timide Newbury, aspirant poète et parolier dont la dépression chronique et la bipolarité ne seront diagnostiquées que la cinquantaine passée, avait servi, comme Kristofferson, dans l'armée, avant de tenter sa chance dans la chanson, offrant vite des succès à Tom Jones, Roy Orbison et à de nombreux ténors installés de la country - dont le classique Just dropped in (to see what condition my condition was in), sur les méfaits du LSD, pour son vieux camarade de classe Kenny Rogers, en 1968. Un statut qui lui vaut d'enregistrer un premier album sous son nom, à Nashville, mais qu'il reniera aussitôt, mécontent des arrangements surchargés, commerciaux, dont il est affublé. Avec ses royalties, le doux rebelle rachète sa liberté, autrement dit son contrat chez RCA et un bateau sur lequel il vivra, dans les eaux calmes du Old Hickory Lake. Là, autour de lui, s'installera la crème des artistes de la country, Johnny Cash, George Jones, Tammy Wynette, Guy Clark ou le tout jeune Steve Earle. Qui, comme Newbury, se laisseront bercer par les sons purs, de la vie ou de la nature (le craquement du bateau, la pluie sur l'eau, des trains passant au loin et les douces tintinnabulations des cloches à vent), qu'on retrouve, omniprésents, au cœur des enregistrements fragiles et méticuleux de Newbury.
Susanne, sa femme, avec qui il vécut jusqu'à sa mort et qu'il décida d'épouser, en 1969, dès leur deuxième rencontre, racontait : « Pour lui, c'était une évidence qu'on devait se marier. Je le connaissais à peine mais, en fait, à travers ses chansons, je savais déjà plus de lui que de n'importe quel autre homme. » Elle demeura la muse, le point d'ancrage, d'un homme déchiré entre euphorie et désolation, perpétuellement en quête d'absolu. Toujours perdu. « Lorsqu'il devait écrire un chèque, se souvient Susanne, il ne savait jamais le jour, ni le mois, ni même l'année où l'on était ! »
Hugo Cassavetti
Telerama n° 3205 - 18 juin 2011
Mickey Newbury
COUNTRY
Elvis Presley, Ray Charles, Roy Orbison et Joan Baez l'ont chanté. Johnny Cash l'a salué comme un poète. Kris Kristofferson, premier supporter et disciple avoué, n'a toujours cherché qu'à l'égaler. Bonnie Prince Billy ou Bill Callahan le citent comme guide quasi spirituel. Mais Mickey Newbury (1940-2002) et les disques qu'il a gravés demeuraient à ce jour le secret à peine gardé de ces illustres initiés.
Si en matière de musiques populaires – qu'elles soient rock, pop, country, soul ou variété – les découvertes semblent infinies, les révélations, authentiques, elles, sont rarissimes. La réédition, amoureusement confectionnée, des trois albums phares, publiés entre 1969 et 1973, du chanteur texan nous offre ce frisson d'exception.
Mickey Newbury ? Un prénom de dessin animé, un nom aux consonances de héros de bande dessinée pour un auteur et chanteur d'une grâce et d'une profondeur intenses, cruellement méconnu. Cruellement, mais pas injustement, puisque l'intéressé n'aura pas fait grand-chose pour qu'il en soit autrement. Le natif de Houston aux allures des plus classiques (cheveux courts bien peignés, jeans et chemises impeccablement pressés, bottes toujours cirées), en ces années 1960 mi-hippies, mi-psyché, était par nature et par choix un chanteur férocement libre et indépendant (un outlaw), pacifiquement mais fermement opposé aux carcans et règles du showbiz, de Nashville ou d'ailleurs.
La chanson la plus fameuse de Newbury est, ironie du sort, l'une des rares dont il n'a pas écrit le texte. An american trilogy, maintes fois reprise mais à jamais associée à l'interprétation qu'en fit Elvis Presley, est en réalité le plus audacieux des pots-pourris, des medleys. Un acte militant, d'un courage insensé, improvisé par Newbury lors d'un récital donné au Bitter End West de Hollywood, club de folk de Los Angeles, en novembre 1970. A l'époque, Dixie, l'hymne des sudistes lors de la guerre de Sécession, mais désormais récupéré par les suprémacistes blancs, était sur le point d'être interdit. Meurtri de voir le détournement de la chanson l'emporter sur sa vocation initiale – Dixie, écrit par un homme du Nord, était l'ode à la terre qui l'avait vu naître d'un esclave affranchi –, Newbury entonna son premier couplet, ralenti, dépouillé de son rythme martial, pour enchaîner sur Battle Hymn of the Republic, l'hymne du Nord, avant de terminer par All my trials, douloureuse protest song de révolte et d'espoir des années 1950. Bien plus qu'un assemblage, une véritable création, portée par l'extrême sensibilité vocale de Newbury. Le patron du club redoutait une émeute, on n'entendit dans la salle que des sanglots, suivis d'un long silence puis d'une assourdissante ovation.
Cette réaction pourrait accompagner l'écoute de toutes les chansons deLooks like rain, Frisco Mabel Joy et Heaven help the child. Des titres lents et longs pour la plupart, loin des canons en vigueur à l'époque, d'une insondable tristesse, d'une infinie beauté. Des histoires d'amours perdues ou manquées, de matins gris et de vies brisées ; avant tout d'éternelle solitude. « Quand je vais bien, disait Mickey Newbury, je n'ai nul besoin ni envie d'écrire. Ce n'est qu'au fond de la dépression que les mots jaillissent. La solitude est la matière dont sont faits les bons disques. Les chansons ne sont qu'un monologue, une conversation avec soi-même, dans lesquelles d'autres perçoivent l'écho de leurs propres tourments ou souffrances. »
Hanté par Francis Scott Fitzgerald ou Ernest Hemingway comme par les pionniers du blues, de la soul et de la country, le jeune et timide Newbury, aspirant poète et parolier dont la dépression chronique et la bipolarité ne seront diagnostiquées que la cinquantaine passée, avait servi, comme Kristofferson, dans l'armée, avant de tenter sa chance dans la chanson, offrant vite des succès à Tom Jones, Roy Orbison et à de nombreux ténors installés de la country - dont le classique Just dropped in (to see what condition my condition was in), sur les méfaits du LSD, pour son vieux camarade de classe Kenny Rogers, en 1968. Un statut qui lui vaut d'enregistrer un premier album sous son nom, à Nashville, mais qu'il reniera aussitôt, mécontent des arrangements surchargés, commerciaux, dont il est affublé. Avec ses royalties, le doux rebelle rachète sa liberté, autrement dit son contrat chez RCA et un bateau sur lequel il vivra, dans les eaux calmes du Old Hickory Lake. Là, autour de lui, s'installera la crème des artistes de la country, Johnny Cash, George Jones, Tammy Wynette, Guy Clark ou le tout jeune Steve Earle. Qui, comme Newbury, se laisseront bercer par les sons purs, de la vie ou de la nature (le craquement du bateau, la pluie sur l'eau, des trains passant au loin et les douces tintinnabulations des cloches à vent), qu'on retrouve, omniprésents, au cœur des enregistrements fragiles et méticuleux de Newbury.
Susanne, sa femme, avec qui il vécut jusqu'à sa mort et qu'il décida d'épouser, en 1969, dès leur deuxième rencontre, racontait : « Pour lui, c'était une évidence qu'on devait se marier. Je le connaissais à peine mais, en fait, à travers ses chansons, je savais déjà plus de lui que de n'importe quel autre homme. » Elle demeura la muse, le point d'ancrage, d'un homme déchiré entre euphorie et désolation, perpétuellement en quête d'absolu. Toujours perdu. « Lorsqu'il devait écrire un chèque, se souvient Susanne, il ne savait jamais le jour, ni le mois, ni même l'année où l'on était ! »
Hugo Cassavetti
Telerama n° 3205 - 18 juin 2011
Re: Pile Poil j'écoute ça
et les Inrocks s'y mettent aussi :
Disparu il y a dix ans, le malchanceux songwriter texan Mickey Newbury fut l’un des grands rénovateurs de la country au tournant des années 70. Un coffret somptueux remet en lumière trois de ses disques foudroyants accompagnés d’inédits. Réédition de l’année.
Peu de temps avant sa mort, Mickey Newbury répondait aux questions du biographe de Townes Van Zandt, son cadet de quatre ans dont il avait propulsé la carrière après une rencontre en 1968 dans un coffee-shop de Houston. Parlant de lui, mais la remarque aurait tout aussi bien pu concerner Van Zandt, il disait : “Combien de gens ont écouté mes chansons en pensant ‘il doit avoir une bouteille de whisky dans une main et un flingue dans l’autre’. Eh bien non. J’écris ma tristesse.”
Milton Sims Newbury Jr., dit Mickey, né en 1940 et disparu en 2002 d’un fibrome pulmonaire, n’eut jamais droit à rien d’autre que des mentions au bas des pages de livres consacrés à d’autres. On pourrait remplir une encyclopédie avec les noms de ceux qui ont chanté ses chansons, de Tom Jones à Johnny Cash en passant par Roy Orbison, Jerry Lee Lewis, Ray Charles, Joan Baez, Linda Rondstadt ou Bonnie ‘Prince’ Billy.
Mais Newbury est surtout connu pour An American Trilogy, un medley poignant de trois chansons de la guerre de Sécession dont l’une, Dixie, l’hymne officieux des confédérés, était alors en passe d’être interdite pour cause de récupération éhontée par les suprématistes du white power. En la mariant avec Battle Hymn of the Republic, l’hymne des nordistes, et un air à la fois pacifiste et révolté, All My Trials, déjà adopté par les protest singers de Greenwich Village, Newbury osait un miroir fragmenté des contradictions américaines que sa voix pétrie d’humanité tendait avec une ferveur suppliciante. Présente en ouverture de son album ’Frisco Mabel Joy, paru en octobre 1971, cette pièce montée somptueuse intégrera dès l’année suivante le répertoire Las Vegas d’Elvis Presley et fera ainsi battre des millions de coeurs patriotes qui n’en saisissaient pas forcément l’amertume et la profonde désolation.
An American Trilogy, ce titre emblème s’imposait pour un coffret qui regroupe trois des plus beaux disques de Newbury. Looks Like Rain (1969), ’Frisco Mabel Joy, donc, et Heaven Help the Child (1973). Un prodigieux festin agrémenté d’un disque de démos, d’inédits et de sessions radio de la même époque. Au cours de sa carrière, Mickey Newbury a sorti une vingtaine d’albums, souvent dans une indifférence dont nos aïeux de la critique peuvent se sentir coupables, mais ces trois-là constituent à l’évidence un cycle parfait, le précipité d’un art à la fois fragile dans la forme et puissant dans son expression.
Mickey Newbury n’était pas un outlaw photogénique comme Cash, Kris Kristofferson ou Willie Nelson, qui semaient alors la zone dans les studios de Nashville pour virer les foies jaunes de la country commerciale. Par tous, des deux côtés de l’enclos, il était pourtant considéré comme un modèle, un mélodiste aérien et un songwriter pointilleux doublé d’une personnalité intransigeante. Car après des débuts comme chanteur dans un groupe de doo-wop, The Embers, ce Texan d’origine avait suffisamment roulé sa bosse, bifurquant même un moment par l’US Air Force, pour ne pas se laisser impressionner par les usages du musicbusiness. Il n’hésitera pas ainsi à rompre un contrat juteux avec le label RCA qui avait, selon lui, massacré avec des arrangements trop clinquants son premier album, Harlequin Melodies, en 1968.
La “trilogie” qu’il entame alors ressemble à une longue traversée solitaire. Il vit sur une péniche, s’inspire des paysages, capte le bruit des averses, parle au singulier de tourments pluriels avec un sens aiguisé de la mise en scène mélodramatique. Comme le grand David Ackles, comme le Sinatra meurtri de Watertown et dans la veine épique de Jimmy Webb, il écrit et arrange une pastorale américaine qui puise dans les racines les plus profondes de la country et épouse ses ramifications folk et pop les plus fécondes.
Ces trois albums résonnent ainsi comme les pendants américains de ceux que Nick Drake, dans les coursives du folk anglais, publia exactement à la même époque. On en ressort essorés de la même façon, bouleversés aux larmes, merveilleusement envahis également par la sensation que cette musique est la plus proche illustration de la beauté sur terre. Diagnostiqué bipolaire, Mickey Newbury a traîné jusqu’à sa mort une dépression carabinée dont il a préféré s’accommoder en “écrivant sa tristesse” plutôt que de céder à des tentations plus expéditives et romantiques. C’est sans doute l’une des (mauvaises) raisons pour lesquelles on le découvre si tardivement. Les songwriters maudits qui meurent dans leur lit, à 62 ans, on ne trouvera personne pour en faire des T-shirts.
Disparu il y a dix ans, le malchanceux songwriter texan Mickey Newbury fut l’un des grands rénovateurs de la country au tournant des années 70. Un coffret somptueux remet en lumière trois de ses disques foudroyants accompagnés d’inédits. Réédition de l’année.
Peu de temps avant sa mort, Mickey Newbury répondait aux questions du biographe de Townes Van Zandt, son cadet de quatre ans dont il avait propulsé la carrière après une rencontre en 1968 dans un coffee-shop de Houston. Parlant de lui, mais la remarque aurait tout aussi bien pu concerner Van Zandt, il disait : “Combien de gens ont écouté mes chansons en pensant ‘il doit avoir une bouteille de whisky dans une main et un flingue dans l’autre’. Eh bien non. J’écris ma tristesse.”
Milton Sims Newbury Jr., dit Mickey, né en 1940 et disparu en 2002 d’un fibrome pulmonaire, n’eut jamais droit à rien d’autre que des mentions au bas des pages de livres consacrés à d’autres. On pourrait remplir une encyclopédie avec les noms de ceux qui ont chanté ses chansons, de Tom Jones à Johnny Cash en passant par Roy Orbison, Jerry Lee Lewis, Ray Charles, Joan Baez, Linda Rondstadt ou Bonnie ‘Prince’ Billy.
Mais Newbury est surtout connu pour An American Trilogy, un medley poignant de trois chansons de la guerre de Sécession dont l’une, Dixie, l’hymne officieux des confédérés, était alors en passe d’être interdite pour cause de récupération éhontée par les suprématistes du white power. En la mariant avec Battle Hymn of the Republic, l’hymne des nordistes, et un air à la fois pacifiste et révolté, All My Trials, déjà adopté par les protest singers de Greenwich Village, Newbury osait un miroir fragmenté des contradictions américaines que sa voix pétrie d’humanité tendait avec une ferveur suppliciante. Présente en ouverture de son album ’Frisco Mabel Joy, paru en octobre 1971, cette pièce montée somptueuse intégrera dès l’année suivante le répertoire Las Vegas d’Elvis Presley et fera ainsi battre des millions de coeurs patriotes qui n’en saisissaient pas forcément l’amertume et la profonde désolation.
An American Trilogy, ce titre emblème s’imposait pour un coffret qui regroupe trois des plus beaux disques de Newbury. Looks Like Rain (1969), ’Frisco Mabel Joy, donc, et Heaven Help the Child (1973). Un prodigieux festin agrémenté d’un disque de démos, d’inédits et de sessions radio de la même époque. Au cours de sa carrière, Mickey Newbury a sorti une vingtaine d’albums, souvent dans une indifférence dont nos aïeux de la critique peuvent se sentir coupables, mais ces trois-là constituent à l’évidence un cycle parfait, le précipité d’un art à la fois fragile dans la forme et puissant dans son expression.
Mickey Newbury n’était pas un outlaw photogénique comme Cash, Kris Kristofferson ou Willie Nelson, qui semaient alors la zone dans les studios de Nashville pour virer les foies jaunes de la country commerciale. Par tous, des deux côtés de l’enclos, il était pourtant considéré comme un modèle, un mélodiste aérien et un songwriter pointilleux doublé d’une personnalité intransigeante. Car après des débuts comme chanteur dans un groupe de doo-wop, The Embers, ce Texan d’origine avait suffisamment roulé sa bosse, bifurquant même un moment par l’US Air Force, pour ne pas se laisser impressionner par les usages du musicbusiness. Il n’hésitera pas ainsi à rompre un contrat juteux avec le label RCA qui avait, selon lui, massacré avec des arrangements trop clinquants son premier album, Harlequin Melodies, en 1968.
La “trilogie” qu’il entame alors ressemble à une longue traversée solitaire. Il vit sur une péniche, s’inspire des paysages, capte le bruit des averses, parle au singulier de tourments pluriels avec un sens aiguisé de la mise en scène mélodramatique. Comme le grand David Ackles, comme le Sinatra meurtri de Watertown et dans la veine épique de Jimmy Webb, il écrit et arrange une pastorale américaine qui puise dans les racines les plus profondes de la country et épouse ses ramifications folk et pop les plus fécondes.
Ces trois albums résonnent ainsi comme les pendants américains de ceux que Nick Drake, dans les coursives du folk anglais, publia exactement à la même époque. On en ressort essorés de la même façon, bouleversés aux larmes, merveilleusement envahis également par la sensation que cette musique est la plus proche illustration de la beauté sur terre. Diagnostiqué bipolaire, Mickey Newbury a traîné jusqu’à sa mort une dépression carabinée dont il a préféré s’accommoder en “écrivant sa tristesse” plutôt que de céder à des tentations plus expéditives et romantiques. C’est sans doute l’une des (mauvaises) raisons pour lesquelles on le découvre si tardivement. Les songwriters maudits qui meurent dans leur lit, à 62 ans, on ne trouvera personne pour en faire des T-shirts.
Re: Pile Poil j'écoute ça
http://www.dragcity.com/system/tracks/downloads/4765/original/1-01_An_American_Trilogy.mp3 pour la chanson titre
peter pan- Messages : 2208
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Tokyo Hotel
Avec un son digne d'un officiel (voir mieux)
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Re: Pile Poil j'écoute ça
non, pas trouvé non plusShenandoah a écrit:
Olivier, est-il en écoute intégrale quelque part sur le web ?
sinon sur mamazone ou équivalent ou tout bon disquaire !
et franchement c'est un bon investissement
kidboss- Messages : 1324
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Re: Pile Poil j'écoute ça
kidboss a écrit:non, pas trouvé non plusShenandoah a écrit:
Olivier, est-il en écoute intégrale quelque part sur le web ?
sinon sur mamazone ou équivalent ou tout bon disquaire !
et franchement c'est un bon investissement
en rupture chez Gibert, bientôt de retour pour 30 € environ d'après le vendeur
60 dollars sur le situe de Newbury... http://www.mickeynewbury.com/nebucart/american_trilogy_boxset.htm
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