Springsteen et le rapport à la littérature
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Springsteen et le rapport à la littérature
Almanzo a dit :
En lisant sergers2000 dans le topic littérature qui évoque la sortie du dernier livre de Jim Harrison, je me suis demandé si certains ici, comme c'est le cas pour moi, entretiennent un rapport à la littérature américaine proche des raisons pour lesquelles ils apprécient l'oeuvre de Springsteen?
Je m'explique.
Vous sentez-vous proches ou tout simplement avez-vous envie de découvrir des écrivains qui formellement ou thématiquement peuvent être rangés aux côtés du travail de Springsteen ?
Moi oui.
Formellement par exemple, la concision et l'absence de jugement sur les personnages des meilleurs textes de Springsteen me renvoient à tout ce que j'aime dans l'écriture behavioriste des grands auteurs américains qui officient dans la tradition inaugurée par Dashiell Hammett et popularisée par Hemingway dans ses splendides nouvelles.
Thématiquement, la descrïption des marges, des laissés-pour-compte dans un mélange de flamboyance et de désespoir existentiel renvoie également au clair-obscur du roman noir et à ses perdants magnifiques cabossés par la vie.
Une écriture à hauteur d'homme, profondément ancrée dans une réalité qui nous est souvent largement étrangère mais tellement empreinte de "pâte humaine" qu'elle parvient à nous toucher au plus profond.
Quelques noms en vrac pour moi (outre ceux déjà cités) : Jim Harrison, James Crumley, Dennis Lehane, James Lee Burke, Jim Thompson, Raymond Carver, Richard Ford, Larry Brown, Russell Banks (je ne peux pas écouter "Galveston bay" sans penser à ma lecture de "Continents à la dérive" et vice-versa),...
Et vous?
Sergers 2000 a dit :
ce matin j'ecoute ces chroniques de la 10 ,route de migration du pacifique à l'atlantique mais aussi lieux de passage et noms
de villes qui me parlent comme pecos ou el paso et ça me raménent à la lecture de Dylan (peco blues) ou truman Capote
avec "de sang froid"
Tout ça a commencé avec les indiens et les cow boys devant ma TV
puis le decouverte de BEST et ROCKNFOLK en '76 et la lecture
des Garnier,Dordor,Chalumeau...et l'envie frenetique de decouvertes musicales comme le Hard rain de Dylan ,Black&blue des
Stones,et Darkness du boss
S'ensuit un cheminement de lectures qui m'amenent aujourd'hui
à aimer certains auteurs americains tels N Tosches,J Harrison et
H Selby jr...ces 3 là que je place tout en haut .
beau sujet charles ,j'y reviendrai .
Mathis a dit :
personnellement grand amateur de litterature américaine, je suis forcement touché par l'approche litteraire de certains textes de Springsteen.
J'ai decouvert Jim Thompson grâce à lui à travers linfluence de "The devil inside me" sur "My best was never good enough" (influence revendiquée par Springsteen lui-même).
Cela m'a ouvert la porte de cet univers sombre et a-psychologique.
De fait, je poursuis le chemin a travers les ramifications logiques : Lehane, Hammett, Himes, Toshes.
Sur le plan de la litterature plus "classique", j'avais dejà découvert Hemingway ou Fitzgerald avant Tom Joad (qui est pour moi l'entrée dans l'univers de Springsteen).
J'ai retrouvé chez John Fante (que j'adore) pas mal d'aspects des 1eres années Springsteeniennes (la 1ere decade : les 70s).
Chez Bukowski aussi on a un peu du lyrisme echevelé des années californiennes de Bruce (periode the E street shuffle)
Alors après bien sûr Raymond carver.
Mais on retrouve aussi cela dans un classique souvent cité par Bukowski (notamment dans "Women") :
Carson Mc Cullers "Le coeur est un chasseur solitaire".
Ce bouquin est selon moi très proche dans l'esprit de ce qu'on trouve chez Spriingsteen, et que tu évoques, Charles.
Bill Horton a dit :
Je me reconnais pas mal dans ce parcours...
De fil en aiguille, il m'a mené vers des auteurs que j'apprécie énormément mais sans établir pour autant un lien avec le travail de Springsteen (formellement ou thématiquement)
Ainsi John Fante, Bukowski, Rick Bass, Chris Offut, Cormac Mc Carthy, Chandler, Hammett, Thompson, James Crumley sont des auteurs américains qui comptent énormément pour moi...
Mais je ne me souviens pas d’avoir souvent pensé à Springsteen en les lisant.
Maintenant il est possible qu’il y ait toutefois un dénominateur commun au cœur de l'œuvre des uns comme de l'autre (le truc - éventuellement - qui fait que ces types m’aient tous durablement marqué justement) mais je n’ai pas fait le lien naturellement entre l’univers de ces écrivains et Bruce et, à vrai dire, je n'y ai jamais réfléchi plus que ça non plus...
Sans doute parce que, spontanément, chez Springsteen je sens toujours davantage la prépondérance de l'influence du cinéma.
Celle qu'il a pu recevoir: nombreux de ses titres de chansons reprennent des titres de films (Thunder Road...), quelques unes de ces chansons peuvent évoquer la trame d'un film (The Hitter sur D&D et Le Bagareur avec Charles Bronson) , son écriture même qu’on qualifie souvent de cinématographique etc...etc...
Celle qu'il exerce aussi: inutile de revenir sur « The Indian Runner » , le plus récent « La Vallée d'Elah » ou aujourd'hui « The Wrestler ».
Je m'éloigne mais c'était pour dire, qu’en gros, je ressens davantage la circulation se faire entre le cinéma et le travail de Springsteen plutôt qu’entre son œuvre et la littérature américaine.
Mais c'est sans doute beaucoup lié au fait que je suis davantage un cinéphile qu'un lecteur assidu...
Pour en revenir néanmoins au sujet de départ, lors de mes dernières emplettes, j’ai pris au rayon nouveauté poche, un premier roman de Liza Ward dont la particularité (certes anecdotique) est que les grands-parents ont fait partie des victimes de Charlie Starkweather et de sa petite amie, les auteurs du fait divers célèbre qui inspira Terrence Malick pour « Badlands » et Springsteen pour « Nebraska ».
Liza Ward, elle, en a tiré à un roman intitulé « Outside Valentine »
Je ne l’ai pas encore lu mais j’y reviendrai éventuellement, s’il y a un rapport (au-delà du fait divers) avec Springsteen.
Citation :
Hiver 1957-1958, au Nebraska. Caril Ann, une adolescente se laisse emporter par le tourbillon de violence où l’entraîne son petit ami, jusqu’à participer à l’une des plus célèbres tueries de l’histoire américaine. Il sera exécuté. Elle, emprisonnée. Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Cinq ans plus tard, on retrouve une autre jeune fille, Bouchon, qui guette avec passion son jeune voisin dont les parents ont été abattus lors du massacre. Trois décennies plus loin, c’est un antiquaire qui se réveille obsédé par le rêve d’une tache de sang qui s’élargit lentement sur son col de chemise. Trois histoires, trois époques. Un seul fil à nouer. Et la même question en boucle : à quoi tient une existence ?
Dernière édition par mathis le Jeu 7 Juil 2011 - 12:23, édité 1 fois
Re: Springsteen et le rapport à la littérature
Shenandoah a dit :
Je passais par hasard dans la rubrique et voilà un topic vraiment très intéressant !!! De la littérature américaine, je ne connais hélas que les magnifiques "anciens" que sont Hemingway, Fitzgerald, Steinbeck, Faulkner et Dos Passos. Je suis en train de découvrir Paul Auster.
Jusqu'à la sortie de Ghost Of Tom Joad, je ne cherchais pas vraiment de similitude entre les écrivains américains et l'écriture de Springsteen mais je visualisais plus le rapport entre les chefs d'oeuvres du cinéma américain et l'écriture cinématographique de Springsteen. J'en ai plusieurs fois parlé ici et comme vous j'ai baigné dans l'ambiance des westerns que la télé diffusait en grand nombre dans les années 70. Aussi des petits bijoux comme This hard land et Outlaw Pete sont pour moi précieux. Je me suis d'ailleurs posé la question sur ce dernier titre si Springsteen avait pensé à un western en particulier (outre bien évidemment la référence à l'harmonica renvoyant à Ennio Morricone)...
Pour revenir à l'évocation de la Grande Dépression, outre Steinbeck et la version fordienne, dernièrement je me suis passionnée sur la photographie américaine de cette période avec notamment les travaux de Lewis Hine (jetez un coup d'oeil au passge sur ses photos sur les enfants au travail), Dorothea Lange, Walker Evans, Rusell Lee, John Vachon et Ben Shahn. A cette époque (de 1935 à 1943), à la demande du président Franklin D. Roosvelt est créee la FSA, (Farm Security Administration) qui va missionner ces photographes pour parcourir les Etats-Unis et rendre compte de la détresse de la population rurale et des millions de déplacés à la recherche de l'Eldorado. La visée est double bien entendu car outre un formidable documentaire de plus de quatre millions d'images, c'est aussi le moyen pour Roosevelt de justifier ses mesures. Voici quelques clichés:
Pour revenir à la littérature, comme toi Charles j'apprécie la concision et l'absence de jugement sur les personnages dans les textes de Springsteen. Outre le livre de Russell Banks que tu évoques, peux-tu nous donner quelques titres concernat les autres auteurs que tu cites ?? Mathis, outre le Jim Thompson, des titres de John Fante et Bukowski concernant les périodes springsteeniennes que tu évoques ??
De même Little Disciple of Soul, pourrais-tu me conseiller quelques titres de Flannery O'Connor ? Et je découvrirai Walker Percy.
J'ai hâte de vous lire tous et de découvrir d'autres influences !!!
Re: Springsteen et le rapport à la littérature
Sergers 2000 a dit :
Ash a dit :
Almanzo a dit :
Mathis a dit :
Bandini a dit :
Mathis a dit :
Bill Horton a dit :
Shenandoah a dit :
j'ai besoin de vos conseils pour attaquer la lecture de Faulkner
et de Fitzgerald ...
par quels titres commencer?
Ash a dit :
Pour Faulkner je dirais "Tandis que j'agonise" et "Le bruit et la fureur".
Je sais pas si ce sont des livres d'attaque, ce sont juste ceux que je préfère...
Almanzo a dit :
De Faulkner, je recommenderais également "Le bruit et la fureur" mais ce n'est pas une lecture facile.
De toute façon, Faulkner, ce n'est pas facile...
Mais comme, si j'ai bien lu, tu aimes beaucoup Cormac McCarthy, ça devrait passer comme une lettre à la poste.
De Fitzgerald, on peut conseiller plein de choses mais moi ce qui me touche le plus chez lui, ce sont ses nouvelles.
Donc, je te conseillerais de lire un de ses recueils.
Par exemple "La fêlure" dont le texte éponyme est une des nouvelles les plus connues de l'auteur.
Nouvelle qui s'ouvre sur un paragraphe à tomber par terre :
"Toute vie est bien entendu un processus de démolition, mais les atteintes qui font le travail à coup d'éclat - les grandes poussées soudaines qui viennent ou semblent venir du dehors, celles dont on se souvient, auxquelles on attribue la responsabilité des choses, et dont on parle à ses amis aux instants de faiblesse, n'ont pas d'effet qui se voie tout de suite. Il existe des coups d'une autre espèce, qui viennent du dedans - qu'on ne sent que lorsqu'il est trop tard pour y faire quoi que ce soit, et qu'on s'aperçoit définitivement que dans une certaine mesure on ne sera plus jamais le même. La première espèce de rupture donne l'impression de se produire vite - l'autre se produit sans presque qu'on le sache, mais on en prend conscience vraiment d'un seul coup."
Il poursuit avec ça :
"Avant de commencer cette histoire, je voudrais faire une observation d'ordre général - la marque d'une intelligence de premier plan est qu'elle est capable de se fixer sur deux idées contradictoires sans pour autant perdre la possibilité de fonctionner. On devrait par exemple pouvoir comprendre que les choses sont sans espoir, et cependant être décidés à les changer."
Mathis a dit :
pour Faulkner, je passe.
Pour Fitzgerald, je suis d'accord avec Charles, les nouvelles.
Mais "Gatsby le magnifique" est formidable.
Au fait, qui connait le recueil "Histoires de Pat Hobby". Vachement bien.
Bandini a dit :
Chez Fante je conseille:
Demande à la poussière
Bandini
Mon chien Stupide
Vous passerez de très bons moments...
Mathis a dit :
Oh quel beau pseudo !
Puisqu'on en est à Fante, il faut bien sûr lire les trois que tu cites !
ce sont les trois meilleurs c'est sûr.
Sinon il y a aussi dans la saga "Bandini"
-l'orgie à classer chronologiquement avant bandini
-la route de los angeles à classer chronologiquement après Bandini
-rêves de bunker hill à classer chronologiquement après demande à la poussière
et on se retrouve avec une superbe saga thématique de 6 livres sur le même personnage !
Bill Horton a dit :
Demande à la poussière- Bandini- Mon chien stupide :
Incontournables, en effet
J'ai essayé de lire également la biographie de Stephen Cooper (Plein de Vie) mais sans jamais réussir à m'avancer beaucoup dans ce pavé...
Est-ce moi ou alors est-ce cette bio qui est un chouïa indigeste?
Faut dire que "Bandini", "La route de Los Angeles", "Demande à la Poussière", et "Rêves de Bunker Hill" sont largement autobiographiques déjà même si, évidemment, la comparaison s'arrête là.
A signaler aussi une belle réédition récente en 10/18 poche de "Mon Chien Stupide"
Shenandoah a dit :
Merci pour vos conseils de lecture Un petit tour chez mon libraire et je vais commencer par John Fante en suivant la chronologie.
Re: Springsteen et le rapport à la littérature
Mathis a dit :
pour répondre à Shenandoah :
on a parlé de Fante, juste une réference de Bukowski qui me fait un peu penser à Springsteen :
Souvenir d'un pas grand-chose, pour le rapport au parents. C'est l'autobio romancée de Bukowski (alias Chinaski ) et on retrouve un peu du dur quotidien familial, toutes proportions gardées.
et au fait : merci pour les superbes photos mises !
Shenandoah a dit :
Bon ça y est, je suis allée dévalisée mon libraire !!! Voilà de belles lectures qui vont m'accompagner une fois la trilogie new yorkaise de Paul Auster terminée. Merci pour tous vos conseils de lecture. Effectivement dur de trouver l'oeuvre complète de Flannery O'Connor traduite !! Je me débrouille un peu en anglais mais à part des articles, je ne me suis jamais plongée dans la lecture d'un roman en anglais, une fois lus ceux traduits ça sera peut être l'occasion !!
Pour conseiller Sergers2000, j'ai le souvenir d'autres titres de Faulkner peut-être plus secondaires dans son oeuvre mais qui m'avait bien plu: Sartoris et le Hameau qui est d'ailleurs une trilogie avec la ville et le domaine.
Une photo magnifique de Lewis Hine pour vous accompagner ce dimanche et pour faire concurrence aux biscotos de Bruce !!!
Mathis a dit :
Flannery O'Connor en français : c'est du quasi impossible !
..Moi qui ait passé quelques belles heures à courir après les derniers exemplaires 10/18 de fante, burroughs,hunter thompson avant que ceux ci ne soient plus réedités....
me revoilà au combat pour truster les librairies lyonnaises à la recherche d'un flannery O connor en VF....
J'aurai plus vite fait de me remettre à l'anglais !
On ne trouve que "A good man it's hard to find"
C'est dejà ça...
ça m'a toujours choqué cette disparition d'ecrivains.
Il existe des oeuvres entières editées puis epuisées, puis detruites par faute de lecteur sur lez moment.
VOus arrivez 20 ou 30 ans plus tard et vous voulez connaître telle ou telle oeuvre et bien c'est fini !
Enfin, courage, je pars a la chasse !
ps : Dom, Liza Ward ça se trouve encore ou pas ?
Shenandoah a dit :
Mathis, un bon site pour trouver des livres épuisés: http://www.abebooks.fr/
Almanzo a dit :
Tiens, ce matin dans le métro, je lisais une interview de Russell Banks tirée du denier numéro du Magazine littéraire et il y dit notamment ça :
"Jusqu'à un certain point, je suis un homme de gauche qui a grandi dans l'Amérique des années 60 et a beaucoup voyagé dans le prétendu tiers-monde. En outre, depuis l'adolescence, et même l'enfance, j'ai tendance à m'identifier aux individus marginaux, exploités ou exclus, et par conséquent à voir le monde à travers leurs yeux. Au tout début, il s'agissait d'une identification vaguement romantique et narcissique, qui a pris ensuite une forme plus rigoureuse, relevant de l'exigence éthique."
C'est marrant comme ce parcours peut me faire penser à celui qui a mené le Springsteen de "Born to run" à "The ghost of Tom Joad" par exemple...
Bill Horton a dit :
Outside Valentine de Liza Ward est une (quasi)nouveauté: la vo date de 2004, première traduction française 2005 et l'édition de poche chez 10/18 automne 2008 donc, théoriquement, dispo un peu partout.
Je suis d'ailleurs en train de lire ce livre qui m'a assez rapidement séduit (en même temps j'ai à peine dépassé la première centaine de pages pour l'instant...)
Sinon, et pour ce qui est de Flannery O'Connor, tu as l'ouvrage ci dessous, chez Gallimard, (une bonne vingtaine d'€uros) qui n'est pas loin d'être une intégrale, si je me souviens bien, en tout cas ce pavé rassemble "La Sagesse est dans le Sang", "Et ce sont les violents qui l'emportent" ainsi qu'une petite trentaine de nouvelles...
Almanzo a dit :
Le lien avec le cinéma est en effet plus direct et sans doute plus approprié mais ce que je tentais de mettre en avant dans ce topic n'est pas tellement un véritable lien entre l'oeuvre de Springsteen et celle d'écrivains américains.
C'était plutôt une tentative de montrer que chez moi la lecture de certains écrivains et l'écoute de Springsteen relève d'un même terreau fantasmatique et que c'est ce terreau fantasmatique commun qui me fait aimer aussi bien Springsteen que pas mal d'écrivains américains (mais pas tous : j'aime beaucoup des gens comme De Lillo par exemple et je ne les relie pas du tout à l'univers springsteenien).
Le bout d'interview de Russell Banks exprime assez bien cela, je trouve.
Et puis, vu que le sujet bouquins dans cette section du forum ne suscite visiblement guère d'intérêt, je me suis dit que celui-ci pourrait peut-être aider à dynamiser les discussions à propos de la littérature sur ce forum
Re: Springsteen et le rapport à la littérature
Mathis a dit :
Almanzo a dit :
Shenandoah a dit :
Mathis a dit :
Sergers 2000 a dit :
Angie Gennaro a dit :
je dévie un peu de la relation Springsteen-littérature US
pour parler d'un auteur que j'aime beaucoup :
Richard Brautigan.
Il y a un superbe petit bijou que l'ami Charles avec ses influences croisées USA- Japon (saupoudrées d'un peu de Dostoievski traduit par Marcowitz) ne pourra qu'aimer et que je vous encourage tous à lire,n si ce n'est dejà fait :
Almanzo a dit :
Ouais, je plussoie sur Brautigan.
Léger et poétique, particulièrement sur ses premiers livres comme "La pêche à la truite en Amérique" et "Sucre de pastèque".
Après, il y a des jouissifs exercices de style parodiques dans des genres extrêmement codés, comme "Un privé à Babylone" pour le polar ou le feu d'artifice de "Willard et ses trophées de bowling".
Enfin, dans ses derniers livres, on sent progressivement poindre la mélancolie et ils sont d'autant plus émouvants. Je pense ici aux splendides petites vignettes de "Tokyo - Montana express" ou aux "Mémoires sauvés du vent".
Shenandoah a dit :
Quelques impressions à la lecture du Cinéphile de Walker Percy:
Tout d'abord ce passage qui n'est pas sans me rappeler des passages de Thunder Road, de The River et de I'm Goin'down.
"On pourrait sans doute parler de liaisons amoureuses. C'est ainsi du moins qu'elles ont débuté: dans la joie et l'insouciance d'une passion qui me poussait à emmener Marcia ou Linda (mais pas encore Sharon) pour de folles randonnées sur la route qui longe la côte. Et pour de longues étreintes sur le sable d'une crique verte de Ship Island, tout abasourdis de notre bonne fortune, incapables de croire que tant de bonheur pût exister. Et pourtant dans le cas de Marcia ou celui de Linda, l'aventure a pris fin au moment même où je pensais que nous allions connaître nos plus beaux moments. Au bureau, l'air avait commencé à s'alourdir de reproches silencieux. Pas un regard, pas une parole qui ne soit chargée de mille sous-entendus".
La voiture, la MG, est un personnage à part entière dans le livre. C'est elle qui fait naître la passion ou le malaise.
Comme les personnages de Springsteen, Jack est en quête mais une quête difficile à cerner " La quête c'est ce que n'importe lequel d'entre nous entreprendrait s'il n'était pas absorbé par la quotidienneté de sa vie. Ainsi ce matin, j'ai eu l'impresion d'être quelqu'un qui se réveille sur une île inconnue...pour etre franc, c'est a crainte de révéler mon ignorance qui me retient d'indiquer l'objet de ma quête"
Le personnage de Kate et sa relation avec le anti-héros me fait penser à ceux de The Ties that bind.
On relève également l'importance de la recherche du père absent.
Je remets au passage l'interview de Springsteen réalisée par le neveu de walker Percy:
http://www.doubletakemagazine.org/mag/html/backissues/12/steen/index.html
http://www.doubletakemagazine.org/mag/html/backissues/12/steen/index2.html
ainsi que la lettre envoyée par Walker Percy:
http://www.utne.com/Spirituality/Unearthed-Walker-Percys-Fan-Letter-to-Bruce-Springsteen.aspx
Mathis a dit :
récemment, grâce à nos échanges, j'ai lu ça :
Je ne connaissais de Carson Mc Cullers que son chef d'oeuvre :
"Le coeur est un chasseur solitaire".
Et bien , je trouve que ce "Frankie Addams" est encore meilleur.
Plus concis, plus ramassé, plus précis sur la difficulté de passer à l'âge adolescent, la decouverte des vrais enjeux, tout ça sur fond de chaleur d'été et de sud appauvri et poussiéreux.
Un grand chef d'oeuvre d'une grande grande dame de la littérature américaine.
A lire.
Sergers 2000 a dit :
john Fante a 100 ans aujourd'hui (9-04-2009)
un article du Point.fr de Charlotte Pons:
[couleur=#000000]Bien sûr, ce n'est pas si évident. Bien sûr le manichéisme est facile. Mais les fans le savent : il y a bien deux États-Unis dans la littérature américaine ; ceux de Jay McInerney, Bret Easton Ellis & Co. et ceux de Jim Harrisson, Carver, Bukowski ou Fante. Question de génération, d'espace, de milieu. Question d'écriture.
Parmi les "monuments", John Fante donc. À l'honneur à l'occasion du centenaire de sa naissance le 8 avril 1909. Sûr qu'il aurait pensé "ça me fait une belle jambe" dirait-on pour rester dans le ton. L'auteur n'a jamais connu qu'une gloire posthume et son oeuvre a longtemps peiné à trouver un public outre-Atlantique. Accueil médiocre et critique acerbe, Fante opta dans les années 50 pour une carrière de scénariste à Hollywood. Et pour le golf. Et puis il y eut Bukowski. "Un jour, j'ai attrapé un livre, je l'ai ouvert et c'était ça... Je restai planté un moment en le lisant, comme un homme qui a trouvé de l'or à la décharge publique...[...] Enfin je découvris un homme qui n'avait pas peur de l'émotion. Le début de ce livre me fit l'effet d'un miracle énorme et violent. Le livre était Demande à la poussière et l'auteur John Fante. Toute ma vie son influence a illuminé mon travail... Oui, Fante a eu un énorme effet sur moi. [...] Fante était mon dieu", écrit ainsi Bukowski en préface de Demande à la poussière.
En France, le succès ne se dément pas depuis que l'éditeur Christian Bourgois a fait le pari de publier l'auteur, sur les conseils de son traducteur Philippe Garnier. Au total plus d'un million d'exemplaires de ses romans se sont vendus en édition de poche chez 10/18. "C'est vraiment un auteur culte qui passe toutes les générations. Un auteur qui continue de se vendre à ce rythme, c'est vraiment exceptionnel", déclare Emmanuelle Heurtebize, directrice éditoriale de 10/18, à l'Agence France Presse. À travers les aventures de son avatar littéraire, Arturo Bandini, Fante nous raconte son enfance de gamin des rues, obsédé par sa condition de fils d'immigrés italiens, les femmes et l'irrésistible envie d'écrire. À lire, vite
Angie Gennaro a dit :
Attention piège en vue: lorsque j'avais acheté les Oeuvres Complètes de Flannery O'Connor, je pensais picorer une nouvelle par-ci par-là et j'ai tout avalé d'une traite!!
Quelle merveille que cette comédie humaine cruelle au sein de la "Bible Belt". Flannery O' Connor a toujours revendiqué haut et fort son catholicisme et il est au centre de son oeuvre même si elle rejette une vision de "bons sentiments chrétiens". Ce n'est pas un monde charitable empli de compassion qu'elle dépeint mais des scènes rudes de la vie ordinaire du Sud. Elle interroge le Mal et pose la question de la rédemption et c'est sans doute ce qui a séduit Springsteen en dehors de la qualité littéraire de ses dialogues notamment. Finalement, on ne s'ennuie pas du tout dans l'espace géographique réduit qui sert de cadre à ses histoires (une petite ville de Géorgie je crois...). C'est presque un théâtre en représentation malgré la forme concise et efficace de la nouvelle. Cette dualité a dû intéresser Springsteen contraint ,lui, par le cadre du texte chanté.
Ce qui est aussi intéressant chez Flannery O'Connor c'est sa culture catholique (elle lisait Thomas d'Aquin et Theillard de Chardin). Peut-être que cette particularité qui la plaçait dans la minorité face au protestantisme dominant lui a permis d'adopter un point de vue plus analytique et détaché des conventions d'usage pour juger les moeurs de ses contemporains?
L'Amérique de la Bible est au centre de son oeuvre mais les prophètes ne sont peut-être pas ceux qu'on croit... (notion à compléter avec la lecture dans un autre genre d'"Elmer Gantry", formidable portrait d'un prêcheur escroc...). J'ai adoré l'humour qui emplit ces nouvelles et exclut tout jugement trop dogmatique: en bref, une oeuvre vive et intelligente à lire impérativement (et pas seulement parce que Springsteen a dit...)
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