Eleven o' clock hip-hop
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Eleven o' clock hip-hop
Charles Ingalls a écrit:
C'est certain, le hip-hop ici, ça devrait se passer en petit comité mais bon, anyway...
Des classiques, des moins classiques, du mainstream, de l'underground, côte est, côte ouest, Etats-Unis ou pas,... venez nous faire part de vos coups de coeur du moment ou de vos disques de chevêt incontournables.
Bon, j'ouvre le feu avec le groupe Company flow et son album Funcrusher plus sorti en 1997.
C'est non seulement un pur chef d'oeuvre mais aussi un album extrêmement important dans l'histoire du hip-hop indé de la fin des années 90.
Company flow est formé vers le milieu des années 90 et constitué de trois membres : El-P, Bigg Jus et Mr Len. Company flow signe en 96 sur le label Rawkus et sort dans la foulée en 97 l'album Funcrusher plus qui rassemble un bon nombre de leurs titres précédemment sortis de manière confidentielle en les agrémentant d'une poignée d'inédits.
L'album tranche très largement avec ce qui se fait à l'époque. La production est le plus souvent minimaliste et atmosphérique, les textes sont abrasifs et politiques, l'attitude est radicalement indépendante.
Funcrusher plus réussit parfaitement à la fois à revenir aux fondamentaux du hip-hop (largement oubliés à l'époque dans un déluge de lavasse commerciale) et à repousser les limites du genre en ouvrant la voie à un très vaste champ d'expérimentations.
L'album reçoit une immense considération dans le milieu hip-hop underground. Son influence sera considérable pour le développement du label Rawkus qui dans les années qui suivent servira de fer de lance à la crême de la production hip-hop indé.
Avant que les trublions des collectifs Anticon, Antipop consortium et d'autres ne reprennent à leur tour le flambeau de l'héritage de Funcrusher plus.
En 1999, Company flow revient et prend tout le monde par surprise en sortant un superbe album complètement instrumental, Little Johnny from the hospitul.
La suite, c'est la séparation à l'amiable, la déroute de Rawkus, les projets en solo, la création par El-P du label Definitive Jux... mais ceci est une autre histoire.
mathis a écrit:
très intéressant ça merci !
...je suis complètement inculte en Hip Hop, et effectivement, je m'ouvre tout doucement à cette musique depuis quelques mois, à travers quelques références transmises par diverses sources
tu parles de Hip Hop Underground.
est-il possible d'expliquer cela plus précisément ?
L'emergence du rap US , avec Cypress Hill, puis les prods de Dr Dré et l'emergence du rap mainstream Puff Daddy, 2Pac, snoop, etc, m'apparait encore comme quelque chose d'underground puisque je le vois (sûrement de manière caricaturale) comme une nouveauté radicale par rapport au courant culturel dominant de l'epoque, le rock ou la pop.
De fait, comment s'etablissent les différentes "strates" qui permettent de signifier pour l'auditeur lambda que je suis une différence de son ou d'intention entre le groupe que tu cites ou Eminem par exemple ?
question généralisante, qui peut être l'occasion pour les connaisseurs de me (nous) présenter leurs (p)références !
Charles Ingalls a écrit:
Citation :
mathis a dit :
tu parles de Hip Hop Underground.
est-il possible d'expliquer cela plus précisément ?
Ben, c'est pareil qu'ailleurs.
D'un côté des majors et de l'autre des labels indé.
Mais chez Company flow et les gens que j'évoque (Anticon, Antipop consortium, Definitive Jux), l'indépendance n'est pas juste une pose ou une nécessité économique, c'est un choix militant assumé.
Ceci dit, ces gens n'ont évidemment pas le monopole des productions de qualité, hein...
La réalité n'est pas suffisante, nous avons aussi besoin du non-sens.
Se perdre dans un monde empli de fantaisie n'est pas une fuite hors de la réalité, mais une éducation significative sur la nature humaine. Notre éducation se fait partout.
Tophenko a écrit:
Intéressant, ce topic.
Un peu d'originalité dans ce gentil ronron. images/icones/icon10.gif
Je ne suis pas un spécialiste mais je posterai à l'occasion quelques coups de coeurs, ou je parlerai d'albums qui m'ont marqué.
on commence par ça:
Un classique parmi les classiques.
Everlast a depuis fait une carrière solo mais il semble qu'un nouvel album soit sur le grill.
I wonder why we listen to poets when nobody gives a fuck
Charles Ingalls a écrit:
Deuxième édition de ce "eleven o' clock hip-hop" (avec plus d'1h30 d'avance, on n'arrête pas le progrès), consacrée aukourd'hui au producteur Dan the Automator.
En bref, dans le hip-hop, le terme de producteur ne recouvre pas vraiment sa signification dans le milieu du rock. En gros, le producteur hip-hop, c'est carrément celui qui crée les morceaux (samples, boucles rythmiques, univers sonore).
Dan the Automator s'est fait connaître en 1995 en produisant le projet "Dr Octagon", un des nombreux alias de Kool Keith.
Pour son premeir album après son départ des Ultramagnetic MC's, le fantasque Kool Keith imagine un album complètement barré dans lequel il joue le rôle d'un chirurgien fou de l'an 3000, ou d'une fausse gynécologue, c'est pas très clair selon les morceaux.
Quoi qu'il en soit, l'habillage musical très spacy de Dan the Automator nous ferait plutôt penser que la place de ce fameux Dr octagon se trouve dans un hôpital psychiatrique... mais du côté des patients.
C'est drôle, pas toujours très fin mais musicalement extrêmement redoutable.
L'album est tout d'abord sorti en 1995 sur un petit label californien, avant de sortir en Europe l'année suivante chez Mo'Wax, le label trendy d'électro chill out qui avait le vent en poupe à l'époque.
Quelques collaborations et albums plus tard, dont le superbe Handsome boy modeling school avec le légendaire producteur Prince Paul, Dan the Automator sort en 2000 ce qui reste aujourd'hui encore son meilleur disque, "Deltron 3030".
Avec le MC Del the funkee homosapien et le scratcheur virtuose Kid Koala, ils créent un concept album de science-fiction complètement fou, digne héritier des délires de Sun Ra et George Clinton, dans lequel des rappeurs intergalactiques se battent, entre autres, contre le fascisme corporate en balançant des virus hilarants.
C'est à la fois immensément drôle et bien vu dans la critique sociale et politique. Gentiment subversif et impertinent.
Au niveau sonore, c'est total space opera en technicolor. Le son est d'une richesse inouie, les morceaux sont gorgés de samples inattendus (l'épique morceau "3030" est construit sur un sample de l'Introit de William Sheller), les compos sont fabuleuses et le flow old-school bondissant de Del fait merveille.
Chef d'oeuvre absolu.
Qu'on se le dise.
Pour la petite histoire, parmi les invités, on trouve sur un morceau la participation d'un certain Damon Albarn.
On ne savait pas à l'époque que tout ce beau monde, Dan, Del, Kid Koala et Damon allaient se retrouver un an plus tard sur le premier album de Gorillaz....
"Upgrade your gray matter, cos' one day it may matter."
Charles Ingalls a écrit:
Eleven o'clock hip-hop, troisième clap. Right on time.
On est en 1988. Le hip-hop, mouvement né quelques années plus tôt va se voir chamboulé de fond en comble par la sortie de deux brûlots qui vont le transformer profondément (et aussi avoir un impact majeur sur la musique populaire de la fin du 20ème siècle).
A New-York, le militantisme hardcore, les rythmes concassés et l'ambiance de guerrilla urbaine du "It takes a nation of millions to hold us back" de Public enemy ravagent tout sur leur passage. Politique de la terre brûlée, victimes collatérales innombrables.
Parallèlement, sur la côte ouest, un gang de bad boys de la banlieue de LA sort le gangsta rap naissant de la confidentialité et lance avec "Straight outta Compton" un concentré de violence urbaine nihiliste.
N.W.A. (Niggaz wit attitudes), mené entre autres par Dr Dré et ice Cube, pratique également la politique de la terre brûlée. Victimes collatérales innombrables.
Dans cette ambiance résolument hardcore, certains choisissent pourtant d'explorer une troisième voie, beaucoup plus légère et positive. Rassemblés au sein du collectif Native tongues, les Jungle brothers, De la soul et les intouchables A tribe called quest sont les meilleurs représentants de cette démarche.
C'est sur les disques d'un groupe qui s'inscrit dans ce mouvement que je voudrais m'arrêter aujourd'hui. Un groupe que je continue toujours à apprécier particulièrement aujourd'hui même s'ils sont tombés dans un relatif oubli : Digable planets.
Les Digable planets n'ont rien inventé. Ils débarquent en 1993 en proposant un hip-hop teinté de jazz qui, même s'il n'explore pas de nouveaux territoires, marque les esprits par sa fraicheur immédiate et ses singles irrésistibles (Rebirth of slick et Where I'm from). On sort de leur premier album "Reachin' (a new refutation of time and space)" avec un sourire béat jusqu'au oreilles. Rarement hip-hop jazzy aura sonné avec autant de charme.
L'année suivante, Digable planets enfonce le clou avec un deuxième album, "Blowout comb", plus posé, plus mature. Leur musique perd quelque peu en fraicheur instantanée mais gagne très largement en finesse et en élégance. Pas de singles qui se détachent mais c'est en faveur d'un ensemble qui se présente de manière beaucoup plus homogène.
"Blowout comb" est un classique incontournable, essentiel à toute discothèque hip-hop qui se respecte, à ranger aux côtés de chefs d''oeuvre comme "Low end theory" de A tribe called quest.
mathis a écrit:
vraiment interessant ! merci CHarles pour ces reviews quotidiennes !
...je ne participe pas parce que je n'ai rien à dire sur ce style musical, mais je lis, je prends des références, et je commence à écouter !
Dom Icile
Charles Ingalls a écrit:
Retour à un son plus contemporain aujourd'hui avec les deux albums de Rob Sonic.
Rob Sonic s'est d'abord fait connaître au tournant des années 2000 au sein de Sonic Sum avant de rapidement voler de ses propres ailes.
En 2004, il sort sur le label Definitive Jux "Telicatessen", un très bon premier album sur lequel il assure toutes les fonctions, rappeur et producteur.
En gros, c'est de l'électro hip-hop sans fioritures, qui fleure bon les boucles de synthé 80's retravaillées. Très efficace. Perso, je suis assez client.
Rob Sonic revient en 2007 avec un deuxième album intitulé "Sabotage gigante".
La formule reste sensiblement la même mais, à coup de basses hyper-saturées, le son est considérablement plus dense et sonne beaucoup plus "rock".
L'album démarre à 100 à l'heure et, sans aucun coup de mou, ne relâche pas un seul instant son étreinte. Une vraie belle réussite.
A conseiller pour se donner une rapide idée, les morceaux "Brand new vandals" et "Smoke if you got'um".
Charles Ingalls a écrit:
Difficile de se frayer un chemin dans la nébuleuse tentaculaire du Wu-Tang, difficile de séparer le bon grain de l'ivraie que ce soit dans les productions du Clan au complet, de ses membres en solo ou de la cohorte de projets parallèles et d'artistes plus ou moins affiliés.
D'autant plus que la surproduction et de gros coups de mou ont parfois largement entamé la crédibilité de l'ensemble.
Quoi qu'il en soit, si l'on reste à l'essentiel (une brouette d'albums quand même, hein), l'importance du Wu-Tang reste quand même considérable dans le paysage hip-hop.
Un débroussaillage s'impose donc. J'y viendrai peut-être un jour.
En attendant, pour prouver que le Wu-Tang en a toujours dans le moteur, il suffira d'inspecter le capot des deux derniers albums en date estampillés Wu.
D'un côté, Raekwon confirme le très net regain de forme annoncé par la sortie en 2009 de son excellent "Only built for Cuban linx pt 2" avec un très inspiré "Shaolin vs Wu-Tang".
Raekwon ne sortira certes sans doute plus jamais un album de la trempe du premier volume d' "Only built for Cuban linx" en 1995 mais il démontre aisément, après près de 20 ans de carrière (des siècles en matière de hip-hop) qu'il faut toujours compter sur lui.
De l'autre, Ghostface Killah a sorti fin 2010 un album tout à fait recommendable, "Apollo Kids".
Plutôt dans une bonne moyenne en ce qui le concerne, lui, qui a sorti certains des meilleurs albums de membres du Wu en solo (dont un pur chef d'oeuvre en 2000 avec "Supreme clientele") mais aussi malheureusement des disques complètement dispensables.
En intitulant son album "Apollo kids", il se place clairement sous la tutelle de "Supreme clientele" (Apollo kids était le titre d'un morceau de Supreme clientele), tentant sans doute d'en retrouver la magie à coup de samples de soul 70's tels qu'il les affectionne.
Bon, on est certes pas dans les mêmes hauteurs stratosphériques au final, mais reste quand même un album que je prends beaucoup de plaisir à écouter et réécouter.
Du côté des masterpieces légendaires :
Charles Ingalls a écrit:
Vers la fin des années 90, le hip-hop, qui a toujours fonctionné grâce au pillage des musiques l'ayant précédé, se trouve confronté à la multiplication des revendications des ayant-droits pour toucher des royalties liés aux samples utilisés.
Certains acceptent de raquer, d'autres s'efforcent de rendre leurs samples de plus en plus difficiles à identifier et d'autres encore décident d'abandonner les samples et de s'engouffrer dans l'électro.
Parmi ces derniers, un groupe va clairement se distinguer : Antipop consortium.
Antipop consortium est constitué de trois MC's, Beans, High Priest et M. Sayyid et d'un producteur maboul Earl Blaize.
En 2000, ils débarquent avec l'album "Tragic epilogue" sur le label 75ark (le label de Dan the Automator) et prennent tout le monde par surprise. "Tragic epilogue" est un ovni total. Production électro décharnée, directement à l'os, flows non autorisés par la convention de Genève, aucun album de hip-hop n'a jamais sonné comme cela auparavant.
Ils enchaînent directement avec un superbe album qui sort en import uniquement sur un petit label japonais (même dans le plan de carrière, leur route est tordue) avant de signer, sans que l'on s'en étonne un instant, chez Warp, le label électro anglais qui accueille la crème de la crème de la production electronica (Aphex twin, Autechre, Plaid, Boards of Canada,...).
Complètement libre, Antipop consortium enfonce le clou avec "The ends agains the middle", un extraordinaire ep 7 titres où ils poussent encore plus loin leurs expérimentations.
En 2002, APC sort toujours sur Warp son quatrième grand disque, "Arrythmia".
On vient de vivre deux années fabuleuses.
Mais douche froide, le groupe se sépare et chacun décide de se consacrer à d'autres projets.
Et puis, frémissement en 2008, on apprend qu'Antipop enregistre un nouvel album.
Excitation, mais inmaquablement aussi, crainte que le nouveau ne soit pas à la hauteur du parcours jusque là impeccable du groupe.
2009. Sortie de "Fluorescent black".
Et claque, reclaque et rereclaque.
"Fluorescent black" est une tuerie.
Beaucoup plus accessible que les productions précédentes d'Antipop, mais complètement irrésisitible de la première à la dernière seconde.
Là où l'expérimentation se faisait auparavant ostentatoire, elle semble ici intériorisée, totalement intégrée dans le processus créatif. La maîtrise est totale.
Disque indispensable.
Groupe indispensable.
La réalité n'est pas suffisante, nous avons aussi besoin du non-sens.
Se perdre dans un monde empli de fantaisie n'est pas une fuite hors de la réalité, mais une éducation significative sur la nature humaine. Notre éducation se fait partout.
CC Rider a écrit:
J'écoute pile poil cet album
Le deuxième de De La Soul, trio originaire de NY qui en plein essor du rap, alors que ce mouvement devenait de plus en plus clanique et parfois violent, avait pris un joli contre pied "idéologique" et musical dans leur rapport aux codes de ce mouvement.
Plus "soft", moins "effrayant" dans les lyrics, et plein d'astuces dans leur choix de samples, ils ont imposé en un album un genre de rap cool urbain, intelligent et malin , très drôles dans les textes.
Après leur premier, De La Soul, qui avait rencontré un énorme succès avec cette image très peace & love et leur pochette si naïve, à la limite du dessin d'enfant, ce 2e album, mon préféré, avait ramené le groupe à affirmer son identité de jolie manière.
Musicalement ils ont ouvert la voix à pas mal de monde avec leur rap très riche à base de sample de jazz.
Ils ont raté un truc qui aurait pu pas mal les mettre en lumière par chez nous, en entamant un travail sonore pour un futur album de Serge Gainsbourg, ui ne verra jamais le jour car celui ci a dit "Bye bye" à tous le monde avant.
Tu m'as donné envie de ressortir mes albums des Digable Planets mr de la prairie. C'est cool
Charles Ingalls a écrit:
Bon, en attendant un éventuel nouvel album d'Antipop consortium, on peut toujours se rabattre sur le dernier album solo de Beans, un de ses MCs.
Très bon d'ailleurs, ce "End it all" sorti il y a seulement quelques semaines.
Avec des featurings très réussis. Notamment du chanteur de Tv on the radio sur le très catchy "Mellow you out" et la production du batteur d'Interpol sur le menaçant "Electric bitch".
Deux des meilleurs morceaux d'un album un peu inégal mais qui vaut néanmoins vraiment le détour.
La réalité n'est pas suffisante, nous avons aussi besoin du non-sens.
Se perdre dans un monde empli de fantaisie n'est pas une fuite hors de la réalité, mais une éducation significative sur la nature humaine. Notre éducation se fait partout.
mathis a écrit:
A l'occasion de discussions sur la musique africaine, un ami m'a parlé de Didier Awadi, et du groupe PBS : positive black soul, comme étant un pionnier du hip hop africain.
ça donne quoi ? vous connaissez ?
Dom Icile
CC Rider a écrit:
Ils sont "arrivé" dans le sillage d'un autre sénégalais, MC Solaar, et avait été signé chez Island.
Ils étaient très jeunes.
De vrai gamins archi frais et tout.
Du rap très cool à base de textes sur la réalité Africaine et de samples de musique locale.
C'était contemporain de Arrested Development et du film Malcolm X, redécouvertes des racines pour les afro Américains, à une époque ou l'explosion du rap avait poussé certains producteurs à chercher "ailleurs" que dans le hip hop basique, des formes d'expressions intéressantes.
Je ne connais que leur deux premiers albums, et le premier était pas mal du tout.
Sur scène j'avais bien aimé.
mathis a écrit:
intéressant !
je vais m'y mettre.
Tant qu'on y est,je continue la parenthèse : on a un topic parlant des musiques africaines dans "the stage" ?
parce qu'il y a des choses à dire, et à écouter !
Dom Icile
CC Rider a écrit:
Citation :
mathis a dit :
on a un topic parlant des musiques africaines dans "the stage" ?
parce qu'il y a des choses à dire, et à écouter !
alors on en fait un sur la musique américaine, un autre sur la musique anglaise, un sur la musique sud américaine, un sur l'asie (inclus l'océanie?) et un dernier sur la musique européenne, pour respecter les quotas.
Ca fera beaucoup moins de topic
Kora power
Charles Ingalls a écrit:
Citation :
CC Rider a dit :
alors on en fait un sur la musique américaine, un autre sur la musique anglaise, un sur la musique sud américaine, un sur l'asie (inclus l'océanie?) et un dernier sur la musique européenne, pour respecter les quotas.
Ca fera beaucoup moins de topic
Sur le moment, c'est vrai que c'est un peu dommage de compartimenter, mais un forum s'inscrit aussi sur le long terme et, dans ce cadre là, ces topics peuvent se révéler vraiment intéressants (surtout que la fonction "Recherche" n'est pas vraiment performante sur ce forum).
La réalité n'est pas suffisante, nous avons aussi besoin du non-sens.
Se perdre dans un monde empli de fantaisie n'est pas une fuite hors de la réalité, mais une éducation significative sur la nature humaine. Notre éducation se fait partout.
CC Rider a écrit:
[cit]Charles Ingalls a dit :
Sur le moment, c'est vrai que c'est un peu dommage de compartimenter, mais un forum s'inscrit aussi sur le long terme et, dans ce cadre là, ces topics peuvent se révéler vraiment intéressants (surtout que la fonction "Recherche" n'est pas vraiment performante sur ce forum). [/cit]
archi pas faux et très d'accord.
Mais j'ai toujours un peu de mal avec les cases et les genre à mettre dedans.
Depuis toujours.
Genre rock Belge, nouvelle vague Allemande, néo Velvet Alsacien ou rock révolutionnaire Espagnol.
D'autant plus que cela peut provoquer des cloisonnements pas bienvenue.
Par exemple...je travaillait avec une artiste Béninoise qui a obtenu une importante reconnaissance et donc un intérêt journalistique, entre autre aux USA.
Elle avait grandi en écoutant de la musique traditionnelle, de la soul et aussi énormément de rock genre AC DC, Led Zep ou les Stones.
La tête des journalistes lorsqu'elle disait ça, valait tous les discours sur l'ouverture d'esprit et les clichés qui vont avec.
Evidemment que l'imaginaire de ces médias n'allait pas au delà d'une chanteuse en pagne avec des tams tams.
CC Rider a écrit:
Un petit tour du côté de Jazzmatazz ce matin.
Le eleven and touenti ouane minutes hip hop...
Keith Elam, éminent membre du duo Gangstarr est allé plus loin que la simple fusion des genres hip hop & jazz basée sur des samples:il a organisé des sessions d'enregistrement où se retrouvaient des rappeurs et des Jazzmen.
Dans la foulée des 2 formidables premières compilations "Rebirth of Cool", Keith Elam réuni Courtney Pine, Donald Byrd, Lonnie Linton Smith ou Roy Ayers en compagnie de MC et autre voix superbes (Carleen Anderson ou DC Lee).
Il y a eu 3 albums plus un genre de truc inutile en 4e, et franchement les 3 derniers sont dispensables.
Mais le premier reste une sacrée réussite dans le genre.
Keith Elam est décédé l'an dernier.
Kora power
Charles Ingalls a écrit:Charles Ingalls
Le hip-hop et l'Angleterre, ça a longtemps été une histoire de rendez-vous ratés.
Trop souvent inféodés au hip-hop US dont il ne rendait qu'une pâle copie. Ou en panne de MCs convaincants, obligeant les sorciers de studio à investir des genres connexes (électro, trip-hop, abstract hip-hop,...).
Le tableau faisait peine à voir.
Deux évènements vont changer la donne.
Tout d'abord, la création par le label Ninja Tune de Big dada, un sous-label consacré spécifiquement aux productions hip-hop.
Et ensuite, l'émergence, sur Big Dada, de Roots Manuva qui va rapidement s'imposer comme le grand MC que la perfide Albion attendait sans plus vraiment y croire.
Après un excellent premier album, c'est avec son deuxième opus, "Run come save me" que Roots Manuva va mettre tout le monde d'accord.
Il est le premier à se dégager du trop-plein d'influence US et impose, grâce à ses origines anglo-jamaicaines, un style inspiré par les expérimentations électros anglaises et jamais très loin du toasting et des sound-system jamaicains.
Quelques mois plus tard, Roots Manuva sort "Dub come save me", un appendice à son précédent opus qui présente une poignée d'inédits en compagnie de versions dub de morceaux de "Run come save me", approfondissant par là le lien avec la musique jamaicaine.
Deux albums fondateurs et essentiels.
La réalité n'est pas suffisante, nous avons aussi besoin du non-sens.
Se perdre dans un monde empli de fantaisie n'est pas une fuite hors de la réalité, mais une éducation significative sur la nature humaine. Notre éducation se fait partout.
Elcan- Messages : 61
Date d'inscription : 14/06/2011
Age : 39
Localisation : Paris
Page 2
mathis a écrit:
Citation :
CC Rider a dit :
archi pas faux et très d'accord.
Mais j'ai toujours un peu de mal avec les cases et les genre à mettre dedans.
..oui c'est juste pour ça : avec les fonctions recherche du forum, j'ai cherché pendant 20mn et j'ai rien trouvé donc c'est dommage !
...je reformule ma question : de quels artistes jouant de la musique africaine ou dérivée à t-on parlé dans des topics dans the stage (et que vous pourriez me conseiller )
fin du off, je me mets un petit hip hop, tiens, allez, je commence par (léger) Digable Planets 'blowout combs".
Dom Icile
Charles Ingalls a écrit:
Le hip-hop a toujours été avide de fusions avec d'autres genres musicaux.
Parce que c'est fondamentalement inscrit dans sa nature de "voleur de sons" mais aussi pour d'autres raisons plus ou moins bonnes comme entre autres la quête de respectabilité (le projet Jazzmatazz de Guru par exemple).
Depuis le fameux et opportuniste "Walk this way" de Run DMC et Aerosmith, le hip-hop et le rock entretiennent une longue tradition de fricotages plus ou moins convaincants (souvent plutôt moins). Rarement cependant l'initiative de telles collaborations a trouvé son origine du côté rock.
C'est pourtant le cas des Black Keys qui ont invité un panel assez impressionnant de rappeurs pour lancer le projet Blakroc.
Aux côtés d'Auerbach et Carney, on retrouve notamment des pointures comme Mos Def, Rza, Raekwon, Pharoahe Monch ou Q-Tip qui ne sont pas venus juste pour faire de la figuration.
Et la sauce prend.
Très bien même.
Avec un naturel désarmant.
Sans que rien ne semble forcé.
Super chouette album.
Si je voulais polémiquer, je dirais que Blakroc est d'assez loin le meilleur album des Black Keys, mais vous me connaissez hein, vous savez que je n'aime pas les polémiques...
mathis a écrit:
ah ça je connais !
un ami m'a parlé de ce side project des Black Keys, et dans la foulée d'Attack & release (produit par Danger Mouse, que je connaissais un peu pour son album interdit mélangeant les Beatles et Jay-Z) je me suis laissé emporter et séduire par cet excellent disque en effet !!!
Charles, n'hésite pas, j'ai déjà entendu aussi que pour certains, Blakroc etait le top de ce qu'avaient produit les Black Keys
Dom Icile
Charles Ingalls a écrit:
Au tournant des années 2000, le phénomène Strokes déferle et les fans de rock saluent avec soulagement le retour en avant des guitares après quelques années de disette dues aux coups de boutoir de l'électro.
Ils ne savent malheureusement pas encore que le rock ne fera guère plus ensuite que se complaire dans une nostalgie passéiste assez peu enthousiasmante.
Quoiqu'il en soit, le tournant des années 2000, c'est aussi le moment où certains choisissent de tracer la route plutôt que de continuellement regarder dans le rétroviseur.
Dans les charts, c'est plutôt au rayon r n'b qu'il faudra aller les chercher.
Un parmi eux va particulièrement se distinguer : Timbaland.
Auteur d'un nombre incalculable de hit singles, c'est pourtant avec une poignée de formats longs réalisés avec son amie d'enfance Missy Elliott qu'il va poser sa marque indélébile sur l'époque.
Entre 1997 et 2002, sur un quatuor d'albums impeccables (Supa dupa fly, Da real world, Miss E... so addictive et Under construction), il va développer un style de production unique, audacieux et inventif et le mettre au service des solides compos de la missy.
A eux deux, ils célèbrent les noces du hip-hop et du r n'b, ils inventent la musique populaire du 21ème siècle.
A écouter en priorité : Miss E... so addictive, qui porte très bien son nom, emmené par ses deux singles monstrueux "One minute man" et "Get ur freak on".
mathis a écrit:
j'ai écouté Funcrusher Plus de Company Flow : Très bon, très "souple", atmosphérique disais tu dans le post que tu leur avais consacré.
Débit incisif et musique moite : intéressant mélange, parfait pour moi
Dom Icile
Charles Ingalls a écrit:
Citation :
mathis a dit :
j'ai écouté Funcrusher Plus de Company Flow : Très bon, très "souple", atmosphérique disais tu dans le post que tu leur avais consacré.
Débit incisif et musique moite : intéressant mélange, parfait pour moi
Cool, et il ne fait que se bonifier au fil des écoutes.
La réalité n'est pas suffisante, nous avons aussi besoin du non-sens.
Se perdre dans un monde empli de fantaisie n'est pas une fuite hors de la réalité, mais une éducation significative sur la nature humaine. Notre éducation se fait partout.
mathis a écrit:
à réecouter donc ! mais avec la liste que je me suis faite à partir de tes posts, j'ai du boulot
...je suis curieux d"écouter l'album instrumental de 1999 après celui-ci !
Dom Icile
Tophenko a écrit:
[cit]Charles Ingalls a dit : Au tournant des années 2000, le phénomène Strokes déferle et les fans de rock saluent avec soulagement le retour en avant des guitares après quelques années de disette dues aux coups de boutoir de l'électro.
Ils ne savent malheureusement pas encore que le rock ne fera guère plus ensuite que se complaire dans une nostalgie passéiste assez peu enthousiasmante[/cit]
Et en quoi les Strokes créent-ils quelque chose de futuriste (le contraire de passéiste)?
Aussi bons soient-ils, je ne vois pas...
Ecoute "American girl" de Tom Petty, déjà très fortement influençé par les Byrds...
le rock se mord continuellement la queue.
L'important, c'est qu'il reste du venin.
Bon, c'est hors sujet, mais si c'est le créateur du topic lui-même qui fait des diversions...
Et sinon, Timbaland a aussi produit Britney Spears...et aussi M Pokora.
Tophenko a écrit:
Plus haut dans le topic, il est question de fusion entre le hip hop et d'autres genres.
Cet album (Bo de judgement night, film par ailleurs assez dispensable si mes souvenirs sont bons) est une des plus grandes réussites du genre, même si, comme dans toute compil, il y a à prendre (beaucoup) et à jeter (pas grand chose).
difficilement trouvable de nos jours, cet objet:
Avec notamment ce duo De la soul / teenage Fanclub:
ou celui-là, plus musclé:
Ou encore ça:
I wonder why we listen to poets when nobody gives a fuck
Charles Ingalls a écrit:
[cit]Tophenko a dit :
Et en quoi les Strokes créent-ils quelque chose de futuriste (le contraire de passéiste)?
[/cit]
En rien.
J'ai du mal m'exprimer pour que tu puisses croire que c'est ce que je voulais dire.
A cette époque, je n'écoutais pas beaucoup de rock.
Il y avait tellement de choses plus excitantes ailleurs, particulièrement dans le domaine des musiques électroniques et dans le hip-hop (qui vivait une période de créativité vraiment exceptionnelle).
Quand le buzz autour des Strokes a débuté, ça m'a laissé complètement froid, je me suis juste dit que si on faisait un tel foin autour du soi-disant retour des guitartes en avant, c'était sans doute parce que le rock ne savait plus rien faire d'autre que du réchauffé.
Alors oui, le venin, ok.
Mais bon, y a un moment où ça ne suffit plus.
Charles Ingalls a écrit:
Après la séparation de Company flow, El-P vole de ses propres ailes et fonde le label Def Jux (plus tard rebaptisé Definitive Jux en raison d'une trop grand proximité avec Def Jam).
Le premier LP estampillé Def Jux sort courant 2001. Il est l'oeuvre d'un duo de MC's et de El-P lui-même qui met en sons l'ensemble de l'album.
Cet album, c'est "The cold vein" de Cannibal Ox et c'est pour moi carrément un des plus grands albums de l'histoire du hip-hop.
El-P pousse encore plus loin les expérimentations sonores qu'il avait mis en place avec Company Flow, encore plus moite, plus crade, plus tranchant, plus enchevêtré, plus décalé, plus atmosphérique.
Et plus froid aussi, plus pesant, plus plombé, plus oppressant.
Malheureusement, Cannibal Ox ne sortira pas d'autres albums.
Excepté un album reprenant les versions instrumentales des morceaux de "The cold vein" intitulé "El-P presents Cannibal Oxtrumentals". Album qui met en avant la science d' El-P, ses fabuleuses prouesses d'architecte sonore.
Charles Ingalls a écrit:
Deux classiques du hip-hop hardcore new-yorkais : "The infamous" (1995) et "Hell on earth" (1996) de Mobb Deep.
Instrumentation spartiate, à l'os, sons menaçants et glaçants, ambiances tournées vers une désespérance totale et une violence omniprésente.
Très influencé par les techniques de productions de RZA pour le Wu-tang mais ici on remplace le mysticismes kung-fu comic book par l'amertume et la rage de la rue.
Toujours très impressionnant aujourd'hui.
Le reste de la carrière de Mobb Deep présente nettement moins d'intérêt.
La réalité n'est pas suffisante, nous avons aussi besoin du non-sens.
Se perdre dans un monde empli de fantaisie n'est pas une fuite hors de la réalité, mais une éducation significative sur la nature humaine. Notre éducation se fait partout.
mathis a écrit:
Citation :
Charles Ingalls a dit :
écouté !
très "froid" en effet, au croisement de la musique éléctro non ?
j'accroche moins mais ça m'a semblé très créatif.
Mon pb, c'est que je manque de culture des classiques pour comprendre l"aspect novateur ou radical de ce genre de productions , dans la profondeur, même si je ressens bien certaines variations.
Je poursuis donc
Dom Icile
Charles Ingalls a écrit:Charles Ingalls
Citation :
mathis a dit :
Mon pb, c'est que je manque de culture des classiques pour comprendre l"aspect novateur ou radical de ce genre de productions , dans la profondeur, même si je ressens bien certaines variations.
Ouais, je comprends bien.
C'est pour cela que j'essaie de varier entre des trucs modernes plus "novateurs" et des trucs qui représentent aujourd'hui une veine old-school plus classique.
En gros, l'apport de Company flow et de ce qui a suivi, c'est de régénérer le rap depuis l'underground au moment où le rap "commercial" s'est perdu dans le bling-bling, le fric et la violence.
En schématisant, tu aurais :
* une période des pères fondateurs qui va de la fin des années 70 au milieu des années 80 (Afrika Bambaata, Grandmaster Flash,...)
* une période de sédimentation où le rap se fixe et se codifie en tant que genre : de 85 à 90 avec Run DMC, Public Enemy, Eric B. & Rakim, Boogie down productions,...
* puis de 90 à 95-97 c'est l'âge d'or où le rap conjugue réussite commerciale et artistique
* après 95-97, gros coup de mou artistique et renaissance via les marges
* 1997-2005 : suprématie totale d'un hip-hop underground follement inventif
* 2005- : ben euh, on gère les acquis en attendant un nouvel élan créatif qui tarde à arriver
--Message edité par charles ingalls le 2011-04-14 11:57:47--
La réalité n'est pas suffisante, nous avons aussi besoin du non-sens.
Se perdre dans un monde empli de fantaisie n'est pas une fuite hors de la réalité, mais une éducation significative sur la nature humaine. Notre éducation se fait partout.
Elcan- Messages : 61
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