La petite balle jaune

mathis a écrit:
http://lagazettedutennis.blogs.lequipe.fr/2015/02/17/jean-paul-loth-une-balle-dans-la-peau/

Deuxième plus jeune joueur classé à l'ATP, Duck-hee Lee est l'actuel numéro un mondial des moins de 17 ans (496e à 16 ans et 9 mois). Adoubé par Rafael Nadal, le Sud-Coréen a une particularité : il est sourd de naissance. Portrait en dix points.

IL EST SOURD DEPUIS SA NAISSANCE

Né le 29 mai 1998 à ., à 150km au sud-est de la capitale de la Corée du Sud, Séoul, Duck-hee Lee est très tôt diagnostiqué sourd au deuxième degré (sur une échelle de 0 à 4) : son monde à lui est silencieux. Sur un court, il n’entend pas les annonces de l’arbitre de chaise, ni celles des juges de ligne, et continue bien souvent de jouer lorsqu’une balle est faute de seulement quelques centimètres. Il ne perçoit également pas le bruit de celle-ci, dans sa raquette ou celle de son adversaire, une indication pourtant si précieuse pour l’anticipation et le timing. Il ne lui est pas possible d’hurler sa joie, de manifester sa colère, ni d’être transcendé par les applaudissements. Duck-hee Lee vit dans sa bulle. Sourd, mais pas muet : s’il ne maîtrise pas la langue des signes, il a appris avec son père à lire sur les lèvres et s’exprime, avec encore quelques hésitations, en coréen.

IL PENSAIT QUE LE TENNIS ÉTAIT TROP DUR POUR LUI
C’est en voyant Roger Federer à la télévision que le Sud-Coréen s’est intéressé au tennis. «Je pensais que ce serait trop difficile pour moi, confiait Duck-hee Lee en janvier. Je ne voulais même pas essayer.» Il faudra les encouragements répétés de son oncle pour que Duck-hee Lee empoigne par la main droite une raquette à l’âge de 7 ans et se découvre un talent pas ordinaire. «Aujourd’hui, je prends ma surdité comme un avantage : je peux mieux me concentrer que les autres joueurs.» Une précision : à la différence des déficients visuels, son handicap l’autorise à évoluer sur les circuits classiques.

SUR UN COURT, IL SE FIE À SON INSTINCT
«Il est né avec un instinct animal, affirmait il y a deux ans son agent. Parce qu’il n’entend pas, il est capable de reconnaître et d’analyser les réactions de ses adversaires mieux que personne.» Duck-hee Lee est le mieux placé pour évoquer ses sensations si singulières sur un terrain : «Je sens la réaction de l’adversaire, je sens lorsqu’il va frapper plus ou moins fort. Même si je ne l’entends pas, grâce à mes yeux et mon instinct, quelque part, j’ai le son de l’adversaire. À moi de développer cet instinct. » Dans les colonnes de L’Équipe, en juin 2013, le Sud-Coréen, alors éliminé au premier tour de Roland-Garros juniors, expliquait que son seul problème était lié à l’arbitrage : «Parfois, je sers alors que l’arbitre a dit : "Attendez" et que je n’ai pas vu son signe de main. C’est arrivé plusieurs fois à Melbourne (en janvier 2013, défaite contre le Chilien Garin au deuxième tour du tournoi juniors). En fait, souvent, j’aimerais bien que les arbitres me fassent de grands signes.»

POUR SES ADVERSAIRES, C'EST TROUBLANT
C’est de moins en moins vrai, à mesure que la notoriété de Duck-hee Lee grandit, mais nombreux sont les joueurs qui ne connaissent pas son handicap au moment de l’affronter. «J’ai compris qu’il y avait quelque chose qui n’allait pas lors du toss avec l’arbitre, racontait en juin 2013 le Français Alexandre Favrot (20 ans), dominé en deux sets par Lee en octobre 2012, au première tour d’un tournoi juniors à Osaka. Il était bizarre dans sa gestuelle et dans sa façon de me regarder. C’est troublant. Pour s’encourager, il sort un drôle de son qui est limite énervant. Ça doit faire bizarre d’être dans une bulle de silence. Mais, au moins, il y a certains bruits qui ne risquent pas de le gêner.»

LE DEUXIÈME PLUS JEUNE CLASSÉ DE L'HISTOIRE
Avec Hoon Park-Kyung, son coach jusqu’à mai dernier, Duck-hee Lee, droitier au coup droit puissant et au revers à deux mains, a rapidement obtenu des résultats probants. En décembre 2010, il gagne à Bradenton, en Floride, le prestigieux tournoi Eddie Herr International Junior Championships, un rendez-vous où ont brillé avant lui Marcelo Rios (1993), Guillermo Coria (1996), Andy Roddick (1999) ou Grigor Dimitrov (2005).
Juste avant d’être champion d’Asie juniors, à New Delhi en avril 2013, il dispute les qualifications d’un 10 000 dollars à Tsubuka, au Japon. Après trois victoires, il accède au grand tableau où il domine nettement Masatoshi Miyazaki (6-1, 6-3). À 14 ans et 10 mois, il devient le deuxième plus jeune joueur classé à l’ATP, derrière l’Américain Stefan Kozlov (14 ans et 6 mois en 2012). Un statut honorifique qui ne va pas passer complètement inaperçu…

NADAL LE SUIT DE PRÈS...
Le 5 avril 2013, Rafael Nadal partage un message à ses 4,5 millions d’abonnés sur Twitter : «L’histoire de #DuckHeeLee nous enseigne que nous devons nous battre. Le plus jeune joueur à l’#ATP (sic).»
«What’s the story ?», demandent en cœur ses fans, alors que l’histoire de Duck-hee Lee n’a pas encore dépassé les frontières de l’Asie. L’Espagnol se souvient-il alors qu’en novembre 2006, lors d’une exhibition à Séoul avec Roger Federer, le Sud-Coréen (8 ans) était là, devant lui, et avait même échangé quelques balles avec le Suisse ? De ce moment privilégié, il en garde précieusement une photo dans son téléphone portable.

... ET L'A INVITÉ À UN ENTRAÎNEMENT
Le 27 septembre 2013, le nonuple vainqueur de Roland-Garros croise une deuxième fois à Séoul Duck-hee Lee, lors d’une opération commerciale avant d’aller jouer à Shanghai. «Quand j’ai entendu parler d’un joueur sourd, je n’y ai pas cru, avoue Nadal. En tennis, la surdité est un handicap majeur. Son histoire peut être une source d’inspiration, pas seulement pour les enfants et les juniors, aussi pour nous, les pros. Je vais rester en contact avec lui, je suis prêt à lui partager mon expérience.»
Le Majorquin tient parole et partage un entraînement avec Lee huit mois plus tard, à Roland-Garros, dans son jardin. «Entendre le son de l’impact de la balle sur la raquette ou sur le sol est très important, lui peut s’en passer, c’est énorme», s’étonne à nouveau Nadal.

DEPUIS MAI, IL S'ENTRAÎNE À BARCELONE
Nadal n’est sans doute pas étranger à la venue, en mai dernier, de Duck-hee Lee à l’académie BTT, située à Barcelone et cofondée en 2004 par Francisco Roig. Le Sud-Coréen est encadré au quotidien par José Luis Lopez, qui détaillait en janvier pour la revue espagnole Elite Sport l’atypisme de cette collaboration : «C’est à moi de faire l’effort de le comprendre. Les méthodes de travail sont identiques que pour les autres joueurs, mais c’est vrai qu’avec lui, l’approche est différente. J’utilise beaucoup les statistiques et la vidéo, je lui montre ce qu’on doit travailler sur une tablette.»

Lopez soulignait également la maturité du jeune homme : «À 16 ans, il sait ce qu’il veut, c’est aussi quelqu’un de très drôle. Il fait très bien la différence, dans une saison, entre les périodes. Contrairement à d’autres jeunes qui sont obnubilés par les résultats.»

DÉJÀ TRÈS SOLLICITÉ À 16 ANS
Premier Sud-Coréen à figurer dans un documentaire sur Wimbledon, en août dernier sur la BBC, Duck-hee Lee a déjà acquis une solide notoriété (relativement à son âge) dans le microcosme de la balle jaune. «Il est très suivi en Corée du Sud, et c’est positif, relève José Luis Lopez. Il a forcément de la pression, mais il est assez entouré pour y faire face.»

En septembre dernier, Nike (qui l’habille et le chausse, Wilson étant sa marque de raquette) l’a associé à une campagne publicitaire en Corée du Sud, aux côtés de la légende nationale, le footballeur Ji-sung Park .
En janvier, c’est l’Australia and New Zealand Banking Group, un des sponsors de l’Open d’Australie, qui l’a sollicité pour tourner – comme Djokovic, Chang et une jeune joueuse de 8 ans –, un clip intimiste de deux minutes.

NUMÉRO UN MONDIAL DES MOINS DE 17 ANS
S’il doit encore améliorer son service, dixit son entraîneur, Duck-hee Lee affiche d’excellents temps de passage, à 16 ans et 9 mois : il est sixième mondial chez les -18 ans, et même numéro un chez les -17 ans, devant l’Allemand Daniel Altmaier (943e) et son compatriote Yunseong Chung (1001e).
Troisième mondial au classement juniors en mars 2014 et quart de finaliste de l’US Open juniors en septembre, le Sud-Coréen privilégie désormais les tournois Futures (troisième division). Après avoir gagné deux 10 000$ l’an dernier (à Hong Kong et au Cambodge), il a dominé le 279e mondial (Liang-Chi Huang) il y a deux semaines, en quarts de finale d’un Future (10 000$) au Sri Lanka. Lundi dernier, il a intégré pour la première fois le Top 500 (496e), un palier supplémentaire de franchi sur la longue route du Top 100 et de la première place mondiale, son objectif. Son rêve ? «Entendre les applaudissements. J’aimerais vraiment sentir l’enthousiasme des gens, entendre ce que crie la foule.»

Kyle William a écrit:et voilà du moins joli-joli… parce que soit c'est du très lourd, soit c'est de la calomnie, soit les deux…

http://www.sports.fr/tennis/wta/articles/marion-bartoli-des-suspicions-de-dopage-et-de-suspension-deguisee-1192566/

CC Rider a écrit:Et le jeux de mot pourri du jour (et de circonstance) pour Marco: Blatter battu

Bah non !!!